L’Opposition politique burkinabè, lors de son point de presse ce mardi 14 avril 2020, a demandé au gouvernement, d’« éviter de sauter dans l’inconnu avec l’avenir des enfants » après que l’Exécutif a manifesté son intention de procéder à la reprise des cours dans les établissements scolaires et universitaires le 28 avril prochain, à un moment où des Burkinabè estiment que la maladie à Coronavirus n’est pas encore contenue dans le pays enregistrant déjà 28 décès à ce jour.
Déclarée au Burkina il y a un peu plus d’un mois, le Coronavirus a visiblement impacté de façon négative la vie socio-économique du pays des « Hommes intègres ». Cela a conduit à la suspension des activités académiques depuis un mois. Alors, dans un communiqué des ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur, il est prévu la reprise des cours, le 28 avril prochain, soit dans deux semaines. Ce qui inquiéterait de nombreux parents d’élèves qui estiment que le pays est « toujours en pleine crise sanitaire ».
Pour l’opposition, la décision de la reprise des cours est « unilatérale » et « ne (lui) semble pas judicieuse ». Pour la Coalition des partis opposés au régime actuel, « la meilleure solution, c’est celle arrêtée de commun accord avec tous les acteurs (ministère de la Santé, enseignants, parents d’élèves, élèves, responsables d’établissements, …) ».
« Il faut éviter de sauter dans l’inconnu avec l’avenir des enfants. Rouvrir les écoles demande des garanties suffisantes quant à la sécurité et la santé des enseignants et des élèves. En tout état de cause, s’il y a reprise, il faudra privilégier les classes d’examen où il y a plus d’urgence », a déclaré l’un des conférenciers en la personne de Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti de l’ancien chef de l’Etat, Blaise Compaoré. Pour M. Komboïgo, « la distribution de cache-nez et de savon achetés à plusieurs milliards FCFA » ne saurait être acceptée comme solution à ce problème.
Concernant les marchés dont les commerçants demandent une réouverture imminente, l’opposition estime qu’il faudra les rouvrir à « l’expiration » de la décision qui prend fin le 20 avril, avec des mesures strictes de sécurité sanitaire à savoir les filtrages au niveau des entrées, les lavages obligatoires des mains, le port de masques, les contrôles de température, l’équipe de veille, etc. Pour Eddie Komboïgo, assisté ce jour par Yumanli Lompo, président du Parti national des démocrates sociaux (PNDS), « il le faut parce que notre pays n’a pas les moyens d’une fermeture prolongée des marchés (car) la plupart vivent au jour le jour, et leur priver de leur pitance quotidienne reviendrait à créer un problème aussi grave que le Coronavirus ».
Au cours de cette conférence, l’Opposition politique a également abordé la « crise sécuritaire qui continue de faire des ravages dans notre pays ». Elle demande une meilleure protection des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). L’Opposition a réitéré son appel à une « solution diplomatique par la négociation plutôt que de continuer dans des errements orgueilleux qui endeuillent chaque jour les Burkinabè ».
L’Opposition dit craindre à l’approche de la saison pluvieuse, « une famine » si le pouvoir ne trouve pas de solution pour les « 800 000 déplacés internes qui ont fui leurs champs et abandonné tout derrière eux ».
Par Bernard BOUGOUM