La Coordination nationale des syndicats du privé et de l’économie informelle a appelé, face à la presse ce vendredi 6 mars 2020, ses militants, composés essentiellement de commerçants, « à se démarquer » de la marche lancée par les syndicats du public pour demain samedi 7 mars, en vue de protester contre l’application de l’Impôt Unique de Traitements et Salaires (UITS), jugé « cynique et inique ».
La coordination, composée de 12 fédération, de syndicat et d’association, revendiquant de mobiliser plus de « 42 000 membres a jugé indispensable de donner (sa) lecture sur la situation socio-économique que traverse le Burkina Faso ». « Nous demandons à nos militants de vaquer paisiblement à leur occupation (et) de se démarquer de toutes actions susceptible d’éprouver le climat social », a déclaré le porte-parole de la Coordination nationale des syndicats du privé et de l’économie informelle, Nouphe Bamogo.
Selon lui et ses camarades soutenus par une forte assistance de leur militants à la Bourse du Travail, de leur constat, de 2015 à 2020, le Burkina Faso est « constamment endeuillé suite à des attaques terroristes » qui impactent « fortement sur l’économie nationale ». Et, dans ce contexte sécuritaire fragile en plus des multiples arrêts de travail au niveau de l’administration publique, à les en croire, ils sont les « plus touchés ».
En plus de ces difficultés est venu s’ajouter la question de la fronde sociale qui s’annonce à travers l’application de l’IUTS au niveau des salariés du public. La coalition qui se dit « soucieuse » de la préservation d’un climat apaisé, dit suivre avec une « attention particulière » cette situation puisque les « acteurs du privé et de l’informel, contribuent fortement à l’économie du Burkina à travers les paiements de multiples taxes et impôts depuis des décennies ».
Selon les chiffres de cette coalition, leur contribution en termes d’impôt, rien que pour le secteur de l’orpaillage, rapporte au budget national, un montant estimatif de « plus de 10 milliards FCFA par an ».
Les conférenciers du jour, face à la question de l’IUTS qui opposent syndicats et gouvernement, estiment pour leur part que « seul le dialogue » doit prévaloir dans ce bras de fer. Mais, ils se disent « conscients que le développement d’un pays doit se faire avec la mobilisation des ressources propres avant de se retourner vers les partenaires extérieures », craignant qu’une fronde sociale profonde en arrive « à une paralysie de l’économie (qui) impactera négativement » sur leurs affaires.
La coalition a adressé des recommandations à l’endroit du gouvernement et des syndicats de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B). Au gouvernement elle lui demande « d’être ouvert au dialogue avec les syndicats, de veiller à un meilleur partage des richesses de la nation, de respecter la parole donnée (engagements pris) et de promouvoir la bonne gouvernance ».
Quant aux syndicats du public, la coalition des syndicats de l’informelle leur demande « d’accepter retourner à la table du dialogue (et) à œuvrer pour un apaisement du climat social ».
La coalition dit tenir « à une justice sociale égale pour tous sans discrimination aucune et sans exception ». Elle a martelé qu’« au cas où le gouvernement viendrait à décider de la suppression de l’IUTS sur les primes et indemnités des agents du public, qu’il en soit également pour le privé et d’annuler toutes les taxes et impôts au niveau de l’informel ».
Par Bernard BOUGOUM