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Burkina Faso: que pourra le nouveau chef d’Etat-major des armées?

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Le nouveau CEMGA, le colonel major Gilbert Ouédraogo

Le nouveau chef d’Etat-major des armées burkinabè, est, officiellement depuis ce mercredi, le colonel-major Gilbert Ouédraogo. Il n’était autre que l’adjoint de son désormais prédécesseur, le général Moïse Miningou qui avait été installé, le 31 janvier 2019, en lieu et place du général Oumarou Sadou, nommé, lui, le 28 décembre 2016. Depuis 2015 qu’il subit les attaques armées répétées dont la fréquence n’a d’égale que la comptabilité macabre qui monte presque toujours d’un cran, le Burkina Faso est abonné au changements réguliers au sommet de son armée. Si la hiérarchie militaire a opéré sa mue deux jours après l’attaque de Yirgou, dans le nord du pays, qui a fait 14 morts et sept blessés dans les rangs des Forces de défense et de sécurité burkinabè, il faut reconnaître que le contexte sécuritaire en constante dégradation s’offre, à date, le scalp des patrons de l’armée. C’est ainsi que fin juin, le ministre de la Défense, Chérif Sy et son homologue de la Sécurité, Ousséni Compaoré avaient été limogés par le président du Faso qui avait récupéré, lui-même, le maroquin du premier.

Mais, de notre regard simplet sur les choses de la défense et les deuils trop souvent décrétés pour les victimes militaires et civils du terrorisme, la situation sécuritaire ne s’est guère améliorée depuis 2015. Au moins 2000 morts et plus d’un million de d’exilés dans leur propre pays le Burkina. Et Roch Marc Christian Kaboré semble être toujours à la recherche de la meilleure gâchette pour mettre hors d’état de nuire, les fameux «hommes armés non identifiés». Hommes armés jamais identifiés, devrait-on dire, car malgré leur recrudescence, les attaques affreusement meurtrières demeurent de plus en plus orphelines, car presque plus jamais revendiquées. Sauf que l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), sont les rassemblements terroristes reconnus comme très actifs dans le Sahel, notamment dans la zone dite des Trois Frontières que partagent le Burkina, le Mali et le Niger.

Que pourra réellement le nouveau Chef d’Etat-major des armées burkinabè que n’ont déjà essayé ses prédécesseurs, pour mettre fin au cycle infernal des attaques meurtrières ou, tout au moins ralentir l’appétit vorace de l’ogre insatiable? Le miracle étant inexistant sur ce terrain très explosif, au propre comme au figuré, où toute erreur ou approximation se paie cash, quelle sera la stratégie du soldat Gilbert Ouédraogo pour sauver le Burkina?

Il faut que le nouveau chef d’Etat-major général, en attentes de ses étoiles de…général, sorte la formule de sa casquette magique, pour rendre aux Burkinabè, leur quiétude d’antan. Surtout que dans cette guerre asymétrique qu’imposent les forces du mal aux armées nationales et aux forces Barkhane, Takuba et du G5 Sahel, les troupes en ont marre des mots et des promesses, d’ailleurs sans lendemain. Elles attendent des plans d’assaut pointus et surtout la présence à leurs côtés, au front, de leurs généraux, pour les conduire à la victoire. D’où l’affinement du renseignement et la dotation des hommes, en armements adaptés et surtout fonctionnels qui ne s’enrayent pas au premier coup. La puissance de feu de l’ennemi ne doit pas être au-dessus de celle des armées et forces loyalistes, qui, du reste, doivent passer maintenant à l’offensive. La meilleure défense, c’est l’attaque, dit l’adage. De même, pour vaincre le démon du terrorisme, il est impérieux d’accoupler à la solution militaire, un schéma de développement qui prendra en compte, toutes les localités, même les hameaux les plus reculés du Burkina, afin de ramener dans la nation, ces populations abandonnées à elles-mêmes, constituant ainsi, une proie facile pour les recruteurs jihadistes et bandits de grand chemin.

Sans cette vision qui, il faut l’espérer, est déjà sur la table de ceux qui nous dirigent, la lutte contre le terrorisme bouffera encore, et encore, des chefs d’Etat-major et des ministres, avec le même appétit gargantuesque!

Par Wakat Séra