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Burkina: Dr Fayama alerte sur la décadence du Balafon, «un instrument d’inspiration culturelle»

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Le balafon goin au Burkina Faso, des origines aux fonctions de Tionyélé Fayama aux éditions L'Harmattan

L’enseignant-chercheur en sociologie, le Dr Tionyélé Fayama, de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, dans son livre intitulé: «Le Balafon Goin au Burkina Faso: des origines aux fonctions», a alerté sur la décadence du Balafon, «un instrument d’inspiration culturelle». Dans cet ouvrage de 160 pages, le chargé de recherche au Centre national de la recherche scientifique et technologique du Burkina Faso s’adonne à la présentation d’un objet ancestral, fort identitaire et culturel, de l’ethnie Goin tout en regrettant sa décadence dans un monde post-moderne à émergence commerciale.

«Parler de Balafon pour les profanes, revient à parler d’un simple objet de réjouissance, mais pour les spécialistes, c’est évoquer un instrument à vocation culturelle», a déclaré l’auteur Fayama dans les premières pages de son essai consacré au balafon, le xylophone noir. Dans «Le Balafon Goin au Burkina: des origines aux fonctions», le sociologue révèle en six chapitres, un objet culturel goin datant de l’Égypte antique, puis légué à l’Empire mandingue à travers des «esprits» sous Massa Kourounani, «empereur à quatre têtes» en langue Bambana.

Selon Dr Tionyéle Fayama, le Balafon est «un instrument de musique, soigneusement et artistiquement ouvragé en bois et finalement élaboré, avec des gourdes en calebasses au même nombre que les lames de l’instrument servant de caisses de résonances dont l’ensemble est régi par un support. Classé parmi les idiophones (objet produisant lui-même son propre son), il est tapé par des baguettes au bout renfermant une boule de caoutchouc». Cependant, l’outil de langage et de communication est sous une forme diverse (16 à 20 lames) et variée (le djélibala, le turukanbala ou nkusunbala), et cela selon la destinée. Ainsi, on a le balafon «gbonga» à caractère ancestral (sacré) qui se dénote du «djôbonga», plus festif, et destiné à la jeunesse chez les Ciraamba (goin).

Du Mali à la Sierra Léone en passant par la Guinée et la Côte d’Ivoire, l’objet «mythique» des Çerma se présente, comme «un xylophone composé de planchettes d’inégales longueurs savamment taillées, dans du bois et soigneusement rangées sur un support de forme trapézoïdale également en bois ou en bambou». Quant aux fonctions, le Balafon en remplit de multiples et en décrypte, aussitôt, l’ancrage socioculturel du peuple auquel il appartient.

Aussi, le Balafon, dans la société goin, s’affirme en tant qu’«objet de sens et de pouvoir permettant justement de transmettre à ce peuple oralement les traditions, son histoire, ses mythes fondateurs. Ce qui lui confère le statut de passeur de culture dans cette société où l’oralité occupe une place de choix».

Des fonctions qui ont d’ailleurs valu à cet instrument de musique des territoires de l’ouest du Burkina une inscription, en 2012, sur la liste représentative du patrimoine culturel et immatériel de l’humanité par l’Organisation des nations-unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) à Paris (France).

Si le xylophone Çerma a traversé le temps et les contrées, l’enseignant dans les universités du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) déplore, par ailleurs, le mépris et l’ignorance qu’ont les nouvelles générations goin sur le Balafon au nom du Christianisme ou de l’Islam. Pire, s’est offusqué Dr Tionyéle Fayama, le vent de la modernité introduit en pays goin par le colon d’hier et certains Hommes politiques d’aujourd’hui, a fini par «désacraliser l’inspiration (le balafon) octroyée des génies » au peuple fanamba, a conclu l’auteur.

Publié, en mai 2021, aux Editions l’Harmattan, le livre a été préfacé par le Maître de conférence en sociologie, Bowendsom Claudine Valérie Rouamba née Ouédraogo (Burkina Faso).

Par Lassané SAWADOGO (stagiaire)