Des Organisations de défense des droits humains burkinabè ont animé le mardi 31 mai 2022 à Ouagadougou, au siège de l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), une conférence de presse pour relever et rappeler que cela fait trois ans que les dossiers de leurs membres, Fahadou Cissé et Hama Balima, assassinés pour leurs «opinions», «stagnes». Les conférenciers ont également exigé « l’arrêt immédiat des assassinats ciblés et de masse, et les arrestations arbitraires et disparitions forcées » entre autres.
Les responsables de l’Organisation démocratique de la Jeunesse (ODJ), du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) et le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) ont rencontré les journalistes ce mardi pour marquer la commémoration du troisième anniversaire de l’assassinat de Fahadou Cissé, ex-président de la section du Yagha de l’ODJ et Hama Balima, ex-trésorier de la section de la même organisation à Yagha.
Ces deux membres de l’ODJ « ont été lâchement assassinés le vendredi 31 mai 2019 à l’entrée de Sebba où ils devraient prendre part à une audience avec les premières autorités de la province du Yagha dont le Haut-commissaire, Adama Conseiga, pour traiter des préoccupations quotidiennes des populations », a rappelé le président de l’organisation, Gabin Korbéogo. Après avoir rappelé dans les détails toutes les péripéties judiciaires de ces dossiers, les conférenciers ont conclu à la mauvaise foi des autorités pour faire la lumière sur ces deux affaires.
Sur ces dossiers judiciaires, « il n’y a aucune avancée. Il y a eu des tentatives de relance que notre avocat a même eu à faire mais on est toujours sur le statu quo », a dit M. Korbéogo, pour qui, les assassinats de leurs camarades « ont été perpétrés par des escadrons de la mort ». « C’est un exemple d’assassinat ciblés » comme « les cas de Tanwalbougou, Kain-Ouro, Banh, Yirgou (…) », a-t-il ajouté, exigeant que « le Gouvernement mette tout en œuvre pour que l’autopsie des corps des camarades Fahadou Cissé et Hama Balima puisse être faite » afin que les dossiers avancent sur le plan judiciaire.
Le secrétaire général du MBDHP, Ali Sanou, a, à sa suite, déploré les exécutions sommaires et leurs corollaires. Ainsi, revenant sur une sortie médiatique du porte-parole du Gouvernement de la Transition, il a signifié que Lionel Bilgo a laissé entendre que certains Burkinabè ont pris des armes pour se venger des violences barbares qu’ils ou leurs membres ont eu à subir.
Cette commémoration a été aussi l’occasion pour les conférenciers de souligner que le « contexte est aggravé par une crise multidimensionnelle qui ébranle le Burkina Faso depuis plusieurs décennies ». Si fait que la situation sécuritaire « se dégrade de jour en jour sans que le pouvoir déchu du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) et le nouveau régime du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR) ne puissent y apporter des réponses appropriées».
Les conférenciers ont aussi, sur le plan socio-économique, noté que les populations vivent dans « une misère noire ». « Cette précarisation est exacerbée par la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité », ont-ils fulminé.
Par Bernard BOUGOUM