Les responsables du Mouvement citoyen pour une éthique République (MOCER) ont invité les autorités de la transition burkinabè «à recadrer» leurs partisans, afin de préserver la cohésion sociale et le bon vivre-ensemble entre les populations, au cours d’une conférence de presse organisée ce vendredi 20 janvier 2023, à Ouagadougou.
La rencontre des responsables du Mouvement citoyen pour une éthique République avec les hommes et femmes de médias, ce vendredi 20 janvier 2023, vise à dénoncer la mauvaise utilisation des réseaux sociaux au Burkina Faso, un pays en proie à des attaques armées depuis sept ans.
Depuis les premières attaques terroristes de 2015, le pays ne fait que subir le diktat des « hommes sans foi ni loi ». Ce sont des milliers de burkinabè qui ont été contraints de quitter leurs villages pour sauver leurs vies. Plusieurs élèves ont vu leurs rêves brisés avec la fermeture des écoles. Au vu de cet amer constat dressé par le MOCER, son président, Kassoum Ouattara, dès l’entame des échanges avec les journalistes, a réitéré tous les encouragements de son organisation et invité les autorités à poursuivre leur «engagement pour leur mieux être» des Burkinabè.
«Le MOCER est un mouvement qui se fonde sur la promotion et le respect de l’Ethique républicaine. De ce principe, notre mouvement ne peut pas cautionner et encourager les coup d’Etat. Mais par moment certains coups d’Etat sont plus salutaires», ont affirmé les conférenciers du jour qui veulent mener une croisade contre la mauvaise utilisation des réseaux sociaux. «Utilisés comme canaux d’expression et de revendication, toutes sortes d’informations sont véhiculées (sur les réseaux sociaux): les fakenews, la désinformation, l’intoxication, les appels à la haine, le recrutement des jeunes pour le compte des groupes terroristes ; etc», ont-ils dénoncé.
Les attaques armées ont provoqué au cours de 2022, deux coups d’Etat militaires pour les mêmes causes. «Sous le règne éphémère du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR 1 qui a duré 8 mois), certains leaders d’Organisation de la société civile (OSC) ont sali et souillé extraordinairement l’image du monde de la société civile», a relevé Kassoum Ouattara qui a estimé qu’«aujourd’hui, être de ce monde (OSC) te fait porter aux yeux du burkinabé lambda cette casquette d’homme malhonnête, escroc, sans vergogne, bref un bon à rien».
«Malheureusement cette danse se poursuit sous le MPSR 2 mais sous d’autres formes. Les OSC acquises ne sont jamais une solution pérenne aux problèmes des populations», a poursuivi le président du MOCER, Kassoum Ouattara qui a dénoncé avec véhémence les dérives des réseaux sociaux. Pour lui, il est grand temps que les autorités de la transition actuelle changent la donne. «C’est le politique qui a la solution à la mauvaise utilisation des réseaux sociaux. Mais, quand ça l’arrange, il ferme les yeux. C’est quand cela ne l’arrange pas qu’il fait semblant de se réveiller», a-t-il souligné.
De son avis également, le capitaine Ibrahim Traoré, président du Faso, tarde à durcir le ton contre les réseaux actuellement, malgré les dérives qu’on constate parce qu’il doit en partie son pouvoir à ces réseaux sociaux. «Vous savez aussi que le pouvoir actuel quoi que l’on dise, est né des réseaux sociaux. Le coup d’Etat du 30 septembre (2022), n’eût été les appels à la mobilisation sur les réseaux sociaux, ce n’était pas aussi évident que le coup d’Etat allait être consommé», a-t-il martelé, continuant que concernant les réseaux sociaux, «la posture que le gouvernement doit adopter, c’est vraiment revenir sur les textes qui les encadrent dans notre pays. Il appartient aux autorités de prendre leur responsabilité».
Selon lui, le bilan des trois mois de gestion du capitaine donne de l’espoir aux populations burkinabè. «Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Traoré, le MOCER remarque avec une grande partie des citoyens, un regain d’espoir au niveau des forces vives du pays. Pour combattre et vaincre il faut s’armer d’espoir. On ne peut pas convaincre un peuple qui est plongé dans le désespoir», a indiqué M. Ouattara qui s’interroge maintenant sur comment les nouvelles autorités vont arriver à recadrer cette dynamique de l’espoir.
«Il faut que les nouveaux dirigeants puissent recadrer leurs partisans. Nous tous qui sommes là, personne n’a dit au capitaine Ibrahim Traoré d’aller faire un coup d’Etat. C’est lui qui sait pourquoi il est allé faire son coup d’Etat. Il ne faudrait pas qu’il y ait des gens qui pensent que c’est un Dieu béni qui est tombé du ciel», s’est-il exclamé.
Il a enchaîné en ces termes: «Que les OSC qui se disent 100% pro-Ibrahim là, qu’elles s’amendent car il y a des propos qu’on entend lors de certaines émissions interactives au niveau des radios et vraiment cela ne fait pas plaisir. Il y en a qui appellent même pour s’en prendre à certains Burkinabè alors que ce n’est pas de leur prérogative. Il faut accepter la contradiction».
Pour le cas de la diversification des partenaires, le MOCER fait remarquer que toute diversification doit se faire pour «le bien du pays et répondant aux aspirations du peuple souverain et non sous la pression». «La pression n’a jamais servi une bonne cause de long terme. Elle est toujours permanente quand les choses ne marchent pas comme l’on veut. Le MOCER encourage donc les autorités à prendre en compte les aspirations du peuple», ont signifié les conférenciers.
A les suivre, dans le cadre du partenariat bilatéral et multilatéral du Burkina, le MOCER invite les autorités à privilégier le dialogue et la compréhension. «Certes nous voulons notre souveraineté totale et sincère mais elle ne peut se faire que dans le cadre d’une attente globale et dans la cohésion avec les autres peuples et les institutions internationales », a affirmé Kassoum Ouattara.
Par Bernard BOUGOUM