«A quoi servent les jours de deuil national, les déclarations de condamnation avec la dernière énergie…si visiblement, on ne maîtrise plus rien dans cette situation?» C’est une réaction d’internaute, qui résume le mieux, le choc et les interrogations des Burkinabè, suite à la double horreur vécue par les villageois de Solhan, sur lesquels, en moins de 24 heures, s’est abattue, à deux reprises, la foudre meurtrière des fameux hommes armés non identifiés (HANI). Seront-ils identifiés un jour, ces assassins, ne serait que pour leur fait payer cette ignominie avec laquelle ils traient la vie humaine qui n’a plus aucune valeur pour eux? Pourtant, c’est au vu et au su, pour ne pas dire au nez et à la barbe de tous que ces individus sans foi ni loi, sèment la mort et le chaos à tout vent.
A Solhan, ce 4 et le lendemain 5, où ils sont revenus sur les lieux du crime, ils ont frappé, incendié, volé, pillé, et tué plus de 140 habitants, dont l’âge varie entre 8 mois et 45 ans. Comme pour priver le village de ses bras valides et protecteurs, mais surtout empêcher tout jeune qui le voudrait encore, de se faire enrôler comme Volontaire pour la défense de la patrie (VDP), ces supplétifs civils des Forces de défense et de sécurité, que les HANI ont en horreur. Et comme les FDS en ont payé, en grand nombre, de leurs vies à l’époque, les VDP sont devenus des cibles à abattre sans aucune forme de procès, et depuis leur installation en janvier 2020, pas moins de 200 d’entre eux, ont été tués par leurs farouches adversaires.
Pourquoi? Une question à laquelle répondre n’a plus aucun sens, car, les actions qui sont devenues, malheureusement les plus urgentes pour nous, sonnant comme un aveu d’impuissance, sont enterrer nos morts, émettre des condamnations qui glissent comme de l’eau sur le dos d’un canard et accomplir 24, 48 ou 72 heures de deuil. Et last but not the least, geindre et vouer aux gémonies les forces françaises. Non, il est temps de mettre fin aux jérémiades! Il urge plutôt de rendre nos vaillantes Forces de défense et de sécurité plus opérationnelles en les dotant de ce qui est fait de mieux en matière de logistique et les rassurer, advienne que pourra, que leurs arrières seront sauvegardés, notamment leurs familles, femmes et enfants, pourront vivre, et non survivre parce que manquant de tout. Il urge de rendre davantage performants, le service de renseignement, pour avoir toujours une longueur d’avance sur les terroristes qui, en réalité, sèment le chaos pour protéger les routes de leurs trafics de toutes sortes. Car le combat n’est nullement religieux.
Il urge d’éviter que les jeunes continuent de se faire recruter par ces HANI qui leur font miroiter ce qu’ils n’ont pu avoir de l’Etat burkinabè, qui comme ailleurs sur le continent, excelle dans le développement exclusif. Le développement inclusif, savamment dosé avec la réplique militaire, semble, du reste, être la véritable réponse à ces attaques qui sont davantage l’œuvre de bandits, que de guerriers de la religion. Il urge aussi, pour le Burkina, de prendre en main, la sécurité et la défense du territoire, domaines éminemment souverains tout en bénéficiant, seulement en appoint, de l’appui des forces partenaires, à qui l’Etat ne saurait donner l’exclusivité de la protection du pays.
Il urge également, d’aller vite, voire très vite, à la réconciliation nationale et donc à la reconquête de la cohésion sociale perdue. Il urge enfin que chaque Burkinabè soit un soldat dans cette guerre asymétrique que nous imposent les forces du mal, qui profitent de la complicité active ou passive de certains pour semer mort et désolation, avec une facilité déconcertante.
Solhan, l’horreur! Solhan le martyre!
Par Wakat Séra