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Burkina: la «réconciliation ne doit, ni ne peut se faire en consacrant l’impunité» (Syndicats)

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L’Unité d’action syndicale (UAS) a, dans une déclaration en date du jeudi 7 juillet 2022, soutenu, en réaction à l’annonce du retour de l’ex-président du Burkina, Blaise Compaoré, que la «réconciliation ne doit, ni ne peut se faire en consacrant l’impunité». Elle appelle donc la justice à «mettre à exécution la décision judiciaire» dans le dossier Thomas Sankara et douze de ses compagnons assassinés le 15 octobre 1987. 

DECLARATION SUR L’ANNONCE DU RETOUR DE BLAISE COMPAORE

Depuis quelques jours et particulièrement depuis le 5 juillet 2022, il est annoncé le retour de Blaise COMPAORE à l’invitation du président Paul-Henri Sandaogo DAMIBA pour ‘’contribuer à rechercher des solutions aux préoccupations du pays’’. Après avoir fait circuler l’information de façon officieuse, les autorités l’ont confirmée le 6 juillet après le conseil des ministres du jour.

A ce propos, il importe de rappeler deux faits essentiels :

  • Blaise COMPAORE a quitté le Burkina suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, exfiltré par l’armée française qui dit l’avoir fait à la demande du président ivoirien, Alassane OUATTARA ;
  • Blaise COMPAORE a été jugé par contumace dans le dossier de l’assassinat de Thomas SANKARA et le tribunal, à l’issue du procès, a :
  • « … Déclaré les accusés COMPAORE Blaise et DIENDERE Gilbert coupables des faits de complicité d’assassinat à eux reprochés ;
  • Condamné COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Hyacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun ;
  • Prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques ;
  • Dit que le Présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale ;
  • Dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Hyacinthe sont maintenus et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale. »

Au regard de ces faits, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) s’étonne qu’un communiqué officiel annonce que « cette rencontre importante pour la vie de la Nation n’entrave pas les poursuites judiciaires (souligné par nous) engagées contre certains ».

Pourquoi le gouvernement choisit-il de parler de poursuites judiciaires alors qu’il s’agit, dans le cas précis de Blaise COMPAORE d’une condamnation judiciaire qui attend d’être exécutée.

L’UAS rappelle qu’elle reste attachée au triptyque « VERITE-JUSTICE-RECONCILIATION ». Cette réconciliation ne doit, ni ne peut se faire en consacrant l’impunité ou en opérant des arrangements entre politiciens. L’expérience de la ‘’journée du pardon’’ du 30 mars 2001 doit servir de leçon pour tous.

L’UAS interpelle la justice afin qu’elle se saisisse de la venue de Blaise COMPAORE pour mettre à exécution la décision judiciaire. Elle demande au président Paul-Henri Sandaogo DAMIBA et au gouvernement de ne pas faire obstacle à l’exécution de la condamnation par la justice. Le contexte de multiplication des attaques terroristes n’autorise pas des agissements qui présentent le risque de dégrader la paix sociale.

Elle appelle ses militant(e)s et sympathisant(e)s, les travailleuses et travailleurs du Burkina à suivre l’évolution de la situation, à rester mobilisés pour la lutte contre l’impunité des crimes économiques et de sang, cette impunité qui compte pour beaucoup dans la situation catastrophique que vit notre pays.

Ouagadougou, le 07 juillet 2022

Ont signé :

Le Président de mois des centrales syndicales   

Olivier Guy OUEDRAOGO

Secrétaire Général/CSB  

Le Président de mois des syndicats autonomes

Alain SOME

Secrétaire Général/SYNTRAPOST