Dans cette déclaration du Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuples (M.B.D.H.P) Section du Kadiogo
Comité des Universités publiques de Ouagadougou exige le respect du droit à la santé des étudiants, en leur dotant notamment de moyens de protection adéquats et gratuits contre le COVID-19.
« Le comité MBDHP des universités publiques de Ouagadougou a été alerté suite à des incidents ayant opposé des éléments des forces de défense et de sécurité (FDS) à des étudiants dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2020, à la cité universitaire de Kossodo.
Une délégation du comité MBDHP a alors été dépêchée sur les lieux et a échangé avec les témoins directs des incidents. Il ressort du compte-rendu de cette mission, qu’une équipe des FDS en patrouille est intervenue aux environs de 23 heures dans la cité pour interpeller des résidents, au motif du non-respect du couvre-feu. Ces derniers veillaient alors, sur leur dispositif de lavage des mains mis en place à l’effet de contribuer à briser la chaine de transmission du COVID-19 et à la sécurité de la cité qui n’est pas clôturée et qui fait régulièrement l’objet d’agressions.
Malgré les explications, ces éléments des FDS visiblement passionnés, fermés à tout dialogue leur ont infligé des sévices corporels. Ils les ont dispersés à coup de gaz lacrymogènes avec à la solde un saccage du dispositif de lavage des mains.
Cette intervention des FDS dans la résidence universitaire qui fait partie intégrante des enceintes universitaires appelle les observations suivantes :
En premier lieu, les franchises et libertés académiques proclamées par les déclarations de Kampala et de Dar Es Salam qui servent de référence à nos universités ont été violées sans scrupule. En effet, la déclaration de Kampala du 29 novembre 1990 sur la liberté intellectuelle et la responsabilité sociale des universités stipule en son article 14 que : « l’Etat ne doit déployer aucune force militaire, paramilitaire, ni aucun service de sécurité et de renseignement, ni toute force similaire à l’intérieur des locaux ou domaines réservés au établissement d’enseignement… », à moins qu’il y ait « un danger visible, présent et imminent qui menace la vie ou la propriété … ». Il apparait évident, dans le cas d’espèce, que de telles conditions n’ont pas été remplies pour justifier l’intervention des éléments des FDS et qu’il s’agit donc là d’une violation manifeste, grave et inadmissible des franchises universitaires.
En deuxième lieu, des actes de tortures et autres traitements inhumains et dégradants, ont été perpétrés en violation de la loi et au mépris des mises en gardes du procureur du Faso en date du 23 mars 2020 et de leur condamnation par le comité exécutif national du MBDHP, dans sa déclaration du 28 mars 2020.
Le comité MBDHP tout en exhortant les éléments des FDS à agir avec professionnalisme dans leurs missions de sécurisation des personnes et des biens, condamne cette répression brutale, injuste et illégale, ainsi que la violation des franchises universitaires.
Il salue également la résilience des étudiants dont les droits fondamentaux déjà en souffrance ont été aggravés par le confinement sans mesures sociales d’accompagnement adéquates et conséquentes en leur faveur.
C’est pourquoi, le comité MBDHP interpelle le directeur du centre régional des œuvres universitaires de Ouagadougou et toutes les autorités habilitées sur :
– le strict respect des dispositions de l’article 13 de la déclaration de Kampala ci-dessus rappelées, qui stipulent que « l’Etat doit se faire l’obligation de prendre des mesures promptes et appropriées, contre toute violation des droits et libertés dans les universités… » et sur l’exigence d’une prise en charge adéquate et gratuite des soins de santé des étudiants victimes des violences des FDS ;
– l’exigence d’une prise de mesures concrètes, afin de garantir le droit à la sécurité des résidents et contre les agressions récurrentes d’où qu’elles viennent ;
– l’exigence du respect du droit à la santé des étudiants, en leur dotant notamment de moyens de protection adéquats et gratuits contre le COVID-19 ;
-l’exigence de la garantie effective du droit à une alimentation décente, à travers notamment l’instauration de la gratuité des repas et de kits de repas à emporter ;
Non à la violation des franchises universitaires !
Non à la violation des droits des étudiants !
Contribuons, par des actions citoyennes, au respect des droits des étudiants dans les universités ! »
Ouagadougou, le 16 avril 2020
Le comité MBDHP des universités publiques de Ouagadougou