L’Avenue Manegda, route nationale 2, et, pour être plus précis, la voie de Kamboinsin, passant devant le centre médical Paul VI et conduisant au Prytanée militaire du Kadiogo (PMK), est une véritable dévoreuse de vies humaines. «Chaque soir, quand je retourne chez moi, je croise souvent trois accidents de la route, dont au moins un mortel», affirme un riverain, contemplant, l’air désemparé le triste spectacle d’une moto écrasée par un poids lourd, dans la nuit de ce dimanche, entre 22 et 23h. Une dame renchérissant les propos du jeune homme, est, elle, persuadée qu’il y a un esprit assoiffé de sang humain qui hante cette route. «En tout cas, nous sommes en Afrique et tout est possible», confirme un curieux qui a également marqué un arrêt, attiré par l’attroupement sur les lieux de l’accident. Tous étaient presque dans le noir, car, les quelques lampadaires solaires qui survivent encore au temps, arrivent difficilement à éclairer cette grande voie, le soir tombé.
En tout cas, les victimes d’accidents s’enfilent comme grains de chapelet et parmi les morts et blessés figurent, régulièrement, de jeunes élèves des écoles, collèges et lycées situés de part et d’autre de cette voie que des automobilistes, conducteurs de gros camions et de motos de toutes les cylindrées, prennent pour piste de Formule 1, roulant «à tombeau ouvert», comme on le dit trivialement. De ce fait, les accidents graves ne se comptent plus. Surtout que cette route a fait peau neuve, pour ne pas dire «goudron neuf», suite à des travaux de réfection qui ont fait ranger au placard des douloureux souvenirs des usagers, les affreux nids de poule, certains parlent de crevasses, qui parsemaient cette chaussée.
Justement, les nombreux Ouagavillois qui quittent, entre autres, Kamboinsin et Pabré, devenues de grandes «cités dortoirs», étaient tous persuadés que cette voie très large, lors des travaux, connaîtrait des réaménagements du genre un terre-plein, en son milieu, qui l’aurait divisée en deux sur la longueur. Toute chose qui faciliterait la vie aux élèves qui l’empruntent et la traversent et, apaiserait, plus ou moins, leurs parents qui ne soufflent de soulagement, que lorsque les enfants, à midi ou le soir, poussent le portail de la maison.
L’autre l’avait dit, tout le monde ne peut pas vivre à Ouagadougou, encore moins au centre-ville. Faut-il, pour autant, livrer les «banlieusards» et les membres de leurs familles aux «s’en fout la mort»? Non, non et non! C’est une frustration de trop! Il urge que la mairie, les ministères en charge du transport, de l’urbanisation, des infrastructures, les policiers et toutes les personne privée et institution publique impliquées dans la gestion du cadre de vie des Burkinabè, sortent de leur léthargie.
Il faut sauver les populations de Kamboinsin, de Pabré, etc. Sinon, plus tard sera trop tard!
Par Wakat Séra