«Un trésor public parallèle au ministère des infrastructures!» C’est ainsi qu’est intitulé un long post publié sur la page Facebook de Lengha Fils et qui contient des révélations d’une gravité inquiétante si elles sont vraies. Raison pour laquelle nous osons interpeller à notre tour, le gouvernement sur ces faits qui méritent en toute urgence, des éclaircissements.
«Dans une de mes publications, je rapportais les félicitations du PM Saint Paul de Kaba à l’endroit de son Ministre des infrastructures, le qualifiant de l’un de ses meilleurs ministres. J’avais aussi rappelé les mêmes félicitations dans les mêmes termes de l’ancien PM Luc Adolphe TIAO à l’endroit aussi de son ministre des infrastructures de l’époque. La question qui ressemble à une énigme est pourquoi chaque PM considère son ministre des infrastructures comme son meilleur joueur?
Intéressons-nous à l’actuel Ministre des infrastructures, Monsieur Éric Bougma que je surnomme affectueusement Éric Bulldozer. Nous avons longtemps évoqué les cas de mauvaise gouvernance dans ce Ministère sous sa direction. Le syndicat actuel du Ministère en a fait son cheval de bataille et la dénonciation continue.
Aujourd’hui je voudrais soulever le cas de la gestion des marchés publics. Éric bulldozer aime les effets spéciaux. Pour s’en rendre compte, suivez un peu les festivités inutiles des lancements des travaux routiers. C’est du folklore pour justement s’attirer inutilement l’attention de l’opinion nationale. A-t-on besoin de festoyer pour dire qu’on exécute sa lettre de mission? D’ailleurs nous avions exposé certains budgets de ces cérémonies ou il y avait des rubriques qui n’avaient absolument rien à voir avec l’activité des routes. Des députés et autres Ministres qui y puisaient pour prétendre mobiliser les populations dans leur propre fief électoral. Catastrophe! Plus de 100 millions qui pouvaient suffire à équiper l’hôpital national de Scanner.
Tenez ceci. Le Ministère a lancé le programme 1000 pistes rurales qui est en cours d’exécutions et avec beaucoup de difficultés malheureusement. Plus de 80% des entreprises attributaire ont des difficultés pour avancer leurs travaux. Comme les gens n’aiment pas trop lire, je vais aller directement au but.
Dans ce programme de 1000 pistes rurales, les entrepreneurs ont été retenues pour l’exécution des travaux, avec ou sans expériences dans l’entretien routier. Oui la majorité des entreprises qui ont des difficultés dans l’exécution de leurs travaux sont sans expérience. D’ailleurs lorsque l’entreprise a moins de 5 ans d’existence, elle est éligible au marché même sans expérience similaire. Voilà une première porte d’entrée au favoritisme et à la distribution de marchés à des copains qui ont été précipitamment créées des entreprises.
Chaque entreprise retenue donc dans le programme a l’obligation de retourner au Ministère un pourcentage de la valeur de son marché. Le pourcentage se situe entre 5% à 10%. Cette somme est entièrement versée en cash dans beaucoup de cas à la DAF du Ministère.
Les détails que nous avons eu sont les suivants :
– Frais d’administration du projet : 14 000 000 pour chacun des 43 lots
– Frais de suivi, de sensibilisation, de communication et de formation : 11 000 000 pour chacune des 85 pistes
C’est donc environ 1,537 milliards FCFA que la DAF du Ministère a reçu de ces entreprises.
A cela, il faut ajouter du carburant et des véhicules livrés aussi par les entreprises au Ministère.
Quelles sont les conséquences de cette pratique?
- La DAF n’est pas une régie de recettes de l’État. Par conséquent aucun FCFA ne doit y être reçu pour le compte du trésor public. C’est une infraction à la gestion des finances publiques
2. Exiger des entreprises attributaires des marchés de retourner un pourcentage est ce qu’on appelle pot de vin. C’est une forme de corruption organisée par le Ministère. Ces fonds qui sont retournés au Ministère constituent une diminution de qualité dans l’exécution des travaux.
3. Ces 1,537 milliards de FCFA sont déposés dans un compte dans une banque commerciale de la place. Il n’y a que 2 personnes qui contrôlent et mouvementent ce compte : le Ministre et le DAF. Voilà des fonds publics qui vont à des destinations autre que le trésor public.
Pire, ce compte échappe à TOUT contrôle. Aucun contrôle sauf celui des 2 signataires. Ils ne rendent compte à personne. Si dans le budget de cérémonie de lancement des travaux, on a foutu des dépenses qui n’avaient absolument rien à voir avec le domaine routier, qu’en sera-t-il de la gestion de ce compte de milliard? Il est fort à parier que dans ce compte, il doit y avoir tout type de bordel possible. Je mets le Ministre Éric bulldozer au défi de publier les relevés bancaires de ce compte s’il estime qu’il n’a rien à y cacher.
En ce qui concerne la livraison des véhicules par les entreprises au Ministère, l’affectation et la gestion de ces véhicules pose énormément des problèmes de transparence. Ces véhicules sont exigés des entreprises dans le prétexte du suivi des travaux. L’entretien, l’assurance et le carburant de ces véhicules sont entièrement assurés par les entreprises qui font la dotation.
En ce qui concerne par exemple le chantier de l’échangeur du Nord, c’est au total 8 véhicules de type 4×4 de type TX qui ont été livrés au Ministère pour le suivi des travaux. Voici la répartition qui en a été faite :
– 03 véhicules à la Présidence du Faso
– 01 véhicule au Ministre
– 01 véhicule au SG du Ministère
– 01 véhicule au DAF du Ministère
– 01 véhicule au gouverneur de Gaoua
– 01 véhicule est affecté pour le suivi des travaux.
La répartition ainsi faite démontre qu’il n’y avait véritablement aucun impératif pour le suivi des travaux avec ces véhicules. Juste 1/8 seul véhicule est affecté au suivi des travaux. Voilà un cas pratique de détournement de véhicules. Pendant ce temps, la construction de l’échangeur n’est pas encore finie.
Est-ce que ces véhicules entrent dans le parc automobile de l’État? On est en droit de douter car les acquisitions sont faites par les entrepreneurs eux-mêmes. On ne verra aucun véhicule immatriculé en fonds rouge.
En début de mois, une réunion qui aurait été présidé par le SG du Ministère intimait l’ordre aux entrepreneurs de se dépêcher pour verser les pourcentages dus au niveau de la DAF.
Détenir plus 1,5 milliards dans un compte commercial loin de tout contrôle des corps de l’État, est pour moi la mise en place d’un Trésor public parallèle. C’est inadmissible et cela est une parfaite illustration d’une gestion aux antipodes de l’orthodoxie des finances publiques.
C’est pourquoi, il y a lieu que les corps de contrôle de la république aillent voire dans la gestion de ce compte qui est ouvert dans une banque commerciale.»