Onze soldats burkinabè tués en une semaine par des hommes armés manipulant avec art les engins explosifs. Le mardi 25 septembre, toujours dans cette même maudite semaine, ce sont 12 civils qui ont trouvé la mort du fait encore d’individus armés non identifiés, non loin de Ménaka, dans le nord du Mali. Ces récentes tueries ne viennent que rallonger une longue, très longue liste macabre qui renforce l’insécurité dans le Sahel qui est devenu le sanctuaire de terroristes et grands bandits qui sèment la terreur sans crainte, et surtout sans relâche. Pire, les assauts répétés des armées de chaque pays ou sous le sceau de regroupement de forces nationales sont comme un stimulant pour ces hommes sans foi ni loi dont les opérations se multiplient dans le seul but de semer la mort et une psychose sans pareil au sein des populations. Ce n’est donc pas de la résistance que les assassins ne rencontrent pas, car les ripostes et même les offensives contre leurs repaires se multiplient. Mais la réplique donnée par les armées avec l’appui constant de la force française Barkhane, de la Mission des Nations Unies au Mali (Minusma) et même des GI’S américains n’ont pas réussi à mettre hors d’état de nuire cette hydre dont les multiples têtes repoussent aussitôt tranchées.
Les terroristes sont-ils plus stratèges et mieux équipés que les forces censées lutter contre elles? Ou bien bénéficient-ils d’une complicité qui leur assure une protection contre toute destruction définitive? Toutes ces questions et bien d’autres taraudent l’esprit des populations, et surtout les Forces de défense et de sécurité, livrées pratiquement au quotidien aux frappes meurtrières de terroristes assoiffés de sang. S’il faut regretter le pilonnage à l’artillerie lourde de la France de Nicolas Sarkozy et de ses alliés qui ont fait de la Libye une poudrière à ciel ouvert qui ravitaille les terroristes en armes les plus sophistiquées, on ne saurait occulter le dénuement des armées africaines dont les troupes manquent de tout. Il faut surtout déplorer l’état des services de renseignement qui n’existe souvent que de noms ou ne servent qu’à surveiller les adversaires politiques du pouvoir. Pourtant dans cette guerre asymétrique qui ne respecte aucune des normes enseignées dans les écoles et centre de formation militaire, le maillon renseignement est le plus important. C’est le RG comme on l’appelle dans le jargon qui permet aux militaires d’anticiper et non de végéter dans la réaction ou souvent la fuite que certains qualifient pudiquement de repli stratégique devient le seul moyen de survie face à la puissance de feu d’adversaires qui viennent au front pour mourir.
C’est certain, l’heure est grave dans un Sahel où les populations sont terrorisées et vivent sous la hantise constante des attaques. Tourisme touché, économie à terre, et même la vie tout court devenue très aléatoire. Ainsi va le Sahel dont la force conjointe pensée par les cinq pays, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Mali et Tchad, avec le soutien de la France, peine à trouver les ressources qui vont lui donner véritablement vie. Peut-être que la fumée blanche s’élèvera de la 73è Assemblée Générale de l’Onu qui se tient actuellement à New York. Les pays du G5 Sahel, par la voix du Malien, Ibrahim Boubacar Keïta l’espèrent en tout cas, eux qui appellent leurs partenaire bilatéraux et multilatéraux à respecter leurs engagements à remplir l’escarcelle du G5 Sahel. Ils espèrent surtout que l’institution mondiale acceptera de mettre enfin la force du G5 Sahel sous son giron pour lui offrir l’espoir de vivre durablement. Sinon le bébé peine à tenir sur ses deux pieds. Pendant ce temps, le terrorisme et le grand banditisme tournent à plein régime.
Par Wakat Séra