Le Mouvement des Patriotes pour la Cohésion Nationale (MPCN), à travers cette tribune transmise à Wakat Séra ce vendredi 7 juillet 2023, voit la nécessité d’implémenter la gouvernance consensuelle dans la Transition du Burkina Faso.
Tribune
Le 09 juillet 2023, un sommet des Chefs d’États de la CEDEAO va traiter la question du retour à un ordinateur constitutionnel au Burkina Faso, au Mali et en Guinée Conakry. Les présidents de ces trois pays avaient convenu d’un accord individuel avec la CEDEAO pour le retour à l’ordre constitutionnel. Spécifiquement la date arrêtée de commun accord concernant le Burkina Faso est juillet 2024. À une année de cette date fatidique, il est raisonnable de reconnaître que la tenue de ce pari sera très difficile, voire irréaliste. Notre pessimisme se fonde sur la réalité du terrain sécuritaire et surtout l’inexistence actuelle du démarrage du long processus devant conduire aux élections à venir. Des élections qui doivent signer la fin avec l’intégration de la fraude d’Etat.
Devant cette situation très complexe pour le Burkina Faso, il est nécessaire de trouver une solution consensuelle à même de garantir la stabilité du pays afin de continuer la reconquête du territoire, l’entreprise de réconciliation nationale, d’assainissement de la gouvernance économique, financière et électorale du pays.
À notre sens, la gouvernance consensuelle (qui si elle n’est pas une demande nouvelle n’a jamais été autant circonstanciée), pourrait être une alternative crédible et efficace pour sortir le Burkina Faso de cette crise sans pareilles et de ses répliques malheurs possibles. Il s’agit pour l’autorité actuelle de travailler à fonder un pacte de gouvernance consensuelle avec les différentes sensibilités et autorités du pays. Ce pacte aura incidemment pour mérite de mieux négocier une sortie de crise avec la CEDEAO tout en créant un large rassemblement dans la gestion du pays. Pour le réussir, il faudrait élaborer de façon consensuelle des dispositions transitoires indexées à la constitution sur la gouvernance du pays.
Nécessité faisant loi, Intégrons la transition dans les dispositions transitoires de la constitution pour une gouvernance consensuelle transitoire, qui permettent plus d’avancements dans la reconquête du pays, dans la réconciliation et les réformes prioritaires.
Les dispositions transitoires dans une constitution ne sont pas à confondre aux dispositions finales de cette dernière. La différenciation entre les deux éléments reposent sur les caractéristiques suivantes: les premières sont temporaires ; elles visent la gestion d’une période réduite dans le temps et qui couvre exclusivement la promulgation de la nouvelle constitution aux renouvellement des organes de l’Etat.
La transition actuelle est faussement constitutionnelle. Arrivée au pouvoir par un coup d’Etat, elle ne devrait pas normalement pouvoir se prévaloir de la constitution.
Par contre en s’aménageant un repaire dans la constitution, à travers quelques dispositions transitoires elle corrigerait l’erreur première et gagnerait véritablement l’onction constitutionnelle.
Elle pourrait même guidée par le souci de mieux finaliser ses engagements au regard des réalités nationales voir plus loin, en prenant exemple sur la constitution de la II république. Celle-ci en effet en raison des querelles intestines de la classe politique, et pour une bonne consolidation des nouvelles institutions avait en quelque sorte réalisé un mariage quinquennal, entre la légalité constitutionnelle et la transition constitutionnelle.
Pour le quinquennat 1970/1975, seuls étaient élus au suffrage universel direct la très grande majorité des députés alors que le président était désigné. Officier le plus ancien dans le grade le plus élevé. Une inspiration qui pourrait ici connaître des adaptations.
Cette période de mise à l’épreuve, de consolidation permettrait avec une gouvernance consensuelle d’éviter des rechutes politiques, d’avancer ensemble dans la reconquête de la cohésion territoriale, sociale et nationale.
Une gouvernance consensuelle à distinguer de la gouvernance unanimitaire, car aucune contrainte, aucune menace ne devrait en conditionner l’acceptation.
La complexité de la situation du Burkina Faso exige plus que jamais un rassemblement de tous les citoyens par-delà les clivages traditionnels. Elle exige que l’autorité n’est qu’une seule priorité, éviter les massacres des populations, empêcher qu’elles meurent de faim. Elle exige pour y faire fasse un large consensus autour de la gouvernance du pays et la claire conscience que ni amour propre, ni prestige personnelle ne devrait nous bloquer devant les concessions à faire pour soulager le peuple de ses malheurs. Cette posture devrait permettre la construction de la stabilité des institutions et ce faisant la possibilité de négocier une dynamique nouvelle avec la CEDEAO et les partenaires bilatéraux et multilatéraux en général.
Mouvement des Patriotes pour la Cohésion Nationale (MPCN)
Christophe OUEDRAOGO
Président