L’Opposition politique burkinabè rejette l’idée de l’allocation de «58 milliards FCFA » pour les frais d’hôtel et de restauration, comme prévu dans le plan de riposte contre la pandémie qui s’élève au total à 178 milliards. Le regroupement l’a fait savoir lors de son traditionnel point de presse animé ce mardi 14 avril 2020 par Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-majorité) et Yumanli Lompo, président du Parti national des démocrates sociaux (PNDS).
Ce rendez-vous hebdomadaire avec les journalistes s’est intéressé à trois points essentiels dont la gestion du Coronavirus au Burkina Faso où la maladie a atteint à la date du 12 avril 515 personnes et fait 28 décès, depuis qu’elle s’est déclarée le 9 mars dernier.
Cela fait un peu plus d’un mois maintenant que la pandémie qui touche près de deux millions (1 900 000 cas confirmés) de personnes dans le monde et fait plus de 100 000 décès, divise la classe politique burkinabè notamment. C’est en clair la gestion de cette maladie qui a contraint les autorités à prendre des mesures de restrictions comme le couvre-feu, instauré entre 19H et 5H matin, la fermeture des principaux marchés des villes du pays, la mise en quarantaine des villes où localités enregistrant des patients, l’arrêt de toutes les activités académiques de même que le transport commun, qui est ici passée au peigne fin par ces conférenciers.
D’abord, pour l’Opposition politique, « le nombre de morts dus au Coronavirus est élevé » au Burkina Faso, par rapport aux autres pays de la sous-région. Le regroupement de la trentaine de partis dirigé par Zéphirin Diabré, leader de l’opposition burkinabè, dit détenir des témoignages de plusieurs proches de malades de Coronavirus qui montrent que le traitement réservé aux malades admis au Centre hospitalier universitaire de Tengandogo (CHU-T), ex-hôpital Blaise Compaoré situé à la sortie Sud de Ouagadougou, est « inhumain et cruel ».
« Vous vous rappelez que l’Opposition politique et l’ensemble des patriotes sincères ont rejeté en bloc l’idée du montant ahurissant de 121 milliards de francs CFA qui étaient prévus pour la location d’hôtel et l’achat de nourriture pour les malades du Covid-19, qui n’était autre qu’une nouvelle voie royale pour le MPP de piller les maigres ressources de notre pays », a déclaré le président du CDP, Eddie Komboïgo, poursuivant que devant la contestation qui s’élevait de partout, « le régime du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a revu les chiffres à la baisse. Désormais sur le budget de près de 178 milliards FCFA, environ 58 milliards FCFA sont affectés à la location d’hôtels et à la restauration ».
L’Opposition rejette à nouveau ce budget dont « la seule finalité est de distribuer des milliards à un groupe d’amis au pouvoir », a dit M. Komboïgo. « Avec les 58 milliards FCFA que le MPP veut piller, il est possible de construire un autre CHU comme de celui de Tengandogo qui a coûté 45 milliards », a renchéri l’opposant qui dirige le parti de l’ex-président Blaise Compaoré.
En outre, au regard de la gravité des allégations portées contre le gouvernement dans la gestion du Covid-19, les partis opposés au pouvoir du MPP demandent à l’Assemblée nationale d’engager une enquête parlementaire sur le traitement des patients à l’hôpital Tengandogo. Quant à l’action de solidarité appelée par l’Assemblée nationale, les conférenciers du jour le disent tout net : « Le rôle de l’Assemblée nationale n’est pas de substituer au ministère de l’Action sociale ou à celui de la Santé, ou même celui des Finances pour organiser des collectes d’argent en vue de lutter contre le Coronavirus ».
Selon Eddie Komboïgo, « le soi-disant coronathon de Bala Sakandé (président de l’Assemblée nationale) est une confusion de rôles, un désordre institutionnel et un populisme qui n’apportent pas de plus-value au combat contre la pandémie ».
Relativement à la question de la gestion du Coronavirus qui fait jaser au Burkina, l’Opposition dit avoir, « dans le même registre de contradiction au sein du pouvoir, lu avec stupéfaction, une lettre ouverte adressée par de supposés membres du Bureau politique national (BPN) du MPP à la ministre de Santé (Claudine Lougué, NDLR) ». Pour la coalition politique, au regard des informations confidentielles contenues dans la lettre et au regard de la réponse « molle » du parti au pouvoir, estime que le régime en place « veut utiliser la ministre comme bouc émissaire, et fuir ainsi ses responsabilités ». Pour les conférenciers, sur cette question, les manquements dont fait cas la lettre sont « avérés mais ils ne sont pas du seul ressort de la pauvre ministre ».
Par Bernard BOUGOUM