Le président burkinabè Roch Kaboré dans son adresse à la nation, à l’occasion du 59e anniversaire de l’accession du Burkina à l’indépendance, a soutenu qu’ « aujourd’hui comme hier, culture de la défaite ne fait pas partie des valeurs sociétales de notre peuple ».
Peuple du Burkina Faso
Chers compatriotes
Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur
Amis et partenaires du Burkina Faso
La commémoration du 59ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale revêt une importance particulière en cette année du centenaire de la création de la Haute-Volta, actuel Burkina Faso.
L’occasion me parait opportune à saisir pour revisiter les temps forts de notre histoire collective depuis les luttes héroïques des communautés voltaïques dans la résistance contre la colonisation à nos jours. Ce devoir de mémoire, à travers un survol historique nécessaire, nous permet d’en tirer toutes les leçons en vue de consolider le socle de notre vivre-ensemble et de notre avenir commun. C’est pourquoi, cette commémoration participe à l’œuvre de construction de notre mémoire collective. C’est à mes yeux, un temps de méditation sur le parcours glorieux de notre peuple dont la bravoure et la solidarité dans l’épreuve doivent constituer le repère pour notre communauté de destin.
Depuis la nuit des temps, les Burkinabè ont toujours su cultiver des valeurs de tolérance, de justice, de droiture morale, de travail et de cohésion sociale.
En outre, ils ont su rejeter l’exploitation, la domination et l’oppression, d’où qu’elles viennent, comme en témoignent les grandes révoltes contre l’oppression coloniale avant même la création de la colonie de Haute-Volta, pour l’affirmation de la dignité humaine.
Aussi, de la création de la colonie de Haute-Volta le 1er mars 1919, sa dislocation en 1932, sa reconstitution en 1947, l’indépendance du pays en 1960, à son changement d’appellation en 1984 jusqu’à nos jours, les Voltaïques, puis les Burkinabè ont-ils su forger progressivement, dans la douleur, la sueur et le sang, les fondements d’une communauté de destin, d’une Nation digne, fière et respectée, plurielle et unie.
Peuple du Burkina Faso
Chers compatriotes
Le 59ème anniversaire de notre indépendance a été placé à juste titre sous le thème : « Cent ans de la création du Burkina Faso : devoir de mémoire et engagement patriotique en vue de la consolidation de l’Etat-nation ».
L’Etat burkinabè, dont le Faso est la forme républicaine, est une réalité vivante et agissante dans le concert des nations. Autant l’Etat doit son existence à son territoire, aux hommes qui en relèvent et aux institutions de leur gouvernance, autant la Nation burkinabè renvoie, quant à elle, à ce lien sentimental, à cette volonté de vivre ensemble et d’être liés par une communauté de destin.
Actuellement, les soldats des vaillantes unités de nos Forces de Défense et de Sécurité assurent, au péril de leurs vies, l’intégrité territoriale de l’Etat, et veillent à la protection de nos concitoyens, contre les attaques terroristes et l’extrémisme violent qui nous sont imposés.
Je ne doute pas de notre victoire sur les forces du mal car, aujourd’hui comme hier, la culture de la défaite ne fait pas partie des valeurs sociétales de notre peuple.
Chers compatriotes
Pour consolider l’Etat-Nation, il nous faut relever deux défis.
Le premier, c’est de restaurer l’autorité de l’Etat central, garant de l’unité et de l’indivisibilité de la Nation, tout en menant à bien le processus de décentralisation, afin de garantir l’épanouissement des communautés vivant dans nos collectivités. Pour ce faire, tous les Burkinabè doivent s’assumer et assumer leurs responsabilités individuelles et collectives de citoyens exemplaires, et la justice doit jouer sa partition avec efficacité, pour garantir l’égalité de tous les Burkinabè devant la loi.
Le second, celui de bannir à jamais la stigmatisation de l’autre. Nous devons combattre avec la dernière énergie toute forme de repli identitaire et de discrimination, fondée sur le genre, l’ethnie, la religion ou la région.
Ces dérives dommageables à la cohésion sociale sont de nature à compromettre notre quête permanente d’unité nationale.
Nous devons, sans désemparer, poursuivre la construction du dialogue social, du dialogue interreligieux, intergénérationnel, ainsi que le dialogue des cultures, indispensables à la pérennisation d’une culture de la paix.
Devant la recrudescence des attaques des groupes armés terroristes qui tentent de mettre à mal notre vivre-ensemble, j’invite les communautés burkinabè à ne rien céder aux forces du mal qui font tout pour détruire
notre Nation.
