Dans cette tribune signée par le président du parti politique Le Faso Autrement, Ablassé Ouédraogo, il ressort que « le Burkina Faso pourrait sortir de la situation actuelle s’il se dotait d’un régime fort et rigoureux, qui fera régner l’ordre et la discipline, en fait une dictature éclairée, qui placera le développement durable avant la démocratie ».
«La vérité rougit l’œil mais ne le crève pas », avaient coutume de dire nos ancêtres. L’on dit aussi que : « Qui aime bien châtie bien ». Nous sommes patriotes et nous aimons le Burkina Faso. La situation actuelle de notre pays est des plus préoccupantes et nous laisse très peu de sommeil.
D’emblée, il sied de rappeler que nous nous inscrivons dans la Charte de la Transition du 14 octobre 2022 et dans son considérant stipulant « notre attachement aux valeurs d’intégrité, de patriotisme et de justice ». Malheureusement, le Burkina Faso vit aujourd’hui une situation dans laquelle les valeurs sont inversées.
Ainsi, le Burkindlim, jadis pétri dans la probité, l’intégrité, l’honnêteté, le patriotisme, a foutu le camp, chassé par l’argent et le matériel et la course pour se faire de l’argent ici et maintenant. La corruption s’est imposée comme la colonne vertébrale de cette honteuse dynamique.
Dans la pratique de ce sport national, la population jeune, qui représente 75% des 25 millions de Burkinabè que nous sommes, fait la course en tête. Et l’on dit que la jeunesse, c’est l’avenir du pays. Donc, l’on est en droit de se poser des questions sur les directions en préparation pour notre avenir.
Pour faire un peu d’histoire, notre pays, la Haute Volta devenue le Burkina Faso en 1984, a été créée dans ses limites territoriales actuelles par le colonisateur en 1919, démantelée en 1932 et reconstituée en 1947. Le 5 août 1960, la Haute Volta accède à l’indépendance et à la souveraineté nationale et internationale.
En soixante-deux (62) ans d’existence et d’évolution dans la souveraineté, notre pays a vécu, sans discontinuer, des soubresauts qui ont contribué à maintenir les Voltaïques, devenus Burkinabè en 1984, dans la division, la haine, l’exclusion, le mensonge, la démagogie, la violence, le populisme, la manipulation et l’instrumentalisation comme la boussole de la gouvernance.
Les neuf (9) prises de pouvoir par la force enregistrées dans notre pays depuis son indépendance, c’est-à-dire les coups d’état consommés, n’ont certainement pas favorisé la consolidation de l’unité et de la cohésion nationales et la construction d’un Etat Nation.
Ces changements de gouvernance par la force ont bien au contraire installé la division, la haine, la méchanceté, l’intolérance et la violence au sein de toutes les couches sociales du Burkina Faso y inclus l’Armée.
Notre pays a expérimenté à ce jour cinquante (50) ans de gouvernance militaire et seulement douze (12) ans de gouvernance avec des régimes civils démocratiquement élus. Convenons ensemble que le Burkina Faso vit, de nos jours, une crise multidimensionnelle jamais égalée. Celle-ci, qui touche à son existence même, est aggravée par des handicaps majeurs.
Le problème du Burkina Faso est le Burkinabè lui-même, du fait que:
- Celui-ci n’a pas d’éducation et d’instruction adéquates ;
- L’éducation et l’instruction de base minimales ne sont plus assurées à la maison et à l’école.
- Les enfants sont abandonnés à eux-mêmes et aux nouveaux instruments de communications comme la télévision et Internet;
- L’école et l’instruction choisies et développées sont celles des autres, et tout particulièrement des anciens colonisateurs ;
- La jeunesse, dans sa grande majorité, manque d’éducation et d’instruction. En outre, elle ne s’est pas appropriée la culture de nos ancêtres. Elle montre qu’elle est tout simplement impatiente, pressée, inconsciente, très corrompue et adore l’appât du gain facile.
