La commémoration annuelle de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo au Burkina a débutée, ce vendredi 6 décembre 2024, à Ouagadougou, par une conférence de presse. Cela fait 26 ans qu’il a été tué avec trois de ses compagnons. Selon l’un des avocats de la famille Zongo, Me Prosper Farama, ce sont «26 longues années» sans «vérité et justice» sur son dossier.
«Le 13 décembre 2024, soit une semaine jour pour jour, cela fera 26 longues années que Norbert Zongo et ses trois compagnons ont été assassinés sur la route de Sapouy. Incontestablement, la date fatidique du 13 décembre 1998 et la mobilisation nationale qui s’en est suivie ont fait naitre une véritable crise révolutionnaire qui secoue notre pays jusqu’à ce jour», a affirmé Chrysogone Zougmoré, président du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP), par ailleurs, président du Mouvement burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP).
C’est ainsi qu’a introduit, ce vendredi 6 décembre 2024, à Ouagadougou, la conférence de presse de lancement des activités annuelles commémorant la tuerie du journaliste d’investigation et de ses trois compagnons d’infortune.
Ce rendez-vous a d’ailleurs eu lieu dans la salle Henry Sebgo, nom de plume du défunt Norbert Zongo et située dans l’enceinte du centre de presse qui lui est aussi dédié.
«Il faut rappeler (à titre pédagogique pour tout le monde) que l’Affaire (Zongo), aujourd’hui, est au niveau d’un juge d’instruction. (…) La dernière étape, en effet, connue de tous, je pense, était la question sur l’extradition de François Compaoré qui a été demandée, obtenue (puis ensuite) annulée par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH)», a fait savoir Me Farama.
Pour cet avocat, «l’idéal serait que M. François Compaoré (principal suspect) puisse comparaître pour ce jugement parce que, ce qui est recherché essentiellement, c’est la vérité et la justice dans cette affaire. Ce n’est pas de la vengeance». Mais, «à l’impossible nul n’est tenu. Même pas la justice. Elle ne peut pas être tenue de ce qu’elle ne peut pas faire», a poursuivi le spécialiste du droit.
«Si François Compaoré ne peut pas être extradé, il nous faut à un moment donné prendre la responsabilité de juger cette affaire. Ça se fait. Ça peut se faire. La loi le prévoit. (…) On peut juger par contumace, donc par défaut, la personne n’étant pas présent», a plaidé l’avocat des parties civiles sur le dossier Norbert Zongo.
Toujours selon l’avocat, cette possibilité revient «de plein droit au juge d’instruction». «C’est lui qui devrait pouvoir, aujourd’hui, dire à l’opinion burkinabè et peut-être internationale où on en est et pourquoi on peut le juger ou on ne peut pas le juger», a souligné l’avocat.
En tout cas, «l’histoire politique récente de notre pays enseigne en effet, que l’utilisation abusive de la force comme moyen de gestion et de conservation du pouvoir d’Etat marquent négativement les consciences et conduit généralement à des lendemains de malheurs et de regret», a averti, dans sa déclaration luminaire, le président du Collectif des Organisations démocratiques de Masse et de partis politiques, (CODMPP), Chrysogone Zougmoré.
Mais, en attendant qu’un possible procès puisse se tenir un jour sur une affaire qui dure maintenant plus d’un quart de siècle, rendez-vous a été donné, le vendredi 13 décembre prochain, sur les tombes du journaliste d’investigation et de ses compagnons pour des recueillements. Il y aura, comme à chaque année, un dépôt de gerbes de fleurs et de conférences publiques à la Bourse de Travail de Ouagadougou.
Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)