Accueil Communiqué de presse Burkina: acharnement contre la presse et des journalistes?

Burkina: acharnement contre la presse et des journalistes?

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Des journalistes mobilisés pour la couverture du défilé du 11-Décembre à Manga (Ph. Daouda ZONGO)

Ceci est un communiqué de l’Union de la presse indépendante du Burkina Faso (UNPIF). Dans ce document, cette union s’exprime sur les faits marquant dans le monde de la presse burkinabè en ce début d’année 2018

L’Union de la presse indépendante voudrait s’exprimer sur les faits marquant dans le monde de la presse burkinabè en ce début d’année 2018. Avant toute chose, l’organisation s’incline respectueusement devant la mémoire du confrère Bama Jacques précédemment directeur de publication de l’Express du Faso décédé le mercredi 10 janvier 2018 à Bobo –Dioulasso. C’est le lieu de lui rendre un grand hommage pour son combat au service du droit à l’information des citoyens et de promotion de la démocratie au Burkina Faso à travers le journal qu’il animait avec courage et conviction. Nous exprimons à sa famille et à l’ensemble de l’équipe de l’Express du Faso notre compassion ainsi que notre solidarité.

Dans le même registre de la solidarité, l’UNPIF voudrait marquer son soutien à notre confrère Lookmann Sawadogo, appelé à comparaitre en appel par les six 6 hauts magistrats membres de la défunte Commission d’enquêtes du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Après le verdict du 10 août 2017 qui a vu la relaxe de notre confrère au profit du doute des poursuites de diffamation élevées contre lui, le collectif des six magistrats, ont interjeté appel le 24 août 2017. Une première audience a été programmée pour le 24 novembre 2017 mais n’a pu se tenir parce que l’accusé n’a pas reçu de convocation. Renvoyée au 5 janvier, ce sera le même scénario car jusqu’ ce jour, le journaliste n’avait pas encore reçu de convocation. Une autre audience est reprogrammée pour le 2 février prochain avec en prime une demande des requérants de la délocalisation du procès au niveau d’une autre juridiction qui sera soit la Cour d’appel de Bobo Dioulasso soit celle de Fada N’gourma. La raison de cette gymnastique juridique tient au fait que le procureur général, premier président de la Cour d’appel de Ouagadougou et deux autres des plaignants sont membres de la Cour d’appel de Ouagadougou qui devait connaître des faits.  Ils fondent leur demande de délocalisation du procès sur le motif de la suspicion légitime du fait de ces présences comme si cela suffisait à la lever. Cette manière de vouloir botter en touche ce doute légitime  de partialité nous amène à faire observer que quel que soit le tribunal où se tiendra ce procès en appel il sera frappé de cette légitime inquiétude  car les six hauts magistrats sont tous membres du CSM lequel on le sait gère la carrière de tous les magistrats. Le problème n’est donc pas un simple changement de juridiction mais de l’acharnement dont notre confrère est victime alors même qu’en premier ressort le verdict est apparu comme permettant aux plaignants de rétablir leur « honneur » si tant est-il que le procès visait cet seul objectif.

A tout le moins l’UNPIF est en droit de se demander s’il ne s’agit pas ni plus ni moins que d’un détournement de la justice pour attenter à la liberté d’un confrère devenu une référence en matière de liberté d’opinion et de parole.

L’UNPIF s’indigne donc avec force devant les procédés utilisés et appelle la justice de notre pays à refuser d’être utilisé comme un instrument de règlement de comptes.

Dans un second temps, l’UNPIF tient à évoquer le dossier Nathalie Somé, l’ex- présidente du CSC incarcérée depuis le 6 septembre 2017 à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour des faits présumés de malversations financières. En tant que consœur, l’union ne saurait rester indifférente à sa situation et aux conditions de sa détention. Nous nous offusquons qu’à ce jour, après plus de quatre mois de détention préventive, l’instruction du dossier n’avance pour ainsi dire pratiquement pas. En outre, l’union s’inquiète de l’état de santé précaire de Nathalie Somé et du refus de lui accorder une liberté provisoire pour une prise en charge plus adéquate de sa situation sanitaire. Cette attitude viole les conventions et textes internationaux concernant les conditions humanitaires des détenus et leur droit à des soins de santé auxquelles le Burkina Faso a librement souscrit et qu’il est tenu de respecter en tant que pays qui se veut protecteur des droits de l’Homme.

L’UNPIF invite les autorités burkinabè et la justice en particulier à se pencher urgemment sur le cas Nathalie Somé en lui donnant la liberté d’aller se soigner afin de pouvoir répondre, au moment opportun, aux accusations portées contre elle. En tout état de cause, notre union s’étonne qu’une personnalité de son rang, pour laquelle les garanties de représentation ne manquent pas, demeure incarcérée préventivement tout ce temps malgré sa maladie.

Ouagadougou le 25 janvier 2018

Pour le bureau provisoire

André Eugène ILBOUDO