- L’argent et le matériel ont pris la tête de tout le monde. La logique du moment est qu’il faut se faire de l’argent vite, ici et maintenant et quel qu’en soit le prix ;
- La notion de solidarité et d’entraide n’a plus de place dans nos sociétés et plus personne ne pense à personne si bien que la vie est banalisée et ne représente plus rien aux yeux des citoyens. Même la mort est banalisée.
- L’absence d’une personnalité personnelle et individuelle propre n’aide pas du tout. Chacun se réclame être l’autre mais dans une pâle copie. Dans la réalité, personne n’est personne et chacun reste ce qu’il est. D’ailleurs, le Tout Puissant, le créateur de l’humanité, ne produit jamais deux mêmes êtres voire similaires. Et quand bien même ils peuvent se ressembler comme dans le cas de certains jumeaux et jumelles, ils ne sont jamais les mêmes.
- Le choix du système de gouvernance du blanc, du colonisateur, qui s’appelle la démocratie, sans avoir eu la préparation nécessaire, la culture et les moyens appropriés pour en faire une bonne application ou tout au moins avoir une démocratie adaptée, acceptable et acceptée.
- L’adoption du mensonge, de la démagogie, du populisme, de la manipulation, de la haine, de la division et de l’exclusion en lieu et place de la vérité, de la sincérité, de l’amour, de la tolérance, du patriotisme, de la fraternité et de la solidarité agissante pour faciliter le rassemblement, la réconciliation et l’enracinement de l’unité nationale et du vivre ensemble.
- De ce qui précède, reconnaissons que le Burkina Faso pourrait sortir de la situation actuelle s’il se dotait d’un régime fort et rigoureux, qui fera régner l’ordre et la discipline, en fait une dictature éclairée, qui placera le développement durable avant la démocratie.
- Depuis 2015, le terrorisme a pris pied au Burkina Faso. Nous assistons sans une réaction appropriée donnant des résultats rassurants sur le terrain, à l’accélération de la descente aux abîmes de notre cher pays.
Et si rien n’est fait urgemment pour arrêter cette dynamique folle en cours, en acceptant de tout remettre à plat pour repartir du bon pieds, l’histoire risque malheureusement de se répéter et il est à craindre que le Burkina ne vive ce que la Haute Volta a subi en 1932. Que Dieu nous en préserve.
Pour éviter cela, prenons le taureau par les cornes. Ensemble prenons conscience et provoquons un sursaut national. Regardons-nous les yeux dans les yeux dans une concertation nationale inclusive et ouverte dont les conclusions et les décisions serviront de socle à la refondation du Burkina Faso et pour un nouveau départ. Et le Burkinabè sera tout autre et il se comportera autrement.
Somme toute, et au-delà de toute autre considération, restons nous-mêmes, et vivons en vrais Burkinabè, en Hommes intègres sans tâches et baignant dans l’amour, la tolérance, la solidarité, la dignité, l’intégrité, la probité dans une confiance mutuelle.
Pour ce faire, acceptons définitivement que la réconciliation du Burkina Faso avec lui-même et celle des Burkinabè entre eux demeurent un impératif catégorique et incontournable. C’est même un besoin à satisfaire immédiatement.
Ainsi, nous aurons quitté la sphère des trois « M », cette malédiction qui nous habite à savoir, « la Méchanceté, la Médiocrité et la Mesquinerie » et ce faisant, le Burkina Faso nouveau et les Burkinabè d’un nouveau type retrouveront la sérénité et la force adéquates pour rebâtir le havre de paix, de stabilité, de sécurité, de confiance et de bonheur qu’a été la Haute Volta d’antan.
Que Dieu sauve le Burkina Faso !
« Rien n’arrête une idée arrivée à son heure »
Le Président
Dr Ablassé OUEDRAOGO
Commandeur de l’Ordre National