L’éditorialiste Josué Bonkoungou dans cette tribune revient sur le blocage de la voie ferrée au Burkina qui empêche le train de circuler.
Les travailleurs du chemin de fer sont inquiets et exaspérés par la situation du prévaut au sein de leur milieu professionnel. En effet, depuis la nuit du mardi 21 novembre 2023, des individus s’autoproclamant responsables ou membres d’associations de commerçants des gares ferroviaires ont érigé des barricades sur la voie ferrée, notamment au centre-ville de Ouagadougou, empêchant ainsi les trains (voyageurs comme marchandises, ainsi que les engins de maintenance) de circuler. Du coup, l’activité ferroviaire est à l’arrêt sur une bonne partie du réseau.
Selon des données statistiques que nous avons pu consulter, SITARAIL emploie 1 500 travailleurs (dont près de la moitié sont des Burkinabè) et sous-traite avec plus de 200 entreprises prestataires qui génèrent plus de 3 000 emplois indirects.
Cette perturbation de l’activité inquiète donc ces milliers de travailleurs du chemin de fer qui voient leurs emplois menacés si le blocage perdure.
« Nous gardons toujours les douloureux souvenirs des chômages techniques lors des arrêts d’activité de 2002 et de 2010, dont certains passifs d’ailleurs restent toujours en quête de solutions, donc nous ne sommes pas prêts à revivre cela du fait d’une poignée d’individus véreux et manipulés », s’est souvenu un cheminot (la cinquantaine révolue) très remonté.
« Nous sommes également des citoyens engagés et nous faisons preuve de patriotisme, car à mes yeux, le patriotisme commence par le travail bien accompli et la discipline. Nous incarnons ces valeurs transmises par nos aînés, car bon nombre d’entre nous ne regardent pas l’heure une fois au travail pour contribuer à l’essor de notre chère patrie. Nous lançons par la présente un avertissement : si la situation de blocage des trains de marchandises perdure, une pénurie ou inflation de produits alimentaires, pharmaceutiques et d’hydrocarbures sera inévitable. Aussi, il y a nos emplois qui sont menacés. Nous ne permettrons donc pas que des individus, qui ignorent complètement ces enjeux, viennent bloquer l’activité », a lancé un jeune employé rencontré sous l’auvent de la gare.
Même son de cloche du côté des membres de l’association des vendeuses d’attiéké qui ne comprennent pas le bien-fondé de ces actes dont elles se démarquent avec véhémence. « Ce monsieur SANA, qui dit parler au nom de notre association, nous ne le connaissons pas. Notre association ne regroupe que des femmes. Nous dénonçons les actes illégaux que lui et sa milice sont en train de poser. Nous allons d’ailleurs porter plainte pour usurpation d’identité de notre faîtière. Nous sommes également prêtes à nous mobiliser sur le terrain pour mettre un terme à ce désordre qui plombe notre activité », a fustigé une responsable de l’association.
En clair, si l’entreprise, elle, privilégie la voie du dialogue et de recours réglementaires, les travailleurs et usagers du chemin de fer, quant à eux, ne cachent plus leur légitime exaspération face à la paralysie de leur activité et se mobilisent pour défendre légitimement leur outil de travail.
Pour rappel, ces manifestants, qui bloquent les circulations, exigeraient de SITARAIL la circulation des trains voyageurs en territoire ivoirien, malgré l’absence d’autorisation des Autorités de ce pays pour ce service. Que peut l’entreprise face à une décision souveraine d’un État ? Et rappelons enfin que les marchandises transportées par les trains appartiennent, pour la plupart, à des structures burkinabè comme la SONABHY, BRAKINA, SOFITEX, SOSUCO, CIMFASO, etc. Un blocage prolongé des circulations ferroviaires aura aucun doute un impact négatif sur l’approvisionnement de ces sociétés.
Tribune de Josué Bonkoungou (Éditorialiste)