Le Syndicat autonome des agents du Trésor du Burkina (SATB) a dénoncé, ce vendredi 20 janvier 2023, au cours d’une conférence de presse à Ouagadougou, la révocation «irrégulière» d’un de ses collègues qui officiait à l’Ambassade du Burkina Faso à Ottawa au Canada. Ces agents ont, à cette occasion, accusé la ministre en charge des Affaires étrangères, Olivia Rouamba, de «gestion partisane» dans ce dossier.
Le Syndicat autonome des agents du Trésor du Burkina (SATB) s’est entretenu, ce vendredi 20 janvier 2023, avec les journalistes, à la Bourse du Travail dans la capitale burkinabè, sur la révocation de Pulchérie Tapsoba/Lagware, Trésorière auprès de l’Ambassade du Burkina Faso à Ottawa. Cette révocation a été décidée au cours du Conseil des ministres du 18 janvier dernier.
Les agents du Trésor du Burkina sont vent debout contre cette révocation de leur collègue, la qualifiant d’ «irrégulière» et qui va, selon eux, à l’encontre des textes régissant une telle procédure. A en croire le SATB, la révocation de Mme Tapsoba est la conséquence d’une «nomination irrégulière», ce qui rend, par conséquent, cette révocation «irrégulière» aussi.
En effet, ces syndicats rappellent que le Conseil des ministres a nommé, le 13 juillet 2022, à la surprise générale, un trésorier auprès de l’Ambassade du Burkina à Ottawa, pour remplacer leur camarade qui y officiait depuis deux ans. «Alors qu’en règle générale, les trésoriers à l’étranger tout comme d’autres personnels des Ambassades, ont une durée de service de cinq ans avant tout remplacement», a souligné le Secrétaire général du SATB, Boukaré Belembaogo.
«Des irrégularités dans la forme et le fond dans la nouvelle nomination»
Les agents du Trésor du Burkina ont aussi dénoncé des «irrégularités dans la forme et le fond» dans la nouvelle nomination qui a prévalu au départ de leur collègue. «Dans la forme, la nomination est intervenue sans passer par les autorités du ministère en charge des Finances qui doivent, selon les textes, en faire la proposition au ministère des Affaires étrangères. La ministre a unilatéralement nommé son comptable au mépris des règles», a expliqué le Secrétaire général Boukaré Belembaogo.
Dans le fond, il est reproché à la trésorière en poste des fautes de gestion pour expliquer cette décision d’écourter sa mission et procéder à son remplacement. La bonne démarche, selon les conférenciers, pour établir la faute de gestion d’un comptable public, «consiste à envoyer une mission d’inspection pour examiner la gestion et produire un rapport pour situer les responsabilités». Mais la décision de révocation de leur camarade a été prise «sans aucune inspection de sa gestion».
Selon la version du SATB, c’est après que l’Autorité supérieur de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) s’est saisie du dossier en fin 2022 et aussi sous la pression de ses membres, que la ministre en charge des Affaires étrangères a diligenté à Ottawa une mission des inspecteurs techniques de son département accompagnés d’un inspecteur de l’Inspection générale des finances.
Mais la ministre n’aura pas laissé cette action aller jusqu’au bout, à en croire les explications des agents du Trésor à la presse. «C’est au moment où nous nous réjouissions que l’affaire sera tranchée objectivement par les rapports attendus des missions d’inspection, que la ministre décide de la révocation de la trésorière en Conseil de ministre le 18 janvier 2023 sans autre forme de procès», a déploré Boukaré Belembaogo. «De quoi a peur cette autorité pour décider ainsi sans attendre les résultats des missions d’inspection dont elle a initiée une d’elle», s’est-il interrogé.
«Une gestion mafieuse de l’affaire»
Les membres du SATB ont ainsi déploré «un comportement regrettable» de la ministre Olivia Rouamba, dénonçant «une gestion mafieuse» de cette affaire. «Il y a clairement un parti pris, elle protège clairement les agents de son département vis-à-vis de ceux qui sont issus d’autres départements», ont-ils accusé.
«Nous avons le sentiment d’être terrorisés par quelqu’un qui se dit avoir le pouvoir», a lâché un autre membre du syndicat, pointant du doigt «un mauvais traitement des agents de façon générale dans les ambassades» du Burkina. «La ministre place ses relations avec la chargée d’affaires au-dessus des intérêts du pays», selon le SG Boukaré Belembaogo.
Le SATB a réaffirmé son attachement au respect des textes et procédures dans la révocation des comptables publics et a exigé qu’aucune sanction ne soit considérée avant la publication des rapports d’inspection effectués à cet effet. Il dit se réserver le droit d’user de toutes les voies possibles pour empêcher «cette gestion partisane et non professionnelle» de ce dossier.
Par Siaka CISSE