Au Burkina, il y a au moins 983 cas de crimes économiques qui ont été recensés par des structures étatiques et non-étatiques dont le recouvrement pourrait générer plus de 582 milliards F CFA. Selon le premier responsable du REN-LAC, le Dr Claude Wetta, qui s’exprimait à l’occasion d’une conférence de presse de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), cela est peut-être 1/10 des montants qu’on peut obtenir et qu’avec ça on pouvait résoudre la question de la hausse du prix du carburant intervenue le 8 novembre dernier.
« Il y a énormément de crimes économiques » au Burkina, a confié le Dr Claude Wetta du REN-LAC pour qui « sur la base de ces crimes on pouvait obtenir des ressources » importantes qui pouvaient éviter au peuple burkinabè la hausse du prix du carburant.
A la suite de l’augmentation du prix du pétrole, des populations qui étaient contre cette mesure prise par le gouvernement qui avançait comme raison l’effort de guerre et des dettes (240 milliards F CFA) de l’Etat vis-vis de la Société nationale burkinabè d’hydrocarbure (SONABHY), sont descendus dans les rues, le 29 novembre 2018, à l’appel de la CCVC, pour exprimer leur mécontentement.
Selon Grégoire Traoré du syndicat des impôts, les arguments avancés par le gouvernement ne tiennent pas. En ce qui concerne les dettes avancées par le gouvernement, M. Traoré a affirmé qu’au cours de la négociation à la suite de la manifestation du 29 novembre 2018, les autorités n’ont pas pu dire d’où vient cette dette et pourquoi elle n’a pas été payée. « Quand on regarde l’état financier de la SONABHY, par exemple en 2016, cette société n’a rien facturé comme subvention à l’Etat car le prix du baril était bas. C’est en 2017, comme ça a commencé à augmenter, que la SONABHY a facturé une subvention et cela tourne autour de 50 milliards F CFA. A peine 50 milliards en 2017, comment se fait-il qu’en 2018, on soit pratiquement à plus de 200 milliards ? Pour (cela) ne tient pas », a-t-il réagi.
La plateforme revendicative des manifestants du 29 novembre 2018, était constituée de sept points : le retour aux prix des hydrocarbures d’avant la décision du gouvernement ; la relecture de la structure des prix des hydrocarbures, conformément aux conclusions de l’atelier du comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures ; l’audit indépendant de la SONABHY et de la SONABEL ; l’identification et saisie des biens et fonds détournés par les dignitaires du régime de Blaise Compaoré et prise sans délais de mesures nécessaires, en vue de recouvrer l’ensemble des fonds dissimulés à l’intérieur et/ou à l’extérieur du territoire national ; le recouvrement effectif et exhaustif des créances de l’Etat, dues par tout dignitaire et opérateurs économiques, l’audit du secteur minier et relecture, au bénéfice de la nation, des conventions passées avec les sociétés d’exploitation minières et l’arrêts des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales.
A la suite des négociations avec le gouvernement qui ont porté sur la plate-forme revendicative, la délégation de la CCVC est sortie « insatisfaite », selon son premier responsable Chrysogone Zougmoré. « Notre insatisfaction est d’autant plus grande que le gouvernement a une fois de plus été à court d’arguments convaincants pour justifier (la hausse du prix du carburant) », a indiqué M. Zougmoré.
Pour les conférenciers, les mesures prises par le gouvernement, notamment l’augmentation du coût du carburant et l’institution de taxes et impôts, ne sont en réalité « que des injonctions des instructions de Breton Woods (Banque mondiale, FMI) et visent « à pressurer les populations pour honorer le service de la dette, une dette constituée pour l’essentiel de prêts, dont on ne ressent nullement les retombées de l’utilisation sur le développement » du Burkina.
Face à cette situation, la CCVC appelle ses militants de demeurer en état de veille et à se mobiliser pour « dire non à cette hausse de prix des hydrocarbures, exiger le retour aux prix des hydrocarbures d’avant la décision gouvernementale d’augmentation, se battre résolument et de manière organisée, afin d’améliorer les conditions de vie ».
Par Daouda ZONGO