Des parties prenantes de la vie active au Burkina Faso, notamment des responsables d’associations féminines, ont été invitées, par l’Action communautaire pour le bien-être de l’enfant et de la femme au Burkina (ABEFAB), pour une rencontre d’échanges en vue de plaider pour une meilleure représentativité des femmes au niveau des institutions politiques et leur participation dans le développement au niveau des collectivités locales. La rencontre a eu lieu, ce mercredi 17 juillet 2024, dans les locaux du Réseau africain jeunesse santé (RAJS-BF), à Ouagadougou.
Le Burkina Faso traverse, depuis maintenant près de dix ans, une situation difficile marquée essentiellement par une crise sécuritaire et humanitaire qui a causé le déplacement de plusieurs milliers de personnes. La majorité des personnes déplacées internes sont des femmes et des jeunes sans défense, victimes de plusieurs violences, notamment les agressions sexuelles. Mais, les mesures prises pour combattre ces tares de la société, ne sont toujours pas à la hauteur des populations, selon ces associations féminines. En gros, les femmes sont durement confrontées aux problèmes, de façon générale, de développement.
C’est pourquoi, pour espérer faire changer les choses, sous la houlette de l’Action communautaire pour le bien-être de l’enfant et de la femme au Burkina (ABEFAB), soutenue par African Women’s Developement Fund (AWDF), des associations qui luttent contre les Violences basées sur le genre (VBG), ont décidé de réfléchir en vue de plaider pour une meilleure représentativité des femmes dans les organisations politiques. Cela, selon leur conviction, permettra de changer les choses au décisionnel pour un meilleur épanouissement de la femme, et par ricochet, les populations au Burkina Faso.
Cette activité s’inscrit dans les rencontres de plaidoyer sur la prévention et la gestion pacifique des conflits auprès des leaders communautaires, religieux, coutumiers et politiques, impliquant les leaders d’organisations féminines dans la ville de Ouagadougou et les communes rurales.
La présidente de l’Association Cœur des Femmes actives pour le Développement (ACFAD), Elyse Traoré/Sanon, a indiqué que les participants à cette rencontre d’échanges sont des parties prenantes du pays qui peuvent représenter la voix des femmes afin qu’elles prennent une part active dans le développement des arrondissements et communes rurales de la capitale burkinabè. « La non-représentativité de la femme au niveau politique, constitue même déjà une violence. C’est une violence qui ne dit pas son nom et vraiment, on veut que cette violence puisse considérablement diminuer », a signifié madame Traoré.
« La femme a son mot à dire et elle peut contribuer réellement au développement de notre pays. Nous avons remarqué que les femmes sont représentées, mais pas en nombre suffisant pour faire souvent basculer les décisions en leur faveur. Et même si elles le sont, elles n’ont pas souvent droit à la parole. On nous impose toujours certaines décisions, c’est la raison de cette rencontre ce matin », a-t-elle affirmé.
Ces associations engagées pour la promotion du genre, veulent demander aux autorités présentes à la rencontre, de porter leur voix plus haut pour qu’elle puisse être entendue par qui de droit. « Mon message, c’est d’encourager réellement les femmes à s’affirmer. Quand tu n’essaies pas, tu ne peux pas y arriver. Et aujourd’hui, le gouvernement a beaucoup d’engagement envers la femme. Il nous soutient et nous encourage. C’est le moment où jamais », a poursuivi la présidente de l’ACFAD qui a estimé que les femmes, « ne doivent pas avoir peur de prendre la parole devant qui que ce soit pour dire ce qu’elles pensent bien pour le pays ».
Elle a remercié l’ABEFAB qui a permis que cette rencontre ait lieu aujourd’hui. « ABEFAB dans sa dynamique de responsabiliser la femme dans la région du Centre, a mis en place dans les 12 arrondissements et les six communes rurales, des thématiques qui militent pour la cause de la femme », a-t-elle fait savoir.
Bibata Salbré/Kéré, est la présidente de l’association Delwendé de l’arrondissement 4. Elle pense que ce qui freine l’entrée des femmes en politique, c’est la jalousie. « Je prends mon cas en exemple. Dans l’arrondissement 4, certaines femmes, jalouses de moi, me présente toujours comme une étrangère parce que je suis venue là-bas en 2002 et jusqu’en ce moment, j’habite dans une cour que j’ai louée. Quand je regroupe les femmes pour faire une activité, mes détracteurs utilisent cet état de fait pour me combattre », a laissé entendre Mme Salbré.
« J’ai une fois fait mon activité et des femmes ont réuni leurs camarades pour la boycotter. Donc, je pense que la jalousie, qu’on se fait entre femmes, handicape réellement notre avancée à un haut niveau des structures politiques », a-t-elle insisté lors des débats, appelant les femmes à soutenir les associations féminines pour leur épanouissement.
Selon Jean Damoué, participant pour le compte du RAJS, une telle activité vise à inciter et susciter l’engagement des femmes afin qu’elles prennent leur place en politique. « De toute façon, ce sont elles, les mères de population. Donc, si elles ne participent pas à la politique, elles ne participent pas à la vie de la société. Vue sous cet angle, c’est une initiative qui est louable et doit être soutenue », a-t-il renchéri.
« Les femmes sont très peu engagées pour des raisons diverses liées à l’éducation formelles et sociétales surtout. Les femmes qui font les petits métiers ne s’engagent pas en politique. Alors que si elles arrivent à s’engager et à se soutenir, elles peuvent faire peser la balance en leur faveur et beaucoup de préoccupations de la société comme la santé et l’éducation seront bien pris en compte », a-t-il poursuivi.
Hier mardi, l’ABEFAB a rencontré des forces vives de l’arrondissement 10 de la capitale burkinabè pour leur demander de plaider pour l’implications des femmes dans les hautes instances de recherche de la paix.
Par Bernard BOUGOUM