Le Premier ministre burkinabè, Christophe Joseph Marie Dabiré, était devant les députés ce jeudi 20 mai 2021 pour leur dresser le bilan des actions précédentes, de son gouvernement, visant à apporter des réponses appropriées aux attentes des Burkinabè. « La lutte contre le terrorisme ne saurait être exclusivement militaire » au Burkina Faso, a dit M. Dabiré sur la question du terrorisme qui sévit dans le pays depuis début janvier 2016.
La lutte contre le terrorisme, la préoccupation majeure des Burkinabè
Malgré toutes les difficultés rencontrées dans le déploiement de ses politiques publiques, le gouvernement a pu, d’une part, « contenir les effets pervers des crises multiples qui ont fragilisé » le pays et, d’autre part, « opérationnaliser les grands engagements du président du Faso », a affirmé dès l’entame de son discours, Christophe Marie Joseph Dabiré, assisté par ses ministres et ses techniciens à l’Hémicycle.
A en croire le chef de l’Exécutif burkinabè, ce sont ces points positifs ci-dessus invoqués qui ont permis au président Roch Marc Christian Kaboré d’être réélu pour « un nouveau contrat social pour les cinq années à venir ».
Abordant la question sécuritaire, la préoccupation du Burkina Faso depuis le renversement du régime de Blaise Compaoré fin octobre 2014, le Premier ministre a été sincère. « L’année 2020 a été pour notre peuple une période difficile sur le plan sécuritaire, du fait de la persistance des attentats meurtriers perpétrés par les groupes armés terroristes », a-t-il reconnu.
Pour y faire face, le gouvernement a poursuivi « « le renforcement des moyens logistiques et matériels de nos Forces de Défense et de Sécurité (FDS), dans le cadre de la loi de programmation militaire 2018-2022 », a-t-il rappelé avant de poursuivre que l’Exécutif a également repositionné les unités combattantes du pays sur le terrain dans le sens « d’améliorer leur occupation du territoire national, tout en travaillant à renforcer leur coordination et leur complémentarité ».
Christophe Dabiré a salué l’apport considérable, dans la lutte antiterroriste, des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) à la suite de l’adoption par l’Assemblée nationale, de la loi portant institution des VDP, le 12 mars 2020. Cela « a favorisé la mobilisation de supplétifs locaux déterminés et engagés pour la défense de leurs terroirs. Leurs actions ont souvent mis à mal les groupes armés terroristes », a-t-il relevé.
Sur le plan de la coopération, le gouvernement compte poursuivre et renforcer ses actions. « Notre coopération dans le cadre du G5-Sahel et de la Coalition pour le Sahel, d’une part, le déploiement du Programme de Sécurisation et de Stabilisation du Sahel (P3S), d’autre part, sont de nature à consolider les résultats de nos efforts », a affirmé M. Dabiré qui s’est dit conscient des dysfonctionnements qui persistent dans le système de sécurité nationale, mais, il a rassuré que son équipe travaillera à les « corriger, dans le souci d’accroître l’efficacité » des unités combattantes sur le terrain.
Lutte contre le terrorisme et cohésion sociale
A côté de l’action militaire de lutte contre le terrorisme pour venir à bout des attaques armées qui endeuillent des militaires, paramilitaires et des civils au Burkina Faso, le gouvernement a aussi agi dans trois directions complémentaires, en vue de renforcer la sécurité et la cohésion sociale.
Des actions menées dans le cadre du Programme d’urgence pour le Sahel élargi et du Programme de développement des économies locales (PADEL), financé à hauteur de plus de 63 milliards FCFA depuis 2017, ont permis de « réaliser des infrastructures économiques, soutenir des promoteurs d’unités de production informelles et apporter des soutiens financiers pour l’inclusion des personnes vulnérables dans les régions à défis sécuritaires », a noté le chef du gouvernement.
De même, de 2017 à 2020, les autorités burkinabè ont investi, à travers le Programme d’Urgence pour le Sahel (PUS) élargi, « environ 242 milliards FCFA, notamment dans la réalisation de forages, de formations sanitaires, d’écoles primaires, de pistes rurales ainsi que dans la construction de commissariats et dans les transferts monétaires aux ménages vulnérables », a ajouté le Premier ministre.
« Notre conviction est que la lutte contre le terrorisme ne saurait être exclusivement militaire. Il nous faut certes gagner les combats au front pour stabiliser et sécuriser le territoire, mais il nous faut surtout gagner la bataille du développement économique et social dans ces zones, pour renforcer le ciment de notre vivre-ensemble », a dit fermement Christophe Dabiré, pour qui, de là, découle la deuxième direction de la lutte contre l’insécurité et le terrorisme, relative aux efforts dans le domaine humanitaire.
La recrudescence et la violence des récentes attaques terroristes dans les régions de l’Est, du Nord et du Sahel qui ont fait plusieurs morts tant du côté des militaires, des VDP et des civils, viennent rappeler à l’Exécutif que « le combat contre le terrorisme est une lutte de longue haleine et que seule », a reconnu M. Dabiré qui appelle à « l’union sacrée » des Burkinabè pour venir à bout du fléau.
« C’est pourquoi, tout en poursuivant le renforcement du maillage du territoire national pour sécuriser nos villes et nos campagnes, j’invite tous les Burkinabè à se mobiliser pour lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent, combattre la stigmatisation et bannir le repli identitaire qui sont sources de conflits meurtriers », a ajouté le chef du gouvernement.
L’épineuse question de la gestion des déplacés internes
Le nombre de Personnes Déplacées Internes (PDI), est « d’environ 1,2 million », a précisé Christophe Marie Joseph Dabiré qui veut, avec le soutien des Partenaires Techniques et Financiers, les ONG et Associations nationales, ainsi que les personnes de bonne volonté, « travailler à améliorer leur prise en charge ».
A travers la troisième direction de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement encourage les mécanismes traditionnels et endogènes de prévention et de gestion des conflits. Cet axe prend en compte notamment la sensibilisation pour freiner l’enrôlement par les groupes armés terroristes » des Burkinabè. « Il n’est un secret pour personne que parmi leurs combattants, figurent aujourd’hui des jeunes burkinabè qui ont pris les armes contre leur patrie », a déclaré le chef du gouvernement qui veut travailler à les « ramener à la maison, grâce à l’action patriotique des leaders d’opinion, des religieux, des coutumiers et autres personnes de ressources de leurs communautés d’origine ».
L’Armée burkinabè a commencé à engranger des victoires
L’adaptation de la stratégie de lutte contre les forces du mal des militaires a porté « incontestablement des résultats positifs en fin 2020 » que le gouvernement apprécie à l’aune « de l’accalmie relative sur le front, du ralentissement des tueries de masse des populations innocentes et du retour de certaines Personnes Déplacées Internes dans leurs terroirs ».
Les autorités doivent ces victoires à « la résilience du peuple burkinabè qui n’a jamais baissé les bras dans cette guerre injuste qui lui a été imposée ». Elles doivent également ces résultats aux FDS et leurs soutiens, notamment les VDP qui se sacrifient sur les théâtres de combats pour la sécurité du pays.
Par Bernard BOUGOUM