Le Conseil d’information et de suivi des Actions du Gouvernement (CISAG) a relevé des « tâtonnements et des contradictions » dans la gouvernance et a invité le Premier ministre de la Transition burkinabè, Me Apollinaire Kyélem de Tambèla, « responsable » de ce fait, « à se ressaisir », lors d’une conférence de presse animée le vendredi 2 décembre 2022 à Ouagadougou. « L’excitation, la frénésie médiatique et l’improvisation doivent laisser la place à des stratégies de gouvernance plus élaborées et coordonnées, et surtout adaptées à nos réalités et à notre contexte », a déclaré le président du CISAG, Issiaka Ouédraogo.
Le Conseil d’information et de suivi des Actions du Gouvernement (CISAG) a tenu ce vendredi au Centre national de presse Norbert Zongo, une conférence de presse axée essentiellement autour de l’évolution de la crise sécuritaire, sociale et politique que vit le Burkina Faso. Le CISAG estime que les Burkinabè n’ont que trop souffert de cette crise sécuritaire qui engendre quotidiennement des désastres sur les plans humain, social et économique.
Le capitaine Ibrahim Traoré a promis six mois pour barrer la route au terrorisme
« N’ayons pas peur de le dire, huit mois après le renversement du régime MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, ex-parti au pouvoir) par les militaires, nous sommes à nouveau redescendus au pied de la colline », a lancé Issiaka Ouédraogo qui a enchaîné que « pour le moment, il n’y a pas de résultat sur le terrain sur lesquels nous pouvons nous baser pour dire que depuis l’avènement du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR II), il y a une amélioration » dans la lutte contre le terrorisme.
Au contraire, « le constat est que nous sommes descendus au plus bas car certaines zones qui étaient épargnées durant les huit mois du lieutenant-colonel Sandaogo Damiba, sont en train d’être attaquées maintenant », a déploré M. Ouédraogo, rappelant qu’alors que le capitaine Ibrahim Traoré « a promis six mois aux Burkinabè pour en finir avec le terrorisme dans le pays ». « En tous cas, il nous a donné l’espoir qu’il y aura de l’amélioration dans la lutte contre le terrorisme », a-t-il signifié.
Les conférenciers disent se réjouir que dans le sens de la lutte contre le terrorisme, le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, ait fait des « ajustements dans les choix opérationnels en matière de lutte contre le terrorisme ». Le CISAG a, « à maintes reprises, interpellé les autorités au sujet des dysfonctionnements récurrents constatés à divers niveaux de responsabilité. Il prend acte des avancées faites dans ce sens », a-t-il rappelé.
Les premiers responsables de la structure de veille citoyenne ont relevé des « tâtonnements et beaucoup de contradictions » au plan de la gouvernance. « Nous conseillons donc humblement au Premier ministre de se ressaisir. Le Burkina Faso a besoin d’un rassembleur et non d’un polémiste, encore moins d’un diviseur. Certes, tout est urgent dans le pays, mais attention à ne surtout pas confondre vitesse et précipitation », a préconisé Issiaka Ouédraogo.
« L’excitation, la frénésie médiatique et l’improvisation, doivent laisser la place à des stratégies de gouvernance plus élaborées et coordonnées, et surtout adaptées à nos réalités et à notre contexte. C’est cela que nos vaillantes populations attendent de la part de leurs dirigeants », a ajouté le président du CISAG.
Rumeur de coup d’Etat avorté sous le MPSR II…
Les conférenciers du jour se sont également prononcés sur la rumeur du coup d’Etat évoqué par le président de la transition, le capitaine Traoré, lors d’une rencontre avec les Organisations de la société civile (OSC). « Il ne nous appartient pas de dire que ce que le capitaine Ibrahim Traoré a dit est faux où c’est vrai. Il a dit qu’il privilégie le dialogue. Ce qui est une bonne chose », a-t-il affirmé avant de se demander « mais, cela est un choix de sage (délibéré) ou un choix qui s’impose à lui ».
Pour M. Ouédraogo et ses camarades, si effectivement, il y a des velléités, des gens qui ont voulu faire un coup d’Etat et qu’ils sont connus, « il est du devoir des autorités d’arrêter ces personnes. Il n’y a pas de raison qu’on les laisse libres parce qu’on ne pourra plus jamais leur faire confiance. Alors, c’est mieux de les mettre à l’écart et d’informer l’opinion nationale ». « C’est bien de privilégier le dialogue mais à l’étape actuelle nous ne sommes pas rassurés », a-t-il réagi.
Sur l’initiative d’Accra qui s’est tenue récemment, le CISAG pense qu’ il n’y a pas eu un travail de fond entre le président du Faso et le Premier ministre avant que le chef du Gouvernement parte à cette rencontre. « De la manière dont les choses se sont passées, on a comme l’impression que le Premier ministre n’a pas travaillé avec les services techniques pour arrêter quelque chose. Ou bien, le président n’a pas donné son avis par rapport à la position du Gouvernement burkinabè et que le Premier ministre est allé parler de sa propre vision ».
Des opérateurs économiques jetés en pâtures…
Les conférenciers se sont aussi attardés sur une mauvaise pratique qui consiste à jeter en pâture des opérateurs économiques nationaux alors que certaines multinationales, vu la conjoncture sécuritaire, n’hésitent pas à mettre la clé sous le paillasson et à se séparer de leurs employés. « Nombreux sont les opérateurs économiques burkinabè qui, au contraire, font preuve d’empathie. Ils méritent, tout comme l’Etat qui continue de recruter du personnel via les concours de la Fonction publique, que nous les encouragions dans leurs efforts », selon le CISAG qui s’est insurgé contre « les campagnes de dénigrement sauvages orchestrées à leur encontre via les réseaux sociaux ».
« A tous ceux qui s’adonnent à cette basse entreprise de démoralisation particulièrement infamante et diffamante contre les personnalités du monde des affaires, nous leur demandons de faire preuve de responsabilité et de voir l’intérêt supérieur de la Nation car personne ne viendra construire le Burkina Faso à la place des Burkinabè », a appelé Issiaka Ouédraogo
Il a rappelé qu’à l’occasion de l’Insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2022, bon nombre d’opérateurs, en plus de faire l’objet d’attaques sur les réseaux sociaux, « ont été dépouillés de leurs biens, leurs magasins ont été vandalisés, ce sont des milliards de FCFA », a-t-il déploré, continuant qu’« aucun leader politique, aucune Organisation de la société civile, n’est sortie pour attirer l’attention des uns et des autres par rapport à ce que ces opérateurs ont subi ».
« Pire encore, il y a des opérateurs économiques qui ont subi des chantages de certains responsables des OSC et des politiques qui leur ont soutiré de l’argent », s’est exaspéré le premier responsable du CISAG.
Par Bernard BOUGOUM