Le Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion victimes de menaces au Burkina, annonce, dans un communiqué ce vendredi 28 avril 2023, l’arrestation de l’un de leurs membres en la personne de Wendpouire Charles Sawadogo, qui serait accusé de «déstabilisation» contre le pouvoir de Transition.
COMMUNIQUÉ SUR L’ARRESTATION DE L’ACTIVISTE WENDPOUIRE CHARLES SAWADOGO
Le jeudi 27 avril 2023, les autorités ont fait arrêter l’activiste Wendpouire Charles Sawadogo qui avait été convoqué et auditionné par la brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BLCCL). Il lui serait reproché le délit d’intelligence avec l’étranger en vue de destituer le régime en place.
Wendpouire Charles Sawadogo est un des membres de notre collectif qui regroupe des victimes ayant été la cible directement et individuellement de nombreuses menaces de mort et de violences pour le simple fait d’avoir une opinion contraire aux désidératas du pouvoir et ses thuriféraires. Les membres du collectif vivent dans l’angoisse quotidienne et subissent l’acharnement, la répression et le harcèlement à travers des filatures régulières, la mise sur écoutes des téléphones, les insultes, la diffamation, la calomnie et les atteintes diverses etc.
Nous sommes dans un contexte d’hostilité où les violences et la violation des libertés et surtout le ciblage de tous ceux qui portent une opinion critique et discordante sont la règle. Nous ne sommes point surpris de cette arrestation grossière d’un de nos membres et de surcroît de l’accusation monstrueuse de déstabilisation dont il fait l’objet. En attendant de voir très rapidement les preuves de ce supposé complot, s’il en existait, on ne peut s’empêcher de dire que tout cela comporte les relents d’une cabale montée de toutes pièces pour mettre sous éteignoir un activiste qui dérange.
Wendpouire avait publié des alertes sur le drame de Karma où plus de 136 civils dont des femmes et des enfants (cf. communiqué du CISC) ont été massacrés le 20 avril dernier. Il avait déjà été accusé d’être de connivence avec Mathieu Pellerin un chercheur de Crisis Group en activité au Burkina Faso. Il avait été également été auditionné par la sûreté de l’Etat pour ses alertes ; à l’occasion il s’était vu interdire formellement de publier désormais des alertes.
Le Collectif demande à nouveau aux autorités de cesser cette traque des journalistes, activistes et leaders d’opinion qui ne font qu’user de leur droit constitutionnel et démocratique pour s’exprimer sur les affaires du pays comme l’Etat de droit le garantit et l’autorise.
En conséquence le Collectif :
– exige la remise en liberté sans délais de M. Wendpouire Charles Sawadogo qui pourrait répondre de faits qui lui sont reprochés dans les règles devant le juge, si ce dernier en trouvait la nécessité, sans besoin d’être embastillé comme il l’est ;
– encourage tous ses membres et tous les démocrates à ne pas baisser les bras ni reculer devant leur conviction afin que les principes sacrés de l’Etat de droit soient préservés de toute remise en cause pouvant entraîner le basculement de notre pays dans la dictature et l’arbitraire ;
– tiendra pour responsable les autorités de la transition de tout ce qui pourrait advenir sur la personne physique des leaders d’opinion, mais aussi sur la paix et la cohésion sociale relativement à ces tentatives d’arrestations, celles déjà opérées et à venir sur fond d’arbitraire et de règlements de comptes;
– met en garde contre les projets en cours d’arrestations de journalistes, d’activistes et de leaders d’opinion inscrits sur une liste noire dont il a pris connaissance.
Fait à Ouagadougou le 28 avril 2023
Pour le Collectif
Le porte-parole
Dr Arouna Louré