Le Premier ministre burkinabè Christophe Dabiré dans son discours d’ouverture à l’occasion du Conseil conjoint de gouvernements de la neuvième Conférence au sommet du Traité d’Amitié et de Coopération entre la République de Côte d’ivoire et le Burkina Faso, a déclaré qu’«aujourd’hui, la réouverture» des frontières entre les deux pays, fermées pour limiter la propagation de la Covid-19, «se pose avec acuité». En plus de cette épineuse question, le chef du gouvernement s’est aussi prononcé sur plusieurs sujets dont le terrorisme et la lutte contre la pandémie du coronavirus. En conséquence, nous publions in extenso son discours.
DISCOURS D’OUVERTURE DE SON EXCELLENCE MONSIEUR CHRISTOPHE JOSEPH MARIE DABIRE, PREMIER MINISTRE,
-Monsieur Patrick Jérôme ACHI, Premier Ministre, Cher frère et ami ;
-Mesdames et Messieurs les membres des gouvernements de la République de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso ;
-Distinguées personnalités ;
-Mesdames et Messieurs ;
Je voudrais, tout d’abord, remercier très sincèrement le Gouvernement et le peuple ivoiriens pour l’accueil chaleureux, amical et fraternel qui m’a été réservé ainsi qu’à ma délégation depuis notre arrivée dans cette belle ville d’Abidjan.
Je me réjouis fortement de cette occasion solennelle qui nous est offerte de nous retrouver ici, pour magnifier, une fois de plus, l’excellence des liens séculaires d’amitié, de fraternité et de solidarité entre la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
Monsieur le Premier Ministre, cher frère et ami ;
Distinguées personnalités ;
Mesdames et Messieurs ;
Nos peuples respectifs perçoivent le Traité d’Amitié et de Coopération entre nos deux pays comme un des leviers de la réalisation de leurs profondes aspirations.
C’est pourquoi, sous les leaderships éclairés de Leurs Excellences Monsieur Alassane Ouattara et Monsieur Roch Marc Christian KABORE, nous poursuivons l’œuvre de la consolidation de l’Axe stratégique Yamoussoukro-Ouagadougou à travers la mise en œuvre de projets novateurs au bénéfice de nos pays respectifs.
Monsieur le Premier ministre
Durant ces dernières années, nos deux Etats ont été particulièrement éprouvés par des évènements qui ont malheureusement affecté à la fois la vie politique, sécuritaire et sanitaire de nos nations.
En effet, le Gouvernement et le peuple burkinabè ont été profondément touchés par la disparition de deux de vos illustres fils : Monsieur Amadou Gon Coulibaly et Monsieur Hamed Bakayoko, tous deux, Premiers Ministres de Côte d’Ivoire, décédés alors qu’ils étaient en fonction.
Leur forte implication dans la mise en œuvre du TAC a été reconnue par le Gouvernement du Burkina Faso qui leur avait décerné les distinctions honorifiques de Grand Officier de l’Ordre de l’Etalon, en juillet 2019, à Ouagadougou.
De même, dans notre lutte commune contre le terrorisme, de valeureux combattants de nos Forces de Défense et de Sécurité sont tombés sur le champ d’Honneur, pour défendre nos patries respectives. Au-delà de ces pertes inestimables, les massacres inacceptables des populations civiles au Burkina Faso, sont venus accentuer la douleur du Peuple burkinabè.
Je voudrais donc, au moment où nous entamons nos travaux, rendre un hommage appuyé à toutes les victimes de cette barbarie, et en particulier, à ces deux personnalités, acteurs majeurs du TAC, en vous invitant à observer une minute de silence en leur vénérée mémoire.
Silence
Monsieur le Premier Ministre, cher frère et ami,
Le traditionnel Conseil conjoint de Gouvernements nous donne l’occasion de faire l’état de notre magnifique coopération afin, non seulement d’identifier les défis mais aussi d’envisager des solutions à même d’impacter sa bonne marche.
Le présent Conseil conjoint que j’ai l’immense plaisir de coprésider avec vous, nous permettra d’examiner les conclusions des travaux menés par les experts de nos délégations respectives et qui seront par la suite soumises à la très haute attention des Chefs d’Etat de nos pays. Ce Conseil est également consacré à l’examen des projets d’Accords qui ont fait l’objet de discussion entre nos équipes techniques, afin de renforcer le cadre juridique de la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
Je tiens à souligner que depuis la précédente Conférence au Sommet, tenue en juillet 2019 à Ouagadougou, nous avons enregistré avec satisfaction, des progrès substantiels dans le cadre la mise en œuvre des recommandations de notre fructueuse coopération.
Au-delà des projets prioritaires, les avancées touchent les secteurs de la défense et de la sécurité, de la diplomatie, du commerce, de l’artisanat, du tourisme, de la culture, des infrastructures routières et ferroviaires, de l’énergie, des mines, de la coopération administrative décentralisée et transfrontalière, de la justice, des droits humains et j’en passe.
Si la satisfaction actuelle est légitime et réelle, nous nous devons cependant de redoubler les efforts communs visant à conduire à terme, les multiples chantiers ouverts dans le cadre du Traité d’Amitié et de Coopération. En effet, faut-il le rappeler, l’objectif de ce beau mécanisme est le développement de nos deux (02) pays et l’épanouissement des peuples ivoirien et burkinabè.
A cet effet, les Gouvernements ivoirien et burkinabè doivent conjuguer constamment leurs efforts, pour faire face aux défis nouveaux auxquels ils sont chaque jour confrontés. Je pense particulièrement aux différentes luttes contre la pandémie de la COVID-19, le terrorisme et la criminalité transfrontalière.
Sur le plan sanitaire, l’irruption de la pandémie de la COVID en 2020 a eu un impact économique et social négatif au niveau de nos Etats. Cette maladie a aussi empêché la tenue de nombreuses rencontres bilatérales, dont la Conférence au Sommet du traité d’Amitié et de Coopération l’année dernière.
La COVID-19 a également conduit à la fermeture des frontières entre le Burkina Faso et la République de Côte d’Ivoire qui a eu pour conséquence, de freiner considérablement la circulation des personnes et des biens, l’organisation d’activités culturelle et artistique favorisant le rapprochement entre nos deux Peuples.
Aujourd’hui encore, dans un contexte sanitaire incertain et face aux difficultés liées à cette fermeture de nos frontières, la question de leur réouverture se pose avec acuité.
Tout en saluant ici les efforts de nos deux Gouvernements respectifs pour contenir la propagation de la maladie, je pense que nous devons maintenir une vigilance maximale sur la menace que représente cette pandémie pour nos tissus économique et social.
Au-delà des contraintes imposées par la COVID-19, il convient de relever la persistance des difficultés liées à la circulation et à la fluidité du transport sur les corridors.
Il s’avère donc indispensable que nous puissions nous pencher sur cette importante question afin de trouver les solutions les plus idoines et convenables à tous. C’est pourquoi du haut de cette tribune, j’invite nos administrations réciproques, chargées de ces questions à faire preuve de plus de professionnalisme dans leur fonction, à travers le respect strict des décisions prises en la matière.
Monsieur le Premier Ministre, cher frère et ami ;
Point n’est besoin de relever que le terrorisme constitue désormais une menace considérable dans l’espace ouest africain.
L’attentat de Grand Bassam, en mars 2016, ainsi que l’enlèvement de Français en territoire béninois, en avril 2019, ont constitué des signes annonciateurs de l’expansion du terrorisme vers le Golfe de Guinée. Par ailleurs, les attaques de Kafolo et de Téhini, perpétrées en mars dernier près de la frontière avec le Burkina Faso, ont fini de nous convaincre de la présence de Groupes Armés Terroristes à nos frontières communes.
Face à la volonté funeste des obscurantistes de s’installer dans notre zone transfrontalière, les Forces de Défense et de Sécurité du Burkina, de la Côte d’Ivoire et du Mali ont mené des opérations militaires conjointes, dont la plus récente est « Tourbillon vert ». C’est le lieu pour moi, de saluer cette coopération exemplaire dont les résultats sont encourageants.
Cependant, au regard de la récurrence des attaques et de la diversification des modes opératoires des Groupes Armés Terroristes, la mutualisation de nos efforts communs s’impose fortement. Cela passe notamment par le renseignement, et la poursuite des opérations militaires conjointes qui apparaissent comme des moyens de pression sûre et durable contre les groupes armés terroristes.
J’en appelle à des actions de sécurisation concertées et permanentes, pour faire des limites de nos pays des espaces d’union, de sécurité et de développement.
L’accélération du processus de bornage de nos frontières peut contribuer à préciser les responsabilités réciproques.
Monsieur le Premier Ministre, cher frère et ami,
Je voudrais, pour finir, nous féliciter de l’ambiance cordiale et chaleureuse qui caractérise toujours nos discussions et souhaiter que celle d’aujourd’hui soit empreinte de la même franchise, afin que ses résultats s’inscrivent dans la lignée de la vision du Traité d’Amitié et de Coopération.
Je nourris l’espoir que ce Conseil conjoint contribue à consolider davantage la fraternité, la coopération et la communauté de destin entre la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
Je souhaite plein succès à nos travaux.
Vive l’amitié et la fraternité entre la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso!
Je vous remercie !