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Burkina/Elèves atteints du Covid-19: des témoignages

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Des élèves de l'ENAM @Lefaso.net

Les autorités sanitaires burkinabè chargées de la lutte pour l’élimination du coronavirus, maladie fortement contagieuse, ont publié une liste de 76 énarques « atteints » du virus. Des élèves, qu’ont dit testés positifs, joints ce lundi 14 septembre 2020 par Wakat Séra ont bien voulu s’exprimer sur le sujet, sous couvert de l’anonymat.

Selon ces énarques, considérés désormais par la cellule de gestion du Covid-19, comme des patients ayant désertés leur lieu de confinement, les autorités administratives et sanitaires sont à « blâmer » dans cette affaire. Et cela, parce qu’à les en croire, tout a commencé depuis le début de la formation militaire, c’est-à-dire le 9 août dernier, où près de 800 énarques ont embarqué pour le camp du Groupement d’ instruction des forces armées (GIFA) à Bobo- Dioulasso, pour un stage.

Ces désormais patients de la maladie qui s’est déclarée en Chine et qui sévit dans le monde depuis fin décembre 2019, accusent les premiers responsables de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) et du Centre des opérations de réponse des urgences sanitaires (CORUS), la cellule de lutte anti-Covid-19, « d’irresponsabilité » dans cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive.

De leurs informations, il ressort qu’avant le départ des élèves pour la formation à Bobo-Dioulasso, « tous les énarques étaient sensés faire trois tests du Covid-19 » et ils ont « fait les tests et tout le monde était déclaré négatif » quand les résultats leur ont été communiqués. Mais curieusement, « c’est à l’appel général qu’il est ressorti qu’il y a des gens qui n’ont pas fait le test dès notre arrivée » dans la capitale économique du Burkina, se sont étonnés nos interlocuteurs qui se seraient « confinés ».

Pour ces derniers, depuis le départ de l’organisation de cette formation militaire, les autorités sanitaires et administratives, bien qu’ayant découvert des cas de contagion, auraient « minimisé » la situation qui s’est aggravée avec le temps. « Nous avions dit que la situation sanitaire ne s’y prêtait pas (pour la formation, NDLR) mais le directeur général et le CORUS nous ont rassuré qu’il n’y a pas de problème », ont-ils affirmé.

Ils disent ne pas comprendre pourquoi, dès le début de la formation, selon des chiffres des autorités sanitaires, « plus de 70 énarques ont été isolés pour des tests qui ont révélé qu’en leur sein, il a été détecté des cas positifs », mais quand même la formation a été maintenue. Selon leur explication, ce serait ainsi qu’après, d’autres personnes dont deux militaires, des formateurs, ont été aussi diagnostiqués positifs, mais « ils n’ont pas été isolés du camp ». Ce qui aurait, toujours selon leur logique, augmenté le nombre d’atteint du coronavirus qui est passé du coup à « 21 cas ». « Et en ce moment, ni le CORUS, ni les autorités administratives de l’ENAM n’ont pas intervenu pour dire que la situation sanitaire n’était pas ça et de suspendre le test », ont-ils dit.

Au regard de tous ces éléments développés, ces « patients asymptomatiques » du Covid-19, selon les données techniques de la cellule, estiment que si « dès le départ, la Fonction publique et le gouvernement n’ont pas été capables d’annuler le stage, ce n’est pas à (eux) d’assumer les conséquences » comme annoncer par le directeur général de l’ENAM.

Ces énarques dont les noms circulent sur les supports de communication refusent le fait qu’on les considère comme des déserteurs. Il n’est pas question de cela, selon nos sources qui ont précisé que le samedi, les autorités administratives de l’ENAM et du GIFA ont libéré tous les élèves car la formation était finie. Mais, il s’est posé un problème de car pour ramener en même temps tous les énarques et certains ont pris l’initiative de rentrer chez eux par leur moyen. Ce serait sur ce fait qu’on les accuse de désertion.

Ils ont demandé, enfin de compte, à leurs camarades étant concerné par la situation, de « ne pas paniquer et d’éviter » de réagir avec « des publications sur les réseaux sociaux », consignes que leur auraient donné des amis magistrats et avocats. Les hommes en robe leur auraient en outre demandé d’être « sereins » parce qu’ils n’ont pas commis de « faute professionnelle qui mérite une sanction », au yeux du droit.

Ces désormais contaminés du coronavirus qui se sont ouverts à Wakat Séra, ont demandé aux autorités de « revoir la communication et ne pas (les) accuser car les énarques ne sont pas aller d’eux même à Bobo malgré la situation sanitaire ».

Ils lancent enfin un appel à tous les diagnostiqués positifs au Covid-19, d’appeler le 3535 pour leurs prises en charges et autres consignes avisées.

Par Bernard BOUGOUM