Ceci est une tribune d’un consortium d’associations relative à la solidarité nationale pour la refondation du Burkina Faso.
Considérant l’engagement solennel du Chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim TRAORE, à vouloir refonder toutes les bases de l’Etat-Nation à travers ses nombreuses sorties ;
Considérant la situation nationale qui inspire des craintes légitimes quant à l’effondrement de l’Etat rendues possible face à l’incapacité des burkinabè d’avoir une contre-réaction unitaire face à la menace terroriste ;
Face à ce climat de désunion progressive au sein des différentes couches de la société, nous avons à tirer la sonnette d’alarme pour essayer de rappeler la possibilité de permettre le sauvetage de l’idée de Nation dans notre cher pays.
De même qu’en national nous devons travailler aux retrouvailles entre les compatriotes qui peuvent aider à la délivrance du pays, de la même façon dans la sous-région, la région, le continent et en-dehors de l’Afrique nous devons tendre la main à tous ceux qui peuvent nous tirer de ce sale bourbier. Cette dynamique semble être en cours au vu des récentes orientations du gouvernement du Burkina Faso au niveau du déploiement d’une nouvelle stratégie diplomatique.
L’essentiel étant la survie de la nation, nous devons donc considérer que du conseil de l’entente (doyenne des organisations de solidarité) aux Nations Unies en passant par la CEDEAO et l’UA, la solidarité doit trouver un moyen de s’exprimer en notre faveur. Elle peut évidemment venir aussi d’autres organisations ou d’Etats.
Le prétexte sécuritaire a servi de justification des réformes au sein du MPSR depuis le 30 septembre 2022 car, disait-on, il se dispersait en politicailleries et ne pouvait sérieusement se consacrer à l’essentiel : La sécurité et la reconquête du territoire national.
Qu’en est-il aujourd’hui de l’appel logique à la solidarité pour régler la question sécuritaire et sauver le Burkina Faso ?
Nul besoin de s’étendre sur la question pour attester que beaucoup reste à faire sur ce pan du redressement du MPSR.
SITUATION SÉCURITAIRE
Dans un contexte où le pays est amputé à plus de 50 % de son territoire et que les violences ont fait graduellement, depuis sept ans, des milliers de morts – civils et militaires – sans oublier les quelques deux millions de déplacés selon certaines ONG ; d’après l’UNICEF, le Burkina Faso connaît l’une des crises de déplacement forcé à la croissance la plus rapide au monde.
4 258 écoles étaient fermées ou à l’arrêt fin septembre 2022.
Selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 4,9 millions de personnes ont été confrontées à l’insécurité alimentaire et environ 180 000 enfants souffraient de malnutrition chronique.
D’après Afrobaromètre et l’Institut Général Thiemoko Marc Garango pour la Gouvernance et la démocratie, 74% désapprouvent la gestion de la crise sécuritaire actuelle.
Même si ici et là il y’a des faits d’armes à souligner, des entrées en lice d’avions d’hélicoptères et de drones, des ravitaillements de villes assiégées il faut croire que l’on pourrait, à travers une unité d’action réunissant plus les forces nationales, avoir plus de résultats probants. Nous encourageons toujours le gouvernement à aller de l’avant et à penser à une possibilité d’élargir les perspectives d’action.
La brève suivante de Flash Burkina qui révélera une situation intéressante :
« Le général de brigade Barthélémy Simporé, ancien ministre de la défense, déplore la «faiblesse de l’anticipation stratégique» des acteurs sécuritaires:
« Je ne dis pas absence, je dis faiblesse, parce qu’il y avait quand même de l’anticipation mais elle n’était pas suffisante »…
Nous sommes encore dans l’attente du véritable coup de gong pour le déclenchement de la guerre. Pour le moment les opérations qui se mènent, ne s’apparentent qu’à des mises en jambes en somme.
Il faut tout de même encore signaler que si l’on ne peut pas nier des préparatifs et des actions comme (découpage du territoire en zones militaires, recrutement de VDP, achat d’armes et autres matériels militaires…), il manque les armes disons morales, politiques et diplomatiques ».
SITUATION ÉCONOMIQUE
Au plan économique c’est l’appel d’air pour la banqueroute. Le président du Faso évoquait lui-même une économie peu reluisante.
Les dernières estimations officielles montrent que l’activité économique a connu une baisse de sa croissance. 2,7% en 2022 contre 6,9% en 2021.
Pour 2022, l’inflation a été de 14,6% contre 3,9% en 2021.
L’encours de la dette publique en 2022 estimé à 7 095,6 milliards F CFA contre 5 998,3 milliards F CFA en 2021.
Les multinationales installées au Burkina ont transféré en 2022 plus de 1,58 milliards FCFA vers les paradis fiscaux.
La Côte d’Ivoire reçoit un peu plus de migrants burkinabé ces temps-ci et parmi eux des opérateurs économiques qui y transfèrent leurs avoirs.
Pas étonnant avec l’insécurité qui dérègle tout et encore plus grandement l’économie. Si le véritable pilier de celle-ci est l’agriculture, pas étonnant que ces bouleversements avec tous les déplacés chassés de leurs champs, les bêtes pillées, massacrées, les greniers incendiés, les champs et chemins villageois parsemés de mines anti personnelles.
Vaincre dans les conditions actuelles l’insécurité paraît périlleux mais plus inquiétant, on pourrait penser que le calendrier de la transition devrait être rallongé.
SITUATION POLITIQUE
L’engagement politique, qui est tout à fait normal au sommet de l’Etat, semble aujourd’hui plus en vogue et fait penser à une certaine frange de la société que le retour à la démocratie devra être envoyé aux oubliettes pour toujours dans ce pays de différences.
Beaucoup d’acteurs de la vie civile, politique, économique ont eu à faire, dans ces temps, beaucoup d’observations sur la transition qui ont fait couler beaucoup d’encres et de salives ce qui semble mettre à mal l’idée de consolidation de l’unité d’action autour des actions de la transition. Il y’a donc lieu de trouver la meilleure formule pour arriver aux retrouvailles nationales qui sont indispensables pour le vivre-ensemble dans le respect des différences.
Il faut souligner sur la lancée que les structures organisées, les leaders des sociétés politiques, civiles et des faîtières coutumières, traditionnelles et religieuses ne semblent pas jusqu’à présent en position pour faire barrage à la situation sécuritaire délétère par une mobilisation collective.
Reconnaissons aussi que même sous la révolution la peur n’avait pas autant gagné en prégnance suite aux positions prises par certains leaders à qui on oppose des faits de violences morales pouvant conduire à celles physiques.
Sinon de tout temps, c’est généralement au sein d’ensemble d’organisations du même type que face à des menaces collectives et globales, émergent des forces de rappel à l’ordre face aux désastres en action.
Faut-il encore croire mordicus en des assurances portées par un système révolutionnaire dans notre contexte africain ? Plusieurs de ces systèmes semblent avoir montré leurs failles quant aux résultats escomptés. En en veut pour preuve le cas dans certains pays africains et de la sous-région.
La méthode Coué semble être celle qui est diffusée dans certains esprits et tend à rester une forme d’illusion satisfaisante par rapport aux résultats concrets attendus sur le terrain. Continuer dans cette dynamique, c’est surfer sur l’essentiel.
Cette dynamique a semblé attiré l’attention de certains acteurs sociaux et politiques, toute tendances confondues, à se ranger dans une sorte d’ébullition unitaire sans pareille. Le présage de l’union sacrée sort ainsi petit à petit de l’utopie.
Si pendant longtemps la classe politique a mal rempli ses devoirs au point d’augmenter la crise de confiance en la démocratie représentative et de se mettre à dos l’opinion nationale, les autres formes de gestion de la société n’ont pas pu aussi convaincre de leur plus grande aptitude à une gouvernance responsable, durable et protectrice des libertés publiques et démocratiques. Il faut donc trouver une meilleure formule basée sur le consensus pour ouvrir une nouvelle voie avec moins de failles.
Le monde change imposant des ajustements, des innovations adaptatives dans sa gestion et les idées devraient aller dans le sens plus républicain dans l’orientation des choses étatiques. L’histoire présente des cas où après des visées révolutionnaires, le temps fait redresser les choses dans le sens de la promotion des libertés individuelles et démocratiques.
Nous essayons donc de faire comprendre aux uns et aux autres que pour une meilleure conduite de la transition, nous ne devons pas oublier ces fondamentaux de la fin de 2022.
POUR LE BON SUIVI DE LA CHARTE DE TRANSITION
I-Non empiètement ni débordement des limites matérielles et temporelles de la transition.
Les domaines qui ont été assignés à la transition doivent être respectés. La politique ne saurait comme par enchantement trop envahir ces domaines au point de devenir une dérive invasive.
Ensuite le temps de la transition qui a même été déclaré trop long doit être respecté.
II-Évaluation et respect des termes du protocole d’accord en 7 points ayant sous l’égide de la faîtière des organisations coutumières, traditionnelles et religieuses facilité la démission du président Damiba. Par le respect de la parole d’un chef d’Etat mais aussi de la salutaire intermédiation de la faîtière, ce protocole salué en national comme en international devrait être protégé et appliqué.
III- Aller vers une transition plus civilo-militaire avec une plus grande responsabilisation des militaires sur le champ des stratégies militaires.
Le gouvernement formé par le président pourrait être aussi composé de civils.
INTERPELLATION FINALE
Pour toutes ces raisons nous en appelons :
Au peuple pour un regard intéressant sur rapport au respect des termes de la charte de la transition comme du protocole Damiba/Traoré;
Aux structures politiques, sociales, coutumières, traditionnelles et religieuses organisées et aux leaders de la vie politique et civile, aux intellectuels pour un sursaut au bénéfice de la défense de la nation;
A la communauté internationale pour une stricte observation de ses devoirs, découlant des instruments internationaux incorporés par notre droit national.
Nous sommes de ceux qui sans cesse ont attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale sur l’urgence d’un sursaut collectif pour empêcher la marche à pas forcés du pays vers son délitement.
Le présent appel fait suite à d’autres, du même genre, qui insistent de plus en plus courageusement sur le sursaut national.
C’est vrai que nous devrons donner plus d’écho à notre appel et à ceux du même genre venant de sources diverses, mais face à une agression qui a des relents internationaux, la riposte doit aussi être de même nature.
C’est pour cela qu’après le cercle national, nous en appelons prioritairement et fraternellement à l’obligation de solidarité de nos voisins immédiats et de tout le continent africain.
Nous relevons ensuite qu’un État de la communauté internationale est en passe d’être rayé de la carte, par la forme la plus barbare de l’insécurité transnationale et l’organisation des Nations Unies reste, contrairement à ses textes fondateurs, impavide.
Il ne faudrait pas que ceux qui soutiennent comparativement à l’Ukraine notamment, que les africains n’ont pas la même valeur humaine devant les instances dirigeantes du monde, aient ici finalement raison.
Pour le Consortium d’associations signataires
* Vision Montrelle Solidarité
Aimé Macaire OUEDRAOGO (Président)
* Mouvement des Patriotes pour la Cohésion Nationale (MPCN)
Christophe OUEDRAOGO (Président)
*Mouvement Citoyen de la Diaspora Burkinabè
Cédric OUEDRAOGO (Président)