Le journaliste burkinabè, Boureima Jérémie Sigué a publié, en cette période de troubles socio-politiques au Burkina Faso, «Les 5 plaies purulentes du Faso», aux éditions Le Pays dont il est le fondateur. Paru en septembre 2022, ce nouvel essai de M. Sigué, bien vrai qu’il dépeint «les plaies» du Burkinabè, se fige plus sur un grand corps malade à savoir l’Africain, et cela, dans un monde postcolonial et multipolaire dicté en grande partie par les puissances occidentales.
«L’insécurité (…) étreint le Burkina Faso jusqu’à la gorge, la lutte contre la corruption devrait être une préoccupation majeure pour tous. Lutter contre le terrorisme dans un contexte marqué par la corruption, c’est lutter contre des moulins à vent. La victoire sera incertaine. Elle sera presque toujours une ligne d’horizon. C’est un truisme de dire que l’insécurité se nourrit à la mamelle de la corruption». Par cet extrait de la page 61 de «Les 5 plaies purulentes du Faso», Boureima Jérémie Sigué déplore, tout au long de ce livre de 170 pages, une mutation du Voltaïque qui, est parti d’un être «travailleur» par essence et par excellence à l’aube des années des indépendances à celui de «poltron» et de «corrompu» que symbolise le Burkinabè d’aujourd’hui de même que l’Africain par extension.
En effet, la nouvelle publication du journaliste fait et refait le diagnostic d’un mal, vue à temps sous la révolution à laquelle le Burkinabè tire son identité mais hélas peu soignée voire exacerbée par les tueurs de l’homme fort du 4 août 1983, le capitaine Isidore Thomas Sankara.
«Ah! La jalousie! Mère de tous les vices humains. Dire que les Burkinabè, dans une proportion non négligeable, sont jaloux, est une évidence. Ils sont aussi méchants, médisants et ces traits de caractères participent tout naturellement de la jalousie, de cette laideur que Quasimodo trouverait répugnante», figure à la page 66 et en bonne place des cinq vices majeurs du Burkina Faso relatée par l’auteur.
Afin d’illustrer ses propos, le patron-essayiste témoigne, en citant le défunt Moustapha Thiombiano, premier détenteur d’une station de radio libre en Afrique, que le simple fait que le pays des Hommes intègres (vocable qu’il récuse d’ailleurs aux Burkinabè de la nouvelle génération), le Burkina Faso donc soit moins responsabilisé à la tête des institutions politico-économiques sous régionales, africaines ou encore mondiales est dû au fait ou en partie par la jalousie, ce mal perfide entre concitoyens qui incita Caïn à tuer son frère Abel, selon les récits religieux.
«Les violences, le terrorisme, etc., plongent profondément leurs racines dans la mal-gouvernance, particulièrement dans les injustices sociales et économiques. C’est vrai, le sous-développement général qui pousse certaines gens, à chercher leur salut individuel en s’engouffrant dans la brèche largement ouverte et délicate de la politique. Elles espèrent ainsi être un jour plus proches de la mangeoire d’État. Erreur! Le salut sera collectif ou ne sera pas», prédit l’auteur Sigué à la page 101 du livre de recherche.
Cet ouvrage, paru en septembre 2022, en effet, comme une prémonition donne les raisons des derniers évènements politico-militaires du mois d’octobre 2022, engendrés par la question de la lutte contre les assaillants-terroristes au Faso. Il est constitué d’un avant-propos et de cinq grandes parties dont la dernière revient, en images, sur des rares héros du continent noir et de sa diaspora qui ont transcendé ou péri, face à la cruauté des colons blancs.
Boureima Jérémie Sigué, journaliste de formation, est un ancien étudiant, entre autres, du Centre d’études des Sciences et Techniques de l’Information de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar (Sénégal), de l’Université de Montréal (Canada) et de l’Institut française de Presse de l’Université de Paris II-Assas. De retour sur sa terre natale, le Burkina Faso et après un séjour sur le sol ivoirien, l’auteur de «Les 5 plaies purulentes du Faso», fonde, en 1991, «Le Pays», un journal devenu en moins de trois décennies un groupe de presse de référence sur le continent noir.
L’auteur Sigué, à présent, compte cinq œuvres dont, entre autres, « Faut-il désespérer de l’Afrique? », « Médias et Gouvernance: le sel ou le poison » ou l’avant dernière publication de l’essayiste, « La tragédie de l’entourage présidentiel ».
Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)