«Le Balai citoyen», une organisation de la société civile burkinabè, a «blâmé», ce jeudi 23 mai 2019, lors d’une conférence de presse, à Ouagadougou, le pouvoir actuel pour avoir échoué dans sa gestion de la fronde sociale. Sur l’affaire de la forêt de Kua dans la commune de Bobo-Dioulasso, le mouvement «s’oppose énergiquement» à la volonté du gouvernement de vouloir construire un hôpital de référence sur au moins 16 hectares de cet espace.
Accusé de mutisme depuis l’arrivée au pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le Balai citoyen a animé sa première conférence de presse de l’année 2019, à son siège à Wayalghin, Est de la capitale burkinabè. Au menu, plusieurs sujets dont l’épineuse question de l’insécurité se caractérisant par des attaques terroristes qui deviennent de plus en plus meurtrières depuis la fin de l’année 2018. Cette année, le terrorisme a fait «encore plus de victimes» avec l’apparition de nouvelles stratégies s’illustrant par des assassinats ciblés de leaders communautaires (coutumiers et religieux), de maires, de conseillers, de fidèles chrétiens, etc. De même, des lieux de culte ont été visés pour la première fois au Burkina. C’est le constat fait par le mouvement qui a fortement contribué à la chute de Blaise Compaoré, fin octobre 2014.
En dépit des pertes en vies humaines que le Burkina continue d’enregistrer, le Balai citoyen estime que «les Burkinabè résistent et sont résilients face à la