Chers Compatriotes
Burkinabè de l’intérieur et de l’extérieur
Amis et partenaires du Burkina Faso
Au regard de l’importance des défis à relever au plan sécuritaire, je renouvelle mon appel à une trêve sociale et à une union sacrée de tous les fils et filles autour des Forces de Défense et de Sécurité pour vaincre le terrorisme et poursuivre les actions de développement économique et social du Burkina Faso.
Comme l’ont montré les conclusions du dialogue politique que j’ai initié du 15 au 22 juillet 2019, nous devons avoir pour objectif essentiel de contribuer au renforcement de la paix, et de favoriser la réconciliation nationale ainsi que la tenue d’élections démocratiques transparentes et apaisées en 2020.
J’exhorte donc tous les Burkinabè, à agir dans le sens de la promotion d’un Burkina uni et indivisible en vue de la consolidation de l’Etat-Nation.
J’invite les organisations de la société civile et les travailleurs, l’ensemble des partis politiques, les responsables coutumiers, religieux et administratifs, à contribuer davantage à la construction d’une citoyenneté responsable et d’une conscience patriotique. J’insiste, tout particulièrement, sur le respect dû aux autorités religieuses, traditionnelles et aux anciens.
En cette année du centenaire de la création de notre pays, et pour permettre aux générations présentes et à venir de mieux connaitre tous les pans de notre histoire commune, j’ai décidé de commettre un groupe de travail pour l’écriture de l’histoire générale de la Haute-Volta au Burkina Faso.
Il aura également pour mission de me faire des propositions consensuelles pour l’édification d’un Panthéon de tous les bâtisseurs de notre Nation, afin que la dignité de leur vie soit immortalisée pour la postériorité.
Chers compatriotes
Pour marquer cette journée historique, la ville de Tenkodogo, chef-lieu de la région du Centre-Est, est le point de convergence de l’ensemble des Burkinabè.
Je salue la détermination des forces vives des provinces du Boulgou, du Koulpelgo et du Kouritenga qui, dans un contexte sécuritaire difficile, œuvrent au quotidien, avec assurance et confiance, à la transformation qualitative du Burkina Faso.
Peuple du Burkina Faso
Chers compatriotes
Pour bâtir ensemble un Burkina Faso prospère, nous devons nous départir de nos intérêts égoïstes et nous engager dans la réalisation des aspirations du peuple burkinabè.
La détermination du peuple burkinabè à défendre sa liberté et son territoire est connue de tous et notre histoire, celle que nous revisitons aujourd’hui, nous l’enseigne. L’indépendance et la liberté n’ont pas de prix.
La détermination de nos Forces de Défense et de Sécurité à défendre la Nation jusqu’au sacrifice suprême, nous interpelle tous collectivement et individuellement.
C’est le lieu pour moi, appréciant au plus haut point la résilience de nos populations et l’héroïsme de nos Forces de Défense et de Sécurité face aux terroristes qui tentent de semer le chaos dans notre pays, de rendre un hommage mérité aux Forces de Défense et de Sécurité et à toutes les victimes civiles du terrorisme. Au nom de la Nation entière, j’exprime ma solidarité avec les familles des victimes et j’adresse tous mes vœux de prompt rétablissement aux blessés.
Les efforts se poursuivent au plan bilatéral et multilatéral, notamment au sein du G5 Sahel dont j’assure actuellement la présidence, pour améliorer l’efficacité de la réponse à apporter aux actions des groupes armés terroristes au Sahel et pour le développement de nos pays. En ce jour anniversaire de notre indépendance chèrement acquise, j’ai une pensée pour nos frères Burkinabè qui, du fait du terrorisme, sont aujourd’hui loin de leurs terres d’habitation.
Je voudrais rassurer tous les déplacés internes de l’engagement déterminé du Gouvernement à créer les conditions de leur retour dans leurs localités respectives, dans la sécurité et la dignité. De même, je tiens à saluer les Burkinabè de la diaspora, pour leur contribution au développement national, et leurs soutiens divers aux Forces de Défense et de Sécurité et aux déplacés. Le Gouvernement poursuivra les efforts pour leur pleine implication dans le développement économique et social du pays. C’est dans un contexte particulièrement difficile que le Peuple burkinabè se bat et que le Gouvernement s’efforce de tenir ses engagements et de poursuivre la mise en œuvre du Plan National du Développement Economique et Social.
Je tiens à féliciter toutes les initiatives en cours dans tous les chantiers de développement à travers le pays, destinés à améliorer les conditions de vie de nos populations, et à renforcer les infrastructures structurantes du pays.
Chers compatriotes
La Nation de démocratie, de paix et de prospérité que nous-nous attelons à édifier au quotidien, commande la contribution de tous, sans exception.
Fort de cette interpellation individuelle et collective, je souhaite une bonne fête de l’indépendance à toutes et à tous.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso ! Je vous remercie