Ceci est une tribune de Mamadou Diallo s’interrogeant sur le tout militaire dans la lutte contre le terrorisme.
Cette tribune m’a été inspirée par une réflexion du porte-parole du Collectif syndical et d’organisations de la société civile à l’occasion de leur conférence de presse tenue à Ouagadougou le 24 octobre 2023 afin de réaffirmer le maintien de leur meeting du 31 octobre 2023. Elle indique en substance l’objectif de cette décision :
« Marquer une halte pour la commémoration de tels événements importants de l’histoire récente de notre pays est un devoir de mémoire (il s’agit de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, et de la résistance victorieuse contre le Coup d’Etat du Général Diendéré de septembre 2015- ajouté par moi). Il s’agit aussi de montrer tout le potentiel dont recèle notre peuple et qui peut et doit lui servir à faire face aux préoccupations essentielles qui se posent à lui aujourd’hui dont la grave crise sécuritaire actuelle (…). Elle a ainsi plongé le pays dans une crise humanitaire sans précédent. A ce jour, les attaques des groupes armés terroristes ont entrainé plus de 10 000 morts (FDS, VDP et civils), plus de deux millions de PDI, la fermeture de milliers d’écoles, de centaines de centres de santé, d’axes routiers conduisant au blocus de plusieurs villes et villages, ravitaillés difficilement par convois.
Cette situation a servi de prétexte pour le MPSR 2 … d’opérer un coup d’Etat en septembre 2022 et aux premières heures duquel il a annoncé être en mesure de juguler la crise en trois (3) mois. Mais force est de constater qu’une année après, la moisson en terme de résultats est bien loin du compte : le nombre de morts a explosé, des villages continuent de se vider, de nombreux axes routiers restent impraticables, etc. Et, ……, le Président de la Transition lui-même révélait, une deuxième fois, au cours d’une interview avec la presse nationale le 29 septembre dernier, que l’on est toujours à l’introduction dans la guerre. A tout citoyen de bonne foi d’en tirer les conséquences !
Il convient de savoir s’inspirer de l’expérience de ces tournants historiques que sont l’insurrection populaire et la résistance victorieuse au putsch afin de réaliser une large unité populaire en vue de mieux faire face à la guerre et à ses conséquences notamment humanitaires ».
A l’évidence, il s’agit d’un questionnement plus que pertinent – pour ne pas dire plus –du « Tout Militaire » ; bien plus encore, il s’agit in fine, de la recherche d’une stratégie politique crédible de sortie de la crise sécuritaire et de construction d’une paix durable dans notre pays.
A l’évidence aussi, à en juger par les différentes réactions y compris celles des partisans du MPSR II, il s’agit d’un tournant politique important dont il convient de souhaiter des suites constructives loin de toute fuite en avant fascisante, populiste et démagogique, de tout putschisme, de tout électoralisme et de tout autre aventure politique. Bref, il faut souhaiter la construction pacifique d’une stratégie politique crédible de sortie de la guerre, de Refondation du vivre-ensemble et de l’Etat au Burkina sous peine de lendemains amers comme notre histoire le montre.
Il faut ainsi espérer que dans cette recherche, la voie d’une mobilisation populaire pacifique afin d’imposer un Cessez-Le-Feu et l’ouverture d’un dialogue communautaire dans nos différents terroirs villageois avec les combattants djihadistes affiliés au JNIM (GISM) soit portée par une grande majorité de burkinabè.
En effet, les burkinabè ne doivent pas sous-estimer la dynamique engagée de l’érection d’un ‘‘Djihadistan’’ au Sahel. Que peut-on raisonnablement penser de l’évolution de la situation au Mali, où la junte est face à 3 groupes armés qui le combattent au Nord et au Centre alors qu’à l’arrière à Bamako, le climat politique n’est plus serein ? que penser de la situation de la junte au Niger au bord de l’asphyxie et qui compte sur la junte du Burkina pour desserrer les sanctions de le CEDEAO et le blocus de ses frontières sud-Ouest par le JNIM et l’Etat Islamique au Sahel qui mettent à mal notre stratégie militaire et la cohésion de notre armée ? Sans nul doute le Sahel Central est entré dans une phase de déliquescence avancée de ses Etats où bientôt, de vastes pans de territoires et des dizaines de millions de personnes seront en déshérence, livrés à la violence et à une gouvernance multipolaire et multimodale, salafistes et mafieuses. La sidération, la résignation, le fatalisme malheureusement ne nous tireront pas d’affaire !
Il nous faut alors par notre mobilisation populaire et pacifique, obtenir le Cessez-Le-Feu, la conduite effective du dialogue communautaire, la mise en œuvre efficace de ses résultats ; tels seront pour ma part, les jalons déterminants de notre mouvement collectif vers la Refondation à travers le processus de façonnage en commun d’un imaginaire alternatif à l’Etat-Nation post-colonial.
Alors que faire ?
Prendre connaissance de l’appel à la mobilisation populaire pacifique pour gagner la Paix et engager la Refondation : https://www.wakatsera.com/burkina-pour-la-fin-de-la-guerre-et-le-retour-a-une-paix-durable/
Signer la Pétition deux millions de signature en faveur du dialogue : https://chng.it/DT5FBv9y6t
Bon courage à nous !
DIALLO Mamadou.
74 50 18 59.