Comme annoncé il y a près d’un mois, l’opposition politique Burkinabè a fait sa marche-meeting ce samedi 29 septembre 2018. Étaient présents à la Place de la Révolution, les partis de l’opposition, les Organisations de la société civile. Cette marche-meeting a débuté à la Place de la Révolution en passant par l’Avenue du Médiateur – Avenue Gamal Abdel Nasser- Avenue Monseigneur Thevenoud Joanny- Avenue de la Cathédrale – Avenue Dr. Kwamé N’Krumah – Rond-Point des Nations Unies – Maison du peuple- Chambre de Commerce- SONABEL, pour finir à la Place de la Révolution. Après l’itinéraire parcouru, certaines personnes, dont le leader de l’opposition, Zéphirin Diabré, se sont confiées à Wakat Séra.
Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le changement (UPC)
L’objectif recherché à travers cette marche est d’obliger le président Roch Marc Christian Kaboré et le gouvernement à se mettre au travail. C’est comme ça que l’opposition se fait entendre. L’opposition interpelle le pouvoir par trois types de registre : des déclarations, des conférences de presse et des marches. Nous avons été obligés d’arriver à ce registre parce que les deux autres registres ont été épuisés. Le pays va très mal. C’est pourquoi nous sommes sortis pour lancer un cri de cœur en espérant que le président va nous entendre et obliger son gouvernement à changer sa manière de gérer le pays. J’ai demandé que les deux ministres qui sont en charge de la sécurité et de la défense soient immédiatement retiré. La mobilisation a été une réelle surprise vu les multiples campagnes de dénigrement dont nous avons été victime. La surprise a été grande à telle enseigne que j’étais obligé d’adapter mon discours à la taille de la mobilisation. Cela décrit l’existence d’une colère dans la population. Il faut que le pouvoir nous écoute. Nous tentons de la canaliser mais qu’il sache que cette colère peut déborder si rien n’est fait.
Le porte-parole de l’UPC, Moussa Zerbo
Nous sommes grandement satisfaits de la mobilisation qu’il y a eu autour de la marche-meeting. Il y a des gens qui nous ont taxé de mauvaise foi. Pourtant personne ne sort pour suivre la cause de quelqu’un de mauvaise foi. La mobilisation d’aujourd’hui n’est pas un mal de ventre mais un maux d’yeux. Nous sommes très contents. La cause de cette joie est due à la mobilisation attestant l’existence des difficultés dans le pays. N’eut été cela, personne n’oserait sortir pour marcher gratuitement. Cela doit être une interpellation à l’endroit de notre chef d’Etat Roch Marc Christian Kaboré. S’il voit cette mobilisation, il doit prendre conscience et rebrousser chemin car ses proches ne font que lui mentir. L’argent qui est partagé à son insu pour démobiliser les manifestants était de vain mot. Donc ce matin, la foule qui a pris part à cette marche pour s’imprégner de la vérité s’auront que c’est de pareil acte qui sont prometteurs. Nous avons montré aujourd’hui qu’il ne suffit pas de sortir marcher mais plutôt marcher pour collecter des fonds afin de venir en aide au Force de défense et de sécurité (FDS) ainsi que les veuves et les orphelins des soldats tombés. En ce qui concerne les ministres en charge de la sécurité et de la défense, nous avons exigé qu’ils soient limogés et remplacé par des personnes compétentes capables de préserver notre vie et celle des FDS. Nous ne pouvons pas continuer à aller chaque semaine au cimetière de Gounghin (un quartier de Ouagadougou) pour inhumer les soldats tombés. Nous voudrons que les Burkinabè puissent s’asseoir autour d’une table, échanger et se pardonner afin de construire le Faso. Nous informons le pouvoir en place que si nous devons marcher une prochaine fois cela sera d’une autre envergure.
Jean Hubert Bazié du parti la Convergence de l’espoir
Nous pensons que la mobilisation a été très bonne. Comme l’a dit le président Zéphirin Diabré, les gens ont massivement pris part à la marche. Je trouve que c’est une forme de communication non-verbale réalisée par la population face aux attentes qu’elle était en droit d’espérer du pouvoir en place, à la suite de l’insurrection populaire de 2014. Autrement dit, les manifestants ont répondu présent pour interpeller le gouvernement à œuvrer pour une meilleure gouvernance. La tâche est énorme mais nous souhaitons que le pouvoir en place se met au travail, chose que nous n’avons pas encore constaté.
Ablassé Ouédraogo, président Coalition pour la démocratie et de la réconciliation nationale (CODER)
Nous avons indiqué avec force que le seul salut du Burkina Faso passera par la réconciliation. En tant que président de la CODER c’est une grande satisfaction et mon seul souhait est que ces dires-là ne resteront pas des mots creux. Il faudrait que les Burkinabè acceptent de se rassembler, de se parler, de se pardonner et de se tolérer afin que nous puissions redéfinir un nouveau destin pour notre pas, pour les enfants d’aujourd’hui et les générations futures. Pour nous, la situation actuelle du Burkina Faso est caractérisée par une crise multidimensionnelle jamais égalé. Prenons par exemple l’aspect sécuritaire qui indique que le Burkina Faso est en situation de danger et quand le pays est en danger seul l’unité peut le sauver. Nous ne cesserons pas interpeller le Président Roch Marc Christian Kaboré pour qu’il enclenche le processus de réconciliation nationale dans notre pays. Il est le garant constitutionnel de l’unité par conséquent qu’il le fasse au plus vite. Notre pays a besoin de paix, de stabilité, de sécurité et confiance pour que la relance dans tous les domaines politique, économique, social, sécuritaire puissent être à la portée de tous les Burkinabè.
Par Alimatou SENI (Stagiaire)