Salifou Diallo est décédé, dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 août, à Paris, en France, où il s’est rendu pour un contrôle de santé, a appris Wakat Séra.
Le Président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso dont la santé était fragile n’était plus apparu en public depuis un certain temps.
Il était l’un des plus fidèles lieutenants de l’ancien Président du Burkina Faso Blaise Compaoré avant de tomber en disgrâce auprès de celui-ci.
Apres avoir occupé plusieurs postes ministériels et d’ambassadeur du Burkina Faso a Vienne en Autriche, il a connu une longue traversée du désert. Il a également été conseiller spécial du président nigérien, Mahamadou Issoufou.
L’homme a finalement tourné le dos au régime de Blaise Compaoré. Il a alors démissionné du parti au pouvoir, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) pour créer le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) avec d’autres anciens CDPistes, dont le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et le ministre d’Etat en charge de la Sécurité, Simon Compaoré.
Le Président du MPP qui a tiré sa révérence dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 août avait dit à certains proches qu’il partait en vacances pour revenir le 29 de ce mois. Selon le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Me Stanislas Bénéwendé Sankara, se basant sur sa réservation confirmée d’avion, le regretté devait rentrer au Burkina ce jour samedi 19 août. Mais le sort en a visiblement décidé autrement.
Wakat Séra présente ses sincères condoléances à la famille du disparu.
Nous y reviendrons.
Par Wakat Séra
Bio expresse de Salifou Diallo
Elu à la tête de l’Assemblée nationale par les députés de la 7è législature, le 30 décembre 2015, Salifou Diallo est un homme politique dont la notoriété va au-delà du pays des hommes intègres. Né le 9 mai 1957 à Ouahigouya dans le nord du Burkina Faso, Salifou Diallo a été avant tout un leader dans la lutte syndicale à l’Université de Ouagadougou d’où il a été exclu pour fait de grèves et manifestations dans le cadre de la lutte pour le respect des droits de l’Homme. Parti à Dakar au Sénégal poursuivre ses études universitaires en 1982, il revient avec une maîtrise de droit en poche et entame dès 1986 une carrière politique et professionnelle.
Salifou Diallo a occupé des fonctions de haut niveau dans son pays. Titulaire d’un Doctorat en droit public international de l’Université de Perpignan en France, et d’un Diplôme d’Etudes Approfondies en droit public international de l’Université Cheick Anta Diop au Sénégal, Salifou Diallo capitalise aujourd’hui plus de 30 années d’expérience professionnelle et politique. Ambassadeur du Burkina Faso à Vienne en Autriche, ministre d’Etat, ministre de l’agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques, chargé des relations avec l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et le Fonds International pour le Développement de l’Agriculture (FIDA) ; ministre d’Etat, ministre de l’environnement et de l’eau et expert chargé des relations avec le Secrétariat exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification ; ministre chargé de mission à la Présidence de la République, négociateur principal chargé du dossier du conflit Touareg au Niger et au Mali ; conseiller spécial à la Présidence de la République ; directeur de Cabinet du Président de la République et chef de Cabinet au ministère de la Justice du Burkina Faso, Salifou Diallo à chaque niveau de responsabilité s’est toujours distingué par son ardeur au travail, son dévouement, sa détermination et sa culture de résultats probants.
Sur le terrain politique, Salifou Diallo se distingue par sa clairvoyance, son sens pointu de l’organisation et de la planification. Il est un stratège hors pair qui a acquis par la justesse de ses analyses une grande notoriété auprès des Burkinabè des villes et des campagnes. Il est vraisemblablement l’un des hommes politiques les plus doués de sa génération. En effet, ses prises de position retiennent l’attention par leur force réaliste, par l’optimisme qui s’en dégage le plus souvent, mais aussi par la maîtrise des questions politiques.
En juillet 2009, Salifou Diallo dans une interview à la presse tranche: «Pour moi, le meilleur moyen de créer une alternance dans notre pays, dans la paix et la stabilité, c’est réformer profondément les institutions actuelles, pour approfondir la démocratie en donnant des chances égales à tous les partis politiques. (…) Ma suggestion est d’aller aujourd’hui vers un régime parlementaire, qui nous éviterait une patrimonialisation de l’Etat ».
En fin 2013, Salifou Diallo et ses camarades sont excédés par « les violations répétées de ses textes fondamentaux, la caporalisation de ses organes et instances, (…)» du parti présidentiel, un groupe mené par Roch Marc Christian Kaboré, Salifou Diallo, Simon Compaoré et 75 autres pontes du parti présidentiel démissionnent le samedi 4 janvier 2014 et créent trois semaines après, un parti politique d’opposition dénommé « Mouvement du Peuple pour le Progrès » (MPP). Faisant sienne la maxime du Président Nelson Mandela, lors de son discours d’investiture le 10 mai 1994, «aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès», l’engagé Salifou Diallo et ses camarades unissent leurs forces pour porter au firmament de la victoire leur parti aux premières élections post insurrection, libres, équitables et transparentes du 29 novembre 2015. L’histoire est connue, sous la houlette de Salifou Diallo, alors directeur national de campagne présidentielle et législative du MPP, le peuple burkinabè sacre le candidat du parti, Roch Marc Christian Kaboé président du Faso avec une majorité électorale de 53, 46% dès le premier tour. Le MPP obtient 55 députés au parlement. Nouveau chef du parlement burkinabè depuis le 30 décembre 2015, Salifou Diallo s’investi dans la construction d’un « parlement dynamique de consensus et de progrès » par l’introduction d’innovations majeures dans l’organisation et le fonctionnement de l’institution. En vingt mois seulement à la tête du parlement burkinabè, Salifou Diallo a posé les bases d’une Assemblée nationale moderne, innovante et résolument engagée pour la défense des aspirations populaires.
Depuis mars 2017, il assure la présidence du parti présidentiel, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP). Salifou Diallo est surtout un homme engagé et déterminé.
Expert Juriste en droit public international, négociateur en gestion des conflits et stratège politique, le président Salifou Diallo est un fils du terroir. Adepte de la justice sociale, du progrès et du volontarisme, il a misé également dans le social, la culture de la paix et la solidarité entre les peuples. Il a tiré sa révérence le 19 août 2017.
Source: Assemblée nationale du Burkina Faso