«Exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées de citoyens, pillages organisés sont des atteintes graves aux droits de l’Homme dans le cadre de la lutte contre l’insécurité», selon cette déclaration du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), parvenue à la rédaction de Wakat Séra.
Le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) informe l’opinion publique nationale et internationale qu’il est régulièrement saisi ces derniers temps pour plusieurs cas de violations flagrantes de droits humains, d’exécutions extrajudiciaires, d’enlèvements et de disparitions forcées, d’expropriation de biens de citoyens qui impliquent d’une part des terroristes, mais aussi d’autre part, des civils armés considérés comme des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP).
L’avènement au pouvoir du MPSR II, a suscité un bel espoir chez bon nombre de citoyens qui voyaient enfin un nouvel élan patriotique dans la lutte contre l’insécurité au Burkina Faso. Le discours prononcé par le chef de l’Etat indiquait déjà cette nécessité de pouvoir réorienter toute la structure sociale du pays vers un seul objectif, celui de la reconquête du territoire national.
La reconquête du territoire national suppose le retour effectif de l’administration et des populations déplacées dans leurs localités. Elle connait ainsi ces derniers jours, un début de réalisation à Solenzo dans la province des Banwa, région de la Boucle du Mouhoun. Cette victoire d’étape symbolique est à saluer et surtout à mettre à l’actif des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) qui ont su mener avec professionnalisme cette opération de libération des populations qui étaient longtemps prises en otage.
Cependant, force est de constater qu’en dépit des efforts de nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS), la situation sécuritaire au Burkina Faso reste toujours difficile sur une bonne partie du territoire national. Les attaques terroristes continuent toujours d’endeuiller les populations civiles dans les régions avec pour conséquence des déplacements de populations. La récente attaque terroriste du 25 décembre 2022 sur l’axe Fada N’Gourma-Kantchari, dans la région de l’Est, pour ne citer que cela, a fait au moins dix (10) victimes civiles.
Il convient de relever qu’à ces attaques criminelles terroristes, vient s’ajouter un autre type de terrorisme qui se développe dans les régions et gagne progressivement du terrain. Il s’agit des civils armés se revendiquant être des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) qui s’en donnent librement à des pillages organisés et à des exactions ciblées sur des populations civiles sur un fond de délit de faciès et de stigmatisation: c’est le cas survenu le 30 décembre 2022 dans la commune urbaine de Nouna, chef-lieu de la province de la Kossi.
En effet, suite à une attaque terroriste qu’aurait subie le Quartier Général (QG) des dozos VDP de Nouna dans la nuit du 29 au 30 décembre 2022, des dozos armées identifiées par les victimes comme étant des VDP ont conduit en guise de représailles, des actions meurtrières dans les secteurs N°4 et N°6 de la commune de Nouna qui sont des quartiers majoritairement habités par la communauté peule. Ils ont essentiellement ciblé les personnes ressources ou influentes et les bras valides de la communauté faisant de nombreuses pertes en vie humaine. A cette heure; le bilan s’élève à 21 personnes tuées y compris des enfants, mais il ne cesse de s’alourdir au fur et à mesure des informations qui nous arrivent du terrain. Les même dozos VDP seraient revenu dans la nuit, pillé les maisons et emporté des animaux.
Cette malheureuse situation mérite une attention particulière de la part des nouvelles autorités au risque de retomber dans les mêmes erreurs commises par les pouvoirs précédents. Les groupes armés terroristes surfent sur ces types de dérives au sein des populations pour pouvoir assurer leur recrutement.
Le mode opératoire nous rappelle le cas typique de Yirgou il y’a de cela quatre (04) ans. Cette pratique est devenue courante depuis un certain temps et sous un silence complice des autorités locales. De plus en plus, des cas d’exécutions extrajudiciaires sur un fond de délit de faciès et de stigmatisation, de pillages sont signalés par les populations dans certaines régions. Nous pouvons citer les cas suivants:
- Le 22 décembre 2022 à Marmisga dans la commune de Gourcy, région du Nord, des VDP ont enlevé et exécuté des hommes du village et le chef coutumier de la communauté peule qui est un vieux de plus de 70 ans. Tard dans la nuit, ces VDP sont revenus piller les biens des populations en emportant les animaux et tout objet de valeur;
- Dans la nuit du 18 décembre 2022, des supposés VDP ont enlevé et exécuté un père de famille et son fils (étudiant) au secteur N°1 de la commune de Kongoussi, région du Centre-Nord;
- Le 15 décembre 2022, des personnes identifiées comme étant des Dozos ont enlevé et tué cinq (05) personnes de la commune de Loropéni, région du Sud-Ouest. Toujours dans la même région, le 20 décembre le chef de la communauté et les membres de sa famille ont eu la vie sauve grâce à l’intervention efficace des éléments de la police de Loropéni;
- Dans la commune de Dédougou, plus précisément à Douroula région de la Boucle de Mouhoun, une personne identifiée comme VDP du nom de Bako Issa de Douroula a élu domicile à Massala et s’adonne régulièrement à des actes de terreur dans les villages de Massala, Soukuy, Bana, Kirikongo.
Dans le cadre des actions en cours contre l’insécurité, il faudra impérativement rectifier le tir pour plus d’efficacité. Cette nouvelle approche commande dans sa mise en œuvre, une définition discernée de la méthode de lutte dans le strict respect des droits humains. Pour ce faire, un meilleur encadrement et une surveillance permanente des actions des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) sur le terrain s’imposent à tous les niveaux.
Par ce présent communiqué, le CISC condamne avec la dernière énergie toutes les attaques lâches et barbares des groupes armés terroristes qui ne cherchent qu’à semer les graines de la division au sein de nos communautés. Il prend aussi à témoin l’opinion nationale et internationale sur ces cas graves de violations des droits humains et interpelle les autorités sur leurs responsabilités qui les obligent à:
- Prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la protection des personnes qui jouissent du droit au principe de la présomption d’innocence;
- Proscrire toute sorte de dérive des VDP dans le cadre de la lutte contre le terrorisme;
- S’inscrire dans une démarche de renforcement permanente de la cohésion sociale.
Pour le Bureau Exécutif National
Dr Daouda DIALLO
Lauréat du Prix Martin Ennals (Prix Nobel droits humains)
Chevalier de l’Ordre de l’Etalon