« Il y a des grèves qui sont organisées par des officines politiques », a affirmé ce samedi 13 janvier 2018, le secrétaire exécutif national du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP, parti au pouvoir du Burkina), Lassané Savadogo, lors de la rentrée politique de leur formation, tenue à Sapouy, une localité située à une centaine de kilomètres au Centre-ouest de Ouagadougou.
« Le MPP ne peut pas être contre la liberté syndicale car le mouvement syndical était aux avant-gardes du combat pour la démocratie », a déclaré M. Savadogo qui n’est pas passé par quatre chemins pour se prononcer sur la fronde sociale, notamment, le mouvement des enseignants qui est en passe de conduire à une année blanche si rien n’est fait.
Le SEN du MPP a signifié que « s’il y a des grèves qui sont tout à fait professionnelles, compréhensibles et normales, il y a des grèves également qui sont organisées par des officines politiques qui n’osent pas sortir dans la lumière ». Ces officines politiques « sont dans l’obscurité et manipulent cette situation (fronde sociale tous azimuts) pour pouvoir arriver à des fins inavouées. On se connait parce que le Burkina est un pays de savane », a-t-il soutenu sous des ovations nourries des centaines de militants du MPP présents au rassemblement.
Selon Lassané Savadogo, « il faut prendre la fronde sociale positivement, parce que le Burkina Faso a renoué avec la démocratie » depuis l’arrivée du président Roch Kaboré à la magistrature suprême, rappelant que sous le règne de Maurice Yaméogo (1er président du Burkina, NDLR), il disait que le droit de grève est reconnu aux citoyens mais gare à celui qui va l’exercer ».
Au niveau du MPP, « nous disons que le droit de grève est garanti par la Constitution. Tout le monde peut l’exercer en respectant les lois de la République. Donc que des citoyens burkinabè exercent leur droit de grève, c’est tout à fait normal », a fait savoir M. Savadogo, pour qui, son parti « n’est pas contre » les mouvements sociaux car les progrès acquis en matière de démocratie sont à mettre à l’actif du mouvement syndical, notamment, les manifestations de 1966 sous Maurice Yaméogo, de 1978 sous Sangoulé Lamizana (deuxième président), de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du putsch de 16 septembre 2015.
Pour ce qui concerne la grève des enseignants qui tient en haleine le pays et alimente les débats dans les services et autres gargotes, «les enseignants doivent savoir qu’en aucun cas le MPP ne peut mettre en œuvre une politique qui est contre eux. Nous respectons les enseignants pour ce qu’ils font, pour ce qu’ils mènent comme combat pour bâtir le Burkina Faso de demain. Nous respectons les enseignants parce que bon nombre d’entre eux se sont beaucoup investis dans le parti » majoritaire, a-t-il poursuivi, ajoutant que si le MPP « a gagné les élections (de 2015) et devenir le premier parti, c’est en partie grâce à la contribution des enseignants ».
« Seulement ce que nous (MPP) disons, c’est que quelle que soit la justesse, la légitimité de leur revendication, comme le dit l’adage, « la plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a », à force de vouloir faire face aux situations conjoncturelles, nous risquons d’oublier l’essentiel », a indiqué le SEN du MPP. Pour lui « si nous consacrons toutes les ressources du pays à payer des salaires, où est-ce que nous allons trouver des ressources pour construire des écoles, des Centres de Santé de Protection Sociale (CSPS), des routes, faire des forages, des barrages pour soutenir les agriculteurs et les éleveurs, la grande majorité de la population ».
Lassané Savadogo a enchaîné, en disant qu’« il faut une juste répartition des ressources de l’Etat », rassurant les Burkinabè qu’« il n’y aura pas d’année blanche car les enseignants et les syndicats qui sont des patriotes, des progressistes, discutent avec le gouvernement pour pouvoir aboutir à une solution qui permettra de sauver l’année scolaire ».
La Coordination des 15 structures syndicales du monde de l’éducation, a réaffirmé au cours d’une conférence de presse ce samedi 13 janvier 2018, que les évaluations sont suspendues pour le moment dans les établissements primaires, scolaires et secondaires du public mais les cours continuent d’être dispensés.
Par Mathias BAZIE