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Burkina: grises mines…d’or!

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Une attaque armée a fait deux morts à la mine d'or de Karma (Ph. d'illustration-lefaso.net)

Le Burkina n’a pas fini de pleurer la mort de sept miniers, alors qu’il est dans l’attente angoissante et presque sans espoir, de nouvelles du huitième des disparus de la mine de zinc de Perkoa, depuis le 16 avril dans une inondation. C’est alors que la mine d’or industrielle de la société minière Riverstone Karma, dans le nord du Burkina Faso, a été la cible, dans cette nuit du 8 au 9 juin, des fameux Hommes armés non identifiés (HANI) qui ont laissé derrière eux, un paysage de ruines, mais surtout deux morts, un soldat et un agent de la société. Au titre des mesures urgentes prises par la direction de la mine figure, en toute logique, la suspension temporaire de ses opérations.

Cette première attaque qui vise directement un site minier industriel d’or, suscite beaucoup d’interrogations, les unes aussi inquiétantes que les autres, mais qui resteront encore sans réponse, tant que le gouvernement ne se décidera pas à œuvrer davantage pour la sécurité autour de ces mines, véritables…mines d’or pour la fiscalité burkinabè. En effet, ces sociétés représentent entre 12 et 15% du Produit intérieur brut (PIB) et 20% des recettes fiscales du Burkina Faso. De plus elles offrent de l’emploi pour de nombreux Burkinabè et des opportunités d’affaires pour une kyrielle de prestataires, nationaux ou non, allant du petit vendeur de cigarettes du coin de la rue aux entreprises en charge du transport du personnel, les restaurateurs, les banques, etc. Et tout ce beau monde, en dehors des entreprises et individus évoluant dans l’informel, contribue, par les impôts qu’il paie, à garantir le fonctionnement de l’Etat.

Ne serait-ce que pour sauvegarder les emplois dont vivent toutes ces familles, de la ville jusqu’au village, il urge de protéger les mines et les miniers. Ou tout au moins, face à l’incapacité des pouvoirs publics à leur assurer cette protection capitale pour leur existence, leur donner la possibilité de renforcer leur sécurité par le biais de sociétés privées ou grâce à des initiatives qui leur sont propres. Au fait, que devient l’Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM), cette structure qui, forte de ses 3 000 hommes, devait veiller avec plus d’efficacité sur les infrastructures et activités minières?

Le projet met-il du temps à aboutir parce qu’il constitue une menace pour les services payés de la gendarmerie et de la police, en tout cas du côté des mines? En plus d’autres pertes subies par les mines du fait des attaques armées, les derniers saccages en règle, ce 17 mai, de la mine d’or de Houndé exploitée par Endeavour Mining, l’entreprise de droit canadien, devraient renforcer l’alerte autour des sites miniers. Malheureusement, la mine d’or de Karma complète, depuis ce jeudi, la liste des mines attaquées par les hommes armés.

Pendant combien de temps encore le Burkina va-t-il laisser ces poules aux œufs d’or livrées à elles-mêmes et à la furie de prédateurs au dessein bien caché, car n’ayant visiblement rien à voir avec des attaques jihadistes? Pendant combien de temps encore le Burkina va-t-il assister, impuissant, à la fermeture de ses mines qui n’ont besoin que d’un peu plus de sécurité autour d’elles? C’est un secret de polichinelle, l’activité minière fait…grise mine au Burkina!

Par Wakat Séra