Le magistrat burkinabè de 37 ans, Elysé Ouédraogo, élu président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) le 29 juillet 2021, en remplacement de Newton Ahmed Barry en fin de mandat, a pris officiellement la tête de l’organe électoral du Burkina Faso, le lundi 2 août 2021.
La passation de charges entre le président de la Ceni entrant, Elysé Ouédraogo et celui sortant, Newton Ahmed Barry, a eu lieu, dans la matinée de ce lundi 2 août 2021, au siège de la commission électorale à Ouagadougou.
Pour le président sortant, la présente cérémonie «symbolise le charme de la démocratie et de l’alternance». «Elle en est le charme et en même temps la mélancolie. Car prendre service, c’est déjà penser à ce moment redoutable de la passation de service. Redoutable, car c’est le moment fatal du bilan».
Du point de vue institutionnel, il dit laisser «en héritage, une Ceni qui a maintenu et renforcé la tradition des élections ou les vaincus vont féliciter le vainqueur». «Nous avons donc maintenu ce challenge inauguré en 2015», a-t-il déclaré, pensant «modestement avoir apporté de la terre à la terre et maintenue plus vivante la termitière Ceni».
Selon M. Barry, son équipe a été «la première à avoir organisé des élections sous un Burkina dont 30% du territoire est inaccessible» et celle de Elysé Ouédraogo, sera la deuxième à organiser dans moins de 10 mois, une grande élection dans un Burkina Faso où la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée depuis le 22 novembre dernier». Il a tenu à souhaiter «beaucoup de chance» à son successeur et son équipe.
Le bilan de Newton Ahmed Barry
Nous avons réduit le coût de l’opération électorale, malgré l’insécurité, malgré l’augmentation substantielle des électeurs ; il y a eu en effet, 1,2 millions nouveaux électeurs, du nombre de BV, malgré le vote des Burkinabè de l’extérieur, dans 22 pays à l’étranger, malgré la COVID 19. L’opération électorale du 22 novembre a coûté moins cher que celle de 2015.
Sur le coût de l’enrôlement des électeurs, nous avions prévenu, dès notre arrivée en responsabilité, que notre mode d’enrôlement des électeurs était inutilement coûteux et peu performant. Hélas, c’est encore lui qui a grevé le coût de nos élections, pour près 33 milliards, là où l’opération électorale n’a coûté que 21 milliards, en vérité, 20,6 milliards que nous avons arrondi à 21 milliards.
Aujourd’hui je le répète, il est possible d’enrôler à zéro franc, si nous le voulons bien. Quand je dis ça, il ne s’agit pas d’une simple incantation. Nous avons pu construire un mécanisme à 300 millions de francs avec nos jeunes informaticiens burkinabè qui nous permette de le réaliser. A titre de comparaison, le système que nous avons acheté aux multinationales nous a coûté autour de 20 milliards (tout le backage). Tous les ans, nous devons provisionner 200 millions pour les différentes mises à jour et les entretiens de ce matériel. Comme nous n’y arrivons pas, l’obsolescence du matériel est accélérée. Le manque de maintenance adéquat conjugué à l’obsolescence programmé de tout logiciel et de tout matériel informatique sophistiqué fait que, tous les cinq ans, il nous faut dépenser des dizaines de milliards pour acquérir des nouveaux Kits et des nouveaux logiciels.
Nous ne sommes pas condamnés à cela, si nous le voulons bien.
En 2016, nous avions aussi dit, que malheur à celui qui ne fait pas mieux que son devancier.
A ce niveau aussi, voilà ce que nous vous laissons en héritage.
En 2016, nous avions hérité de 70 millions de carburant. Nous vous laissons aujourd’hui 350 millions de carburant. Soit 5 fois plus que ce nous avons hérité.
En termes de ressources financières, nous vous laissons 275 millions de F CFA, hors budget de fonctionnement, qui va faciliter que vous puissiez vous déployer rapidement, au regard des urgences à affronter pour être au rendez-vous du 22 mai 2022. Ces ressources nous les avons obtenu de la CEDEAO et nous les avons réservés aux municipales.
Toujours dans la même solidité institutionnelle de notre CENI, spécifiquement dans l’amélioration des conditions de travail du personnel, nous laissons une mutuelle des travailleurs dynamisée qui a dans son compte aujourd’hui plus de 4 millions de francs CFA.
Elle peut assurer aux travailleurs de la CENI l’assurance maladie jusqu’en fin janvier 2022. Cette assurance coûte 56 millions de francs.
Enfin, c’était notre promesse et elle sera tenue, dès la reprise gouvernementale en septembre, l’indemnité électorale, pendant les sessions va être substantiellement améliorée, surtout pour le personnel administratif et technique.
Le président entrant de la Commission électorale nationale indépendante, Elysé Ouédraogo, a remercié l’ensemble des acteurs dont «la contribution, la hauteur de vue et le sens élevé de l’intérêt général ont permis d’arriver à bout de la situation difficile (…) traversée dans le processus de mise en place de cette nouvelle (équipe de la) Ceni».
M. Ouédraogo a appelé l’ensemble des acteurs du processus électoral à se mobiliser avec l’équipe de la Ceni afin de faire face aux différentes échéances qui sont à court terme, notamment les élections municipales. «Nous avons besoin de la mobilisation rapide de l’ensemble des acteurs pour que nous puissions mettre en route un processus devant nous permettre d’aboutir à un scrutin dont les résultats qui en seront issus feront honneur à tout le monde», s’est-il exprimé.
Il a par ailleurs rendu hommage à ses prédécesseurs, notamment, à Newton Ahmed Barry, qui ont construit les bases sur lesquelles s’est appuyé l’équipe sortante et s’appuiera également l’équipe entrant pour faire progresser les qualités des processus électoraux.
«L’autorité est un service, et je vous invite, commissaires et personnel, à être au service des élections dans notre pays en toute intégrité, objectivité, probité et avec loyauté, honneur et patriotisme comme le prescrit le serment que nous avons prêté devant le Conseil constitutionnel», a-t-il conclu en s’adressant à son équipe qui a la charge de la conduite des processus électoraux à venir au cours des cinq prochaines années.
Par Daouda ZONGO