Dans un message de présentation des voeux du nouvel an 2021, le Syndicat national des Travailleurs de l’Education de Base (SYNATEB) estime que « la venue à la « soupe » de l’ex chef de file de l’opposition Zéphirin DIABRE a mis fin aux illusions de ceux qui rêvaient encore d’un changement ».
Camarades militantes et militants, sympathisantes et sympathisants ;
Camarades travailleuses et travailleurs de l’Éducation de Base ;
2020 a été une année très éprouvante pour le peuple burkinabè en général, et pour les travailleurs du public et du privé en particulier. A l’occasion de la fin de cette année difficile et l’avènement de 2021, je voudrais au nom du Bureau National vous souhaiter une bonne et heureuse année. Puisse ce nouvel an vous apporter la santé, la force, le courage et la détermination nécessaires pour relever les nombreux défis qui ne tarderont pas à se présenter en cette année post-électorale.
Camarades,
Sans vouloir doucher votre optimisme, je voudrais vous signifier que 2021 commence au plan international comme s’est achevée 2020. En effet, au plan international, la pandémie de la COVID 19 a mis à nu la crise du système capitaliste impérialiste avec les centaines de milliers de morts dans les pays dits développés (Italie, Espagne, France, Angleterre, États-Unis d’Amérique, Brésil, …) et le dérèglement du système économique mondial. Cette crise sanitaire a révélé à la face du monde les contradictions internes du système capitaliste et son incapacité à résoudre les grandes crises existentielles.
En Afrique, on assiste à la poursuite des agressions terroristes, des velléités de monarchisation de nombreux régimes africains avec les troisièmes mandats contestés et inconstitutionnels de Alassane Ouattara en Côte-d’Ivoire et de Alpha Condé en Guinée, ainsi que la mainmise de l’impérialisme français au Sahel avec la récupération de la révolution du peuple malien par l’armée. La baisse continue du prix des matières premières et la récession économique consécutive à la COVID 19 augurent d’une année 2021 très difficile pour les économies fragiles d’Afrique.
Le contexte politique national, marqué au plan politique par l’organisation au forceps des élections présidentielle et législatives couplées de novembre 2020 et la victoire du MPP et alliés, ne doit pas nous faire oublier les dures épreuves de 2020. Car l’année qui vient de s’écouler a été une année de dures épreuves et de grands combats pour le peuple burkinabè en général et le monde syndical en particulier, en témoignent la mise en place de la coalition des syndicats contre l’impunité et pour les libertés, la suspension massive des salaires des travailleurs en mars 2020 ainsi que le licenciement abusif d’autres. La composition récente du gouvernement, avec la reconduction du premier ministre Christophe Marie Joseph DABIRE et la venue à la « soupe » de l’ex chef de file de l’opposition Zéphirin DIABRE ont mis fin aux illusions de ceux qui rêvaient encore d’un changement à la suite des élections bourgeoises. Nous devons nous convaincre que cette reconduction consacre la continuité de la médiocrité, de la gabegie et de la remise en cause des acquis syndicaux et démocratiques. La crise sécuritaire avec son lot de morts et les centaines de milliers de déplacés internes a monté l’incapacité du pouvoir de trouver des solutions aux préoccupations du peuple burkinabè. A tout cela, il faut ajouter la gestion catastrophique, à la limite criminelle de la pandémie de COVID 19. En effet, le pouvoir MPP et alliés a utilisé la maladie, d’une part, comme fonds de commerce à travers diverses demandes d’aides et de souscriptions avec une gestion opaque voire mafieuse des ressources récoltées et, d’autre part, comme un instrument de coercition des masses à travers l’interdiction des marches et rassemblements des organisations syndicales notamment.
Au plan économique et social, la vie chère reste une réalité dans notre pays. Elle s’est même aggravée avec l’élargissement de l’IUTS aux primes et indemnités du public et l’institution des nouvelles taxes. Cette « sur-taxation » des populations déjà éprouvées par la crise sanitaire du corona virus et les effets de la crise sécuritaire a fini par rendre encore plus misérable notre peuple démuni. Les luttes engagées par le peuple conscient et nos organisations de combats contre la clochardisation du peuple par un pouvoir en manque d’inspiration seront durement réprimées avec l’interdiction des marches, la suspension et coupures illégales des salaires ainsi que le licenciement de travailleurs.
Dans le secteur de l’éducation, la persécution des militants syndicaux et de leurs responsables n’a pas connu d’égal dans l’histoire récente de ce ministère. En effet, l’on a assisté en 2020 à la suspension de salaires de plus de sept cents (700) agents du MENAPLN dont des femmes en congés de maternité. Cette forfaiture n’est toujours pas réparée car la majorité de ces agents, militants du SYNATEB, de la F-SYNTER, du SYNAPAGER et du SYNTAS n’ont pas reçu leur salaire de mars indûment suspendu. Cette situation, associée à la gestion approximative de la crise due à la COVID 19 et les soupçons de malversations financières révélés par la presse (Courrier Confidentiel), montrent clairement les intentions des autorités en charge de l’éducation. Le ministre OUARO et son staff visent la remise en cause totale des acquis obtenus au prix d’énormes sacrifices par les travailleurs de l’éducation et de la recherche. Cette intention s’est précisée avec la suspension des conférences pédagogiques- seul cadre de renforcement de capacités- (que nous avons dénoncé à travers une déclaration), la tentative de remise en cause du trousseau pédagogique, de l’acquisition des ordinateurs pour les travailleurs de l’éducation, les retards des avancements, titularisations, reclassements et bonifications d’échelons ainsi que de certains points importants du statut tels l’examen de reclassement des professeurs certifiés d’écoles et la bonification d’échelons liée audit statut. La crise engendrée par la gestion exécrable du ministère a fini par tuer toute motivation des travailleurs, mettant ainsi à terre notre système éducatif déjà malade.
C’est donc dans un contexte peu reluisant que débute 2021. Seules notre engagement et notre constante mobilisation feront d’elle une année meilleure que la précédente. C’est pourquoi je vous réitère au nom du Bureau National une santé de fer à vous ainsi qu’à vos familles, le succès dans vos activités et dans les luttes à venir, le courage et la clairvoyance pour des victoires certaines en 2021. Je vous invite à vous organiser davantage, à vous mobiliser autour des organisations authentiques de luttes car cette année sera déterminante pour l’avenir des libertés et des conditions de vie des travailleurs et du peuple burkinabè.
Bonne et Heureuse année 2021 à toutes et à tous !
Pour le Pain et la Liberté, la lutte continue !
Pour le Bureau National,
Le Secrétaire Général. Et P/O
Le secrétaire Général Adjoint
Abdoul-Karim BIKIENGA