Le président du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB), Idrissa Nassa, a affirmé que le secteur privé est «prêt» à soutenir les autorités dans leur engagement pour une souveraineté alimentaire du pays des «Hommes intègres». Le PDG du Groupe Coris Bank a fait cette déclaration lors de la cérémonie de présentation de vœux du nouvel an qui a réuni des opérateurs économiques, ce jeudi 11 janvier 2024, à Ouagadougou.
Les hommes d’affaires se sont retrouvés ce jeudi dans la capitale burkinabè pour se souhaiter les traditionnels vœux à l’occasion du nouvel an. Cette occasion a permis au Conseil national du patronat burkinabè (CNPB), de faire le bilan des activités menées l’année écoulée et d’annoncer les grands chantiers pour la nouvelle année 2024.
A l’entame de son propos, le président du CNPB, Idrissa Nassa, a rendu un vibrant hommage aux Forces de défense et de sécurité (FDS) et leurs soutiens, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), à toutes les victimes du terrorisme, ainsi qu’aux membres du CNPB qui ont quitté ce monde au cours de l’année écoulée. Il a par la suite fait noter que leur organisation a 50 ans en 2024. «Cette année de maturité commande plusieurs actions fortes pour marquer ce jubilé d’or, dans un esprit de sobriété cependant, compte tenu du contexte national», a indiqué M. Nassa.
La place du secteur privé dans le contexte sécuritaire au Burkina Faso
Le «serviteur des patrons» du Burkina Faso a noté que malgré le contexte sécuritaire difficile que traverse le pays depuis huit ans maintenant, la résilience du secteur privé n’a pas fait défaut. «Vous avez suivi, récemment les prévisions de recette de l’Etat ont été atteintes et tout cela c’est grâce à la contribution du secteur privé. Ce que nous pouvons faire, c’est de continuer d’avoir un civisme fiscal, développer nos activités, créer des emplois, continuer de faire flotter haut le drapeau national à l’extérieur car c’est cela aussi participer à la défense du pays», a affirmé le président du CNPB. Il ajoute: «il y a la guerre sur le terrain, mais il y a aussi la guerre économique et c’est nous qui sommes aux devants des combats».
Pour lui, cette cérémonie vise à encourager les hommes d’affaires, afin que ceux-ci redoublent d’effort pour que sur le plan économique aussi, le Burkina Faso puisse rayonner.
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le CNPB a apporté une contribution de «100 millions de FCFA au Fonds de Soutien Patriotique et une autre contribution de 100 millions de FCFA aux veuves et orphelins des FDS et VDP», a rappelé le premier vice-président du CNPB, El Hadj Al-Hassane Siénou.
La souveraineté alimentaire, une priorité que partage le CNPB et les autorités de la Transition
Revenant sur le secteur agricole qui est l’une des priorités des autorités de la transition, il a affirmé que le secteur agricole est un secteur vital pour tout le monde, que ce soit les hommes d’affaires ou les citoyens lambda. «Nous avons besoins de pouvoir nous autonourrir et ne pas être dépendants des autres. L’agriculture moderne demande des moyens et ceux qui se battent aujourd’hui sur le terrain n’ont pas toujours ce qu’il faut pour réaliser une agriculture rentable et bénéfique», a-t-il diagnostiqué.
«C’est pour cela que nous avons tout de suite répondu à l’appel du chef de l’Etat. Mais, le défi, maintenant, se trouve du côté du gouvernement qui doit dégager les terres et nous permettre d’avoir les conditions minimales pour pouvoir investir. Le secteur est prêt à jouer son rôle dans la quête de la souveraineté alimentaire du pays», a dit Idrissa Nassa.
Le rôle du CNPB sera conforté par l’accompagnement de l’Etat dans ses actions prioritaires, notamment le secteur agricole, a déclaré le président du patronat burkinabè, rappelant à ce titre avoir pris l’engagement dans le cadre de l’initiative agricole du président de la transition, «d’emblaver une superficie de 200 hectares, extensible à 1 000 hectares pour la culture du riz et du blé».
«Le deuxième vice-président du CNPB Inoussa Kanazoé, s’est aussi engagé pour des superficies importantes et à ce jour le besoin total déjà exprimé par le secteur privé est de plus de 10 000 hectares», a révélé le Patron des Patrons, avant d’inviter les membres du patronat et tous les acteurs du secteur privé qui en ont les capacités, à s’inscrire dans cette dynamique en vue d’assurer la sécurité alimentaire du pays.
Les chantiers du CNPB en 2024
Pour cette année, le CNPB compte organiser les états généraux du secteur privé qui déboucheront sur des résolutions et recommandations, visant à renforcer sa contribution au développement économique et social du Burkina. «A ce titre, nous avons commandité une étude qui nous fera le point de la contribution du secteur privé à la construction de la nation burkinabè et projettera les bases prospectives de son développement futur», a signifié Idrissa Nassa.
Le patronat burkinabè va élaborer un plan stratégique 2024-2027 du CNPB qui partira d’un diagnostic stratégique et du recensement des préoccupations du monde des affaires, pour aboutir à la définition d’une nouvelle vision commune, des axes stratégiques de développement, du plan d’actions prioritaires et des mécanismes de financement et de suivi-évaluation. Le CNPB compte aussi se repositionner sur l’échiquier du secteur privé au plan national, sous régional et international.
La défense des intérêts matériels, moraux et professionnels des membres en tant que syndicat professionnel des employeurs, dans un contexte où la résilience des opérateurs économiques est mise à rude épreuve, sera l’un des défis à relever par le patronat. Tout comme la construction du siège, demeure une priorité pour laquelle la faîtière des dirigeants d’entreprises a été heureuse d’annoncer qu’une solution est en cours avec l’attribution par l’Etat d’un terrain de «plus de 7 000 m2 à Ouaga 2000 qui reste à finaliser».
Le bilan des activités du CNPB menées en 2023
Le premier vice-président du CNPB, El Hadj Al-Hassane Siénou, a affirmé que l’année qui vient de s’achever a été riche en activités pour la structure avec la mise en œuvre de son plan de travail et de budget annuel qui a enregistré «un taux d’exécution physique de 78%, bâti autour de cinq axes stratégiques». Il s’agit du renforcement des capacités du CNPB et celles de ses membres; de l’amélioration de sa visibilité, de son accessibilité; du renforcement de ses capacités financières; de l’amélioration de la participation de ses membres au dialogue social, dialogue public/privé et le dispositif d’éducation/formation/emploi; et de l’amélioration de sa gouvernance.
M. Siénou a aussi rappelé que concernant l’amélioration de la participation des membres au dialogue social, dialogue public/privé et le dispositif d’éducation/formation/emploi, le CNPB et l’Union d’Action Syndicale (UAS) ont signé un protocole d’accord portant «augmentation» du SMIG dont le montant est passé de «30 684 à 45 000 FCFA».
En rappel, c’est le 24 octobre 2023, lors de leur Assemblée générale que les patrons du Burkina ont placé leur confiance en Idrissa Nassa pour présider le CNPB durant les cinq prochaines années.
Par Bernard BOUGOUM