Le commissariat de Nongr-Massom (Centre-nord de Ouagadougou) a présenté, ce jeudi 17 mars 2022, à la presse, huit personnes dont une quadragénaire mis aux arrêts pour avoir fabriqué de l’huile impropre à la consommation. La commissaire de Nongr-Massom, Natacha Zoungrana a précisé que «912 bidons d’huiles de 20 litres» évalués à environ 20 millions FCFA ont été saisis. Une visite sur les lieux de la saisine a été organisée pour mieux montrer aux journalistes le degré de gravité des actes que posaient ces présumés délinquants dont certains sont toujours en cavale.
Comme le font les forces de l’ordre de façon régulière au Burkina quand elles mettent le grappin sur des citoyens dont le délit est jugé grave, le commissariat de Police de Nongr-Massom a convié la presse dans la matinée de ce jeudi pour l’informer qu’un réseau de délinquants spécialisés dans la confection de l’huile impropre à la consommation, avec à sa tête, une reprise de justice pour des faits similaires, a été démantelé, à la suite d’une dénonciation d’un tiers. L’âge de ces présumés hors la loi varient entre 14 à 48 ans. Il s’agit d’une employée de commerce (48 ans); un employé de commerce (37 ans); deux ouvriers (33 et 31 ans); un chauffeur (24 ans) ; un employé de commerce (23 ans); un cultivateur (17 ans) et un apprenti chauffeur (14 ans).
«Courant le mois de février, la brigade de recherche et d’intervention de Nongr-Massom a reçu une information d’une personne digne de foi désirant garder l’anonymat de ce que des individus s’adonneraient à la production et à la commercialisation d’huile alimentaire impropre à la consommation», a déclaré le commissaire principal de Police, Natacha Zoungrana/Sawadogo, responsable du commissariat de la Police de Nongr-Massom.
C’est ainsi qu’après avoir informé sa hiérarchie et les autorités judiciaires, son équipe va débusquer les malfrats qui procédaient à la fabrication de l’huile impropre sur un terrain d’une superficie estimée à 10 hectares, acquis par la cheffe du gang, à Kossodo, à la sortie Nord de la capitale burkinabè.
Les délinquants s’adonnaient aux activités de «production et commercialisation d’huile alimentaire impropre à la consommation, de tromperie de consommateurs et également des faits de blanchiment de capitaux. L’huile saisie était conditionnée dans des bidons de 20 litres et se revendait dans les provinces du Boulkiemdé (Koudougou) et de la Boucle du Mouhoun (Djibasso)», a-t-elle indiqué, notant que ces individus évoluent dans cette pratique depuis 2020.
A la question de savoir combien de bidons de leur huile, ont-ils pu vendre depuis leur début jusqu’à leur arrestation, le commissaire Zoungrana a dit que «les intéressés étaient dans l’incapacité de dire exactement de 2020 à aujourd’hui combien de litres d’huile ils ont pu écouler sur le marché».
La cheffe de l’enquête a signifié que les malfrats vendaient un bidon de 20/l à seulement «13 500 FCFA» contre au moins «20 000 FCFA», la même quantité de l’huile homologuée avant de noter que la cheffe de la bande est responsables d’une association ayant obtenu un récépissé pour la confection du savon au lieu de l’huile.
En plus des 912 bidons, les enquêteurs ont saisi d’autres objets. Il s’agit «d’un camion de marque Scania immatriculé A1171 E1 03 ; 211 fûts dont 43 remplis d’huile». A l’issu des différentes saisies, des réquisitions ont été adressées à des structures dont le Laboratoire national de Santé publique (LNSP) et l’Agence burkinabè de Normalisation et de Métrologie (ABNORM) qui après analyses ont attesté de la mauvaise qualité de cette huile dont la consommation est très dangereuse.
L’enquête a aussi révélé que pour convoyer les bidons d’huiles frauduleusement produites, les présumés auteurs font des commandes des huiles des sociétés reconnues légalement ainsi que d’autres marchandises diverses pour les mélanger à leurs bidons et ils arrivaient de ce fait à se soustraire ou contourner le contrôle des services des Douanes.
Sur les lieux où se fabriquait l’huile impropre à la consommation, les journalistes ont été sidérés par ce qu’ils ont constaté. Près de 200 barriques d’une capacité de 200 litres, bien noircies, sont disposées dans trois endroits de la fabrication. Certaines barriques contiennent l’huile en question.
Dans chacune d’elle, les présumés délinquants faisaient le mélange de certains produits à savoir, principalement, la soude caustique et les huiles de coton payés sur place qu’ils poursuivent par une technique pour extraire leur denrée. L’insalubrité des sites qui sont presqu’à ciel ouvert, le délabrement des hangars, les résidus stockés ça et là, témoignent de la mauvaise qualité de cette huile.
Les bidons saisis vont faire l’objet d’incinération, selon le commissaire Natacha Zoungrana.
Les enquêteurs ont rassuré que tous les mis en cause dans cette affaire ont été conduits devant le procureur du Faso, près le Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou I (TGI Ouaga I).
Par Bernard BOUGOUM