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Burkina: deux jours pour redéfinir les relations internationales de l’Afrique

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Deux jours ont été consacrés, lors d’un forum, à la redéfinition des relations internationales de l’Afrique dans un contexte de politiques mondiales clivant. Des experts en géopolitiques et stratégies du continent se sont réunis du 27 au 28 juin 2024, à Ouagadougou, en colloque interétatique africain, pour réfléchir sur «La politique étrangère des Etats de l’Afrique à l’aune des reconfigurations géopolitiques».

Près de 200 participants se sont retrouvés, les jeudi 27 et vendredi 28 juin 2024, à Ouagadougou, à l’occasion d’un colloque international africain afin de décrypter, de réorienter, voire réinventer les rapports bilatéraux et/ou multilatéraux de l’Afrique avec les Etats les plus puissants de la planète. Un colloque organisé et dirigé par le Centre national d’Etudes stratégiques-Burkina Faso (CNES-BF).

 

Durant deux jours donc, des chercheurs et enseignants-chercheurs burkinabè, des chercheurs d’instituts de recherches nationale, des enseignants-chercheurs d’universités africaines et européennes, des diplomates et des très-hauts responsables militaires du pays, des experts et professionnels d’administration publique ainsi que des représentants d’institutions et d’organisations de la société civile ont revu à la loupe les rapports du continent noir avec le reste de monde. Cela, dans un contexte d’effervescences sociopolitiques et sécuritaires.     

«Les changements opérés à la tête des Etats comme le Burkina Faso, le Niger et Mali, consécutifs, entre autres, à la persistance des attaques terroristes dans la bande sahélo-sahélienne, le départ des troupes étrangères de ces trois pays suite aux dénonciations des accords de coopération militaire avec certains partenaires, la création de l’Alliance des Etats du Sahel ainsi que les décisions de retrait de ces trois pays de la Cédéao, les périodes de la Covid constituent des faits majeurs qui illustrent éloquemment le changement du contexte géopolitique et géostratégique ouest africain», a introduit déjà, dès la première journée, dans son discours d’ouverture, la représentante du ministre burkinabè des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur, Eldine Stella Kabré née Kaboré.

 

Cependant, cette illustration du contexte sous régional n’est pourtant qu’une dimension de la complexité du monde.

«D’autres faits comme la guerre en Ukraine, la résurgence du conflit israélo-palestinien, la revendication d’un monde multipolaire, entre autres, ont fini par convaincre que la géopolitique mondiale serait en pleine reconfiguration», a aussi rappelé celle qui sera à la seconde journée, la modératrice du «Grand panel de la diplomatie» en Afrique, Mme Kabré.

C’est un panel qui a mobilisé l’expertise d’un imminent diplomate de carrière et ancien chef parlementaire national, Mélégué Traoré, de la Nigérienne, Mamane Sambo Sidikou ainsi que celle du Mali, Hawa AW.

Dans son allocution de bienvenue, le Directeur général du Centre national d’Etudes stratégiques (CNES), le Général de Brigade Aimé Barthélémy Simporé, après avoir traduit les gratitudes du centre aux éminentes personnalités ayant fait le déplacement de Ouagadougou, a sacrifié de manière solennelle au devoir de mémoire en hommage aux victimes civiles et militaires du terrorisme au Burkina Faso, au sahel, dans le bassin de lac Tchad et dans le monde.

La deuxième édition du colloque des nations africaines à Ouagadougou sur les enjeux politiques, historiques, sécuritaires stratégiques, diplomatiques, culturelles, relationnelles, etc… a reçu des expertises venues du Mali, du Niger, du Sénégal et notamment du Cameroun avec une délégation conduite par le Pr Yves Mandjem de l’Université Yaoundé II. Il fut celui qui à prononcer la leçon inaugurale, discours qui a permis de jeter les bases théoriques sur la thématique centrale.  

«Comme nous le savons tous, le monde à l’heure actuelle reste très difficile à appréhender au regard de son caractère complexe et de la vitesse de ses transformations. Face à un tel constat, la réflexion comme capacité à examiner une idée ou à approfondir l’analyse d’une situation bien donnée se pose en outil indispensable devant permettre à chaque entité d’explorer les voies et moyens pour son édification selon sa culture, sa vision et ses capacités propres», avait, dès la première journée, lancé dans son allocation, la représentante du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’Extérieur, Dame Kabré née Kaboré.  

Au total, sur les deux jours, près de 80 interventions ont eu lieu au cours des six panels dont celui de haut niveau.

La première conférence s’intitulait «Panel 1: Sécurité intérieure et politique étrangère du Burkina Faso: dynamique et dialectique de deux secteurs d’action publique à l’aune des défis sécuritaires hybrides». Elle a été développée d’une part par Moussa Thiombiano de la Police burkinabè et de Anne Ines Alem M’Fula de l’université Yaoundé II.

A l’issue des différents panels, des recommandations majeurs ci-dessous peuvent être retenues: l’accroissement de la coopération transfrontalière, l’acceptation d’une inclusion de l’hégémonie dans la perspective de la coopération interrégionale africaine, l’appropriation des organisations de sécurité régionale par les Etats africains et leur autonomisation financière, l’élaboration d’une politique étrangère africaine commune à l’égard des puissances africaines.

Deux actes ont ponctué la seconde journée, la cérémonie de clôture. A savoir, la proclamation des résultats du grand prix de la recherche stratégique et la lecture du rapport général.

Présidé par le Pr Augustin Louanda, le jury, après avoir rappelé les règles de participation, a tenu à remercier les candidats ayant pris part à cette première édition du Grand prix de la recherche stratégique composée d’un prix junior et d’un prix sénior. Puis, le Constitutionnaliste burkinabè a conclu par la livraison des résultats.       

 

«Le jury, après études et analyses des différents sujets traités, a décidé de ne pas attribuer de prix cette année en raison des exigences élevées consacrées par les Travaux de Recherches (TDR) et de la qualité décevante d’ensemble des travaux reçus.  Le jury encourage cependant la communauté des chercheurs à redoubler d’efforts pour les problématiques à venir», a décliné le juriste et ex-ministre burkinabè de la Fonction Publique, du Travail et de la Sécurité Sociale, sous la transition politique de 2015.  

Une photo de famille a mis fin à la deuxième et dernière journée de la cérémonie du Centre national d’Etudes stratégiques-Burkina Faso (CNES-BF) de l’année 2024.   

Pour rappel, l’année dernière, la thématique de réflexion de la première édition portait sur les ruptures et anticipations stratégiques des pays africains à l’égard des puissances mondiales. Des questionnements qui avaient permis de mettre le doigt sur les différentes problématiques que connaissaient les Etats africains du sahel central et ceux de l’Afrique.

Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)