Cinq partis politiques de l’opposition veulent créer la «rupture» dans la gestion des affaires publiques au Burkina Faso, en présentant un candidat unique à la présidentielle du 22 novembre 2020. Face à la presse ce lundi 29 juin 2020, les responsables de la «Coalition rupture» ont signifié qu’ils entendent «faire bouger les lignes politiques et ouvrir d’autres alternatives au bénéfice du peuple par la libération du champ politique infestés par d’anciens acteurs largement dépassés et corrompus».
Après son appel le 7 mars 2020 pour encourager les Burkinabè à «s’enrôler massivement» pour les élections de 2020 et 2021 en vue, la «Coalition rupture» s’est dévoilée en long et large aux journalistes ce jour. Au micro, des visages bien connus. Il s’agit de David Mognenga (président de l’Alternative patriotique panafricaine/Burkindi (APP/Burkindi)), Fousséni Ouédraogo (vice-président du Mouvement Patriotique pour le Salut (MPS)), Adama Séré (président du Rassemblement Des Ecologistes du Burkina Faso (RDEBF)), Justin Somé (président de Progressistes Unis pour le Renouveau (PUR)) et Alphonse Marie Ouédraogo (président de l’Union pour la Renaissance Démocratique/Mouvement Sankariste (URD/MS)).
D’emblée, les conférenciers sont tous unanimes sur l’analyse de la situation nationale. Le Burkina va mal. Selon eux, «le constat montre une crise multidimensionnelle désastreuse et profonde caractérisée par une grave crise sécuritaire, humanitaire et une crise de gestion ayant pour dénominateur commun la faillite d’un régime qui manque de vision». La situation au Burkina est devenue «critique et dangereuse», laissant percevoir «l’effritement et l’abandon d’une partie de notre territoire pendant qu’une réponse salvatrice au sommet se fait attendre comme si les autorités avaient abdiqué», a souligné la nouvelle alliance politique.
En gros, le bilan du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) du président Roch Marc Christian Kaboré, durant ses cinq dernières années de gestion est « négatif et par endroit chaotique. C’est un échec cuisant pour l’ensemble du pouvoir et ses alliés », se sont alarmé les dirigeants de la nouvelle alliance politique.
« Les anciens acteurs politiques … sont arrivés à leur limite »
Pour les membres de la Coalition, le bilan du MPP n’est pas étonnant parce que le processus de l’insurrection populaire de fin octobre 2014 devant aboutir à un renouvellement de la classe politique dans son ensemble, n’a pas eu lieu. C’est pourquoi, ils veulent « rattraper les choses avant qu’il ne soit trop tard ». De l’avis de Justin Wahir Somé, président du PUR, « on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Les anciens acteurs politiques ne peuvent plus donner que ce qu’ils ont donné depuis ces 40 ans qu’ils occupent la scène politique. Ils sont arrivés à leur limite ». C’est pourquoi, il appelle la jeunesse à prendre ses responsabilités et adhérer à leur combat pour prôner la « rupture » à tous les niveaux de gouvernance.
Le défi d’une rupture de gouvernance attendue par les masses populaires passera nécessairement par l’avènement de forces politiques patriotiques, « soucieuses de la concrétisation des aspirations profondes du peuple burkinabè exprimées à travers l’insurrection populaire d’octobre 2014 », a déclaré Adama Séré du RDEBF. Il a fait savoir que leur coalition n’a pas été créée de façon spontanée, mais a commencé à tisser ses liens depuis mai 2019. Le regroupement qui n’est pas fermé à d’autres adhésions, « s’articule autour d’un projet politique commun qui veut incarner les aspirations du peuple sur trois objectifs majeurs : la rupture de la mal gouvernance, le renouvellement de la classe politique et l’avènement d’une gouvernance de travail vertueux et de progrès au service de la nation entière », a précisé M. Séré.
Retour de Zida
La Coalition annonce dans les jours à venir qu’elle initiera à cet effet, une série d’activité dont un forum sur la rupture pour approfondir le diagnostic déjà posé et s’enrichir des différents apports nécessaires à l’évolution du Burkina Faso.
L’une des préoccupations des journalistes s’est portée sur l’avenir du MPS qui a déjà son candidat naturel et même déclaré qu’est l’ex-Premier ministre Yacouba Isaac Zida, exilé au Canada, depuis janvier 2016. Sur cette préoccupation, les conférenciers ont indiqué qu’ils sont en train d’élaborer une « approche électorale » qui prendra en compte les questions autour de élections dont la désignation du candidat unique pour la présidentielle de 22 novembre 2020. Selon eux, tous les candidats du regroupement devront se soumettre à ces critères qui devront correspondre aux aspirations portées et défendues par l’Alliance. Et, l’ex-chef de l’exécutif burkinabè sera, au même titre que les autres candidats, soumis à cet exercice à l’issue duquel sortira leur champion pour briguer la magistrature suprême. Sur la question de savoir si Isaac Zida rentrera au pays, le vice-président du MPS, Fousséni Ouédraogo, a signifié que « si tout se passe bien (le général) sera avec eux en août pour (leur) congrès ».
Sur les élections, la « Coalition rupture » se veut claire. Les élections doivent toujours se tenir à bonne date mais « pas à n’importe quel prix. Il doit s’agir d’élections démocratiques débarrassées de la fraude et de la corruption électorale ». Aussi sur les élections, la coalition s’inscrit dans le principe et l’option d’une candidature unique aux élections présidentielles et des listes commues aux législatives et aux municipales sur l’ensemble du territoire national.
Par Bernard BOUGOUM