Le secrétaire général de la Confédération général du travail du Burkina (CGT-B), Bassolma Bazié, par ailleurs porte-parole d’une coalition de cinquante syndicats en lutte contre la baisse du prix du pouvoir d’achat, a qualifié le mardi 17 novembre 2020 à Ouagadougou, face à la presse, de « mesurette », la dernière diminution que le gouvernement a opéré sur les prix du carburant, notamment, de 10 francs sur le litre du super 91, fortement consommé au Faso.
A l’issue de la rencontre de la Coalition syndicale ayant regroupé plusieurs dizaines de délégués venus de toutes les régions du pays, toute la journée du mardi à Ouagadougou, le mouvement syndical qui a indiqué dans les conclusions de ses travaux que les préoccupations du peuple sont « ignorées » par les 13 candidats en lice pour la course à Kosyam, a donné son avis sur la mesure gouvernementale, sur le prix du carburant, qui entre en vigueur demain jeudi 19 novembre 2020.
« Il ne faudrait pas qu’on se laisse dévoyer de notre lutte par des mesurettes. Je répète et je pèse bien mes mots, par des mesurettes. Nous avons bien dit que les préoccupations nodales qui engagent le peuple burkinabè sur la base desquelles nous appelons à l’unité, doivent aller au-delà de cela », a déclaré Bassolma Bazié qui pense que l’exécutif doit plutôt travailler à bannir « la mauvaise gouvernance, (promouvoir) la bonne gestion des mines, (résoudre) la question foncière, protéger les libertés individuelles et collectives, relire les lois rétrogrades que (le syndicat) exige » car ce sont ces points qui constituent ses préoccupations essentielles.
Le mouvement syndical a aussi fait remarquer aux travailleurs que « quelles que soient les mesures enchanteuses qu’un gouvernement viendrait à prendre, pour donner l’impression, dès le lendemain, il peut les récupérer ». « Donc nous sommes assez lucides et nous ne nous laissons pas embarquer par des mesures d’émotions », a poursuivi M. Bazié qui est affectueusement appelé « général » par ses admirateurs.
« Nous avons clairement dit qu’il faut faire attention. Dès lors que nous ne prenons pas des décisions sur la base de l’émotion mais sur la base, non seulement, de l’histoire et de la maturité, un gouvernement qui est soucieux des préoccupations et de la misère que traversent les populations avec des tas de morts, des tas de déplacés internes qui n’arrivent pas à se procurer un plat, si on était autant soucieux on ne devait pas danser avec des billets de banques qu’on dilapide », a dénoncé le « général » Bassolma Bazié, faisant allusion aux comportements de certains militants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti au pouvoir) qui lors d’un meeting à Kaya (ville accueillant plusieurs milliers de déplacés internes), juste 48 heures après la tuerie des 14 militaires, ont exulté avec faste au moment des prestations musicales, déversant parfois des billets de banque sur leurs stars.
Si le pouvoir MPP « était aussi soucieux, au lendemain de l’enterrement de nos 14 fils vaillants tombés sous les balles des terroristes, ce n’était pas des moments de lancer des phases de danses sur des podiums » même si on est en période de campagne, a ajouté le SG de la CGT-B pour renforcer son point de vue.
Par Bernard BOUGOUM