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Liptougoutoilettes : des « princes » s’engagent à construire des latrines pour leurs proches

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Des population de Liptougou

Des populations de la commune rurale de Liptougou, dans la région de l’Est du Burkina, considérées comme des « princes », se sont engagées à construire de latrines pour eux et pour leurs proches, lors du lancement de la campagne Fasotoilette dans cette localité, le vendredi 14 avril 2017.

Au moins quinze personnes se sont engagées pour la construction de 30 toilettes au profit des plus démunis dans la commune de Liptougou, où seulement 5% de la population ont accès à l’assainissement.

Egalement, six sacs de ciment ont été offerts par un habitant du village dans le but d’aider à construire des latrines.

« Au vu de ce qui se passe, on voit que cette opération est une bonne initiative, parce que nous pensions que ça allait être des salariés qui allaient s’engager, mais là on constate que même jusqu’au niveau village, les conseillers, les leaders villageois et des personnes lambda viennent s’engager pour pouvoir réaliser des latrines, non seulement pour eux-mêmes et pour leurs voisins, leurs proches parce », s’est réjoui le responsable des opérations de l’Organisation non gouvernementale, IRC Burkina, Firmin Hilaire Dongobada.

Pour M. Dongobada, ce lancement est « un bon exemple (à) reproduire dans d’autres communes (en vue) d’inviter d’autres acteurs, ONG et projet ailleurs à, aussi, s’inspirer de ça », souhaitant que « partout au Burkina, dans toutes les communes qu’on aille toucher tous ceux qui peuvent s’engager dans la solidarité pour qu’il y ait un meilleur accès à l’assainissement ».

Tibandiba Sougli, maire de Liptougou

Quant au Maire de Liptougou, localité située à 75 km de Bogandé, chef-lieu de la province de la Gnagna, Tibandiba Sougli, il s’engage à réaliser cinq latrines pour des personnes démunies et rassurant que sa commune est « entièrement engagée » à faire en sorte que « chaque ménage ait sa toilette d’ici là », invitant la population à s’entraider.

« Je vois que c’est une nécessité pour nous actuellement car il y a plein de maladies qui sont liées à l’hygiène et à l’assainissement », a affirmé Emanuel Sougli technicien communal eau et assainissement, qui s’est à offrir deux toilettes.

« S’autoréaliser, c’est très important du moment où on comprend l’importance des latrines, nous voyons que nous arriverons à supprimer certaines maladies dans notre société », a poursuivi M. Sougli.

Le responsable des opérations de l’IRC Burkina, Firmin Hilaire Dongobada

Selon le responsable des opérations de l’Organisation non gouvernementale, IRC Burkina, l’initiative Fasotoilette est d’amener chacun à offrir des latrines à sa famille et à ses proches, car « les projets et programmes, les financements des bailleurs ne vont jamais suffire à ce que tout le monde ait un ouvrage d’assainissement chez lui », invitant « les populations à se départir de cet attentisme vis-à-vis des aides ».

« La question de l’assainissement touche tous les Burkinabè dans leur milieu de vie, ce sont des questions privées avant d’être d’ordre public. Ce qui signifie que  chacun doit pouvoir faire un effort, pourtant jusqu’aujourd’hui, tout le monde compte sur une subvention  de l’Etat ou d’une ONG pour pouvoir se construire des latrines alors qu’avec ça, on ne va  jamais arriver à avoir des latrines pour chaque ménage Burkinabè », a indiqué Firmin Hilaire Dongobada.

Au Burkina, « 9 300 000 de personnes défèquent au quotidien dans la nature », soit « 1 400 tonnes d’excréments humains rejetés dans la nature sans précaution ni traitement, polluant les eaux et transmettant toutes sortes de maladie », selon des données officielles. Un état de fait que l’ONG IRC et ses partenaires souhaitent changer en encourageant les populations à s’autofinancer pour réaliser des latrines pour leur famille et leurs proches.

Daouda ZONGO