« Notre système fiscal comporte de nombreuses niches fiscales vers lesquelles le Gouvernement peut se retourner pour recouvrer ce dont il a besoin, au lieu de s’en prendre aux revenus des travailleurs ». C’est la position de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) relativement au débat sur l’élargissement de l’IUTS aux indemnités et primes servis aux agents du secteur public.
Depuis le début de l’année 2020, le pouvoir du MPP s’est encore illustré dans sa politique de restriction de l’économie de proximité avec l’extension de l’IUTS sur les indemnités et primes servis aux agents du secteur public, avec des arguments délibérément confus et parfois inexacts, rendant la situation sociale délétère et un mécontentement de la grande majorité des travailleurs. Le samedi 7 mars 2020, les travailleurs des secteurs public et privé, par leur grande mobilisation citoyenne et républicaine, ont montré le rejet quasi unanime de cette mesure prise sans véritable concertation.
Disons-le tout net : dans une période de crise sécuritaire doublée d’une crise économique sans précédent, il ne sied pas de réduire le pouvoir d’achat des ménages. Or, les tenants du pouvoir ont reconnu que les travailleurs du Public, de par la mise en œuvre de la loi, entrainait une baisse de leurs salaires (jusqu’à 10 000 FCFA pour la grande majorité des personnes concernées). A défaut d’augmenter les revenus des travailleurs, il ne faut pas les réduire. C’est une démarche de bon sens.
Payer l’impôt est un devoir pour tout citoyen, et les travailleurs ont réaffirmé à maintes reprises qu’ils n’étaient pas contre ce principe. Le Gouvernement parle d’équité et de justice sociale. La question est moins cette justification que le poids de l’impôt que chaque citoyen est emmené à payer en fonction de ses revenus. Nos concitoyens sont-ils imposés selon leurs capacités contributives ? Est-il juste qu’un instituteur se voit fiscalisé ses indemnités de logements qui lui sont servis parce que l’Etat n’a pas été capable de lui fournir un logement sur son lieu de travail ? Assurément non !
Le pouvoir MPP ne sait en réalité qu’imposer aux agents publics sans se préoccuper de la création de richesse nationale. Chaque fois qu’il a un besoin de ressources financières, les socio-démocrates du MPP n’ont qu’une solution : créer de nouveaux impôts et taxes, au lieu de s’interroger sur les conditions d’élargissement de l’assiette de l’impôt.
Notre système fiscal, que le pouvoir MPP n’a pas eu le courage de réformer dans le sens d’une plus grande justice, comporte de nombreuses niches fiscales vers lesquelles le Gouvernement peut se retourner pour recouvrer ce dont il a besoin, au lieu de s’en prendre aux revenus des travailleurs. Le Gouvernement doit lutter contre la fraude fiscale et mettre les moyens à la disposition des services techniques pour que chaque citoyen paie ses impôts en proportion de ses revenus.
Mais, de par son comportement, le climat social s’est brusquement alourdi et il faut craindre un blocage de l’Administration publique, à un moment où tant de problèmes se posent à nos concitoyens.
L’Union pour le Progrès et le Changement invite impérativement le Gouvernement à ouvrir un dialogue avec les partenaires sociaux. Ce dialogue doit être sincère et avoir, entre autres, à l’ordre du jour, comment rétablir le niveau de revenus des travailleurs impactés par la mise en œuvre de la loi.
Ouagadougou, le 10 mars 2020
Pour le BEC
Le Secrétaire général national
Rabi YAMEOGO