Dans un communiqué daté du 22 novembre 2021, signé par le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, le Gouvernement burkinabè dit être à l’origine de la coupure de l’Internet mobile depuis le 20 novembre dernier.
C’est un gros «karissa» que ce gouvernement mérite, en n’informant qu’après coup. Pourquoi ne pas l’avoir dit avant pour donner la possibilité aux utilisateurs de prendre leurs dispositions? C’est un manque de respect. Mais l’on ne devrait pas s’étonner dans la mesure où ce régime, depuis six ans, a habitué les Burkinabè au fait qu’il ne sait pas vraiment où il va. Un minimum de bon sens commanderait de prévenir, comme le fait, par exemple, la SONABEL, chaque fois qu’elle veut procéder à une coupure, en dehors des pannes techniques.
Sinon le gouvernement a-t-il mesuré l’impact de son acte, pour l’économie déjà fragile du pays, du fait de la double crise sanitaire et sécuritaire? De quoi a peur le pouvoir pour ne pas prévenir et mettre les gens devant le fait accompli? Quand on fait un mal c’est pour un plus grand bien, mais là, le régime de Kaboré a tout faux, avec cette privation de liberté d’expression. Ce n’est ni plus ni moins qu’une tentative de museler les Burkinabè!
Il est évident que le président Kaboré et son régime n’ont pas pensé au commerce en ligne, qui est le gagne-pain de nombreux Burkinabè, de nos jours. Oui, ils ont royalement ignoré ces personnes qui utilisent les réseaux sociaux tels que Facebook et WhatsApp pour la promotion de leurs activités professionnelles. Eux qui encouragent l’entrepreneuriat, ils ont pris une décision contre les jeunes entrepreneurs du secteur privé qui ne peuvent s’offrir le luxe d’installer une connexion internet filaire et qui partagent la connexion de leur téléphone sur leur ordinateur pour travailler.
Cette décision montre que le gouvernement n’en a rien à faire des pertes financières qu’occasionnera cette rupture de jus. Oui, ont-ils seulement pensé aux personnes qui suivent des cours en ligne? Rien n’est moins sûr! Roch Kaboré et son régime n’ont pas tenu compte de tous ces Burkinabè de la diaspora qui utilisent WhatsApp pour prendre des nouvelles quotidiennement de leurs familles au Burkina Faso et vice-versa. Et dire que même des soldats au front passent par là pour se rassurer que leurs familles vont bien, si tant est que c’est pour des raisons d’ordre sécuritaire que cette décision a été prise.
Il est évident, le régime du président Kaboré fait l’autruche. Il n’a pas, jusque-là, réussi à contrer les attaques terroristes qui rongent le pays. Parce que pour les Burkinabè, si les attaques ne cessent pas et que le nombre de morts qu’elles font prend l’ascenseur, c’est que rien n’est fait. Même le *«ya son ma la nan ka ta yè» ne sied pas. D’autres pays font face au terrorisme, mais aucun n’en est arrivé à priver ses populations de leur liberté d’expression dans l’élan de la lutte. Ces pays qui coupent Internet ne sont pas des exemples de démocratie!
Le régime n’arrive pas à trouver le bon bout, et c’est peu dire. Au niveau, où l’on en est, il faut juste faire le constat que le premier problème de ce régime se résume à la prise des décisions: faire quoi et quand et le casting des hommes avec lesquels il faut composer pour sortir le pays de l’ornière. Hélas! Il casse juste le thermomètre espérant faire baisser la fièvre. Et dire que rien ne présage d’un changement de posture de la part du régime du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) qui a tout fait pour tuer l’opposition de son pays. L’autre quadrature du cercle!
Il faut l’admettre, le président Kaboré qui, visiblement, n’est pas aidé par ceux qui l’entourent, semble être à bout, face à la situation du pays. Il ne sait plus quoi faire. Le triste constat, c’est que le Burkina a perdu bien plus que le nord, et ce au sens propre comme au figuré. Sinon il faut vraiment avoir perdu le réseau pour couper la connexion internet mobile de tout un pays, pour des raisons qui ne sont du reste pas la solution au réel problème que vit le pays.
C’est dans cette logique que le chef de l’Etat qui, malgré tout, semble manifester la volonté de redresser la barre aura besoin de tous les Burkinabè, pour boucher de leurs doigts, la jarre trouée.
Par Wakat Séra
* » Ya son ma la nan ka ta yé »: expression en langue locale mooré, traduite littéralement, veut dire « c’est bon mais ce n’est pas arrivé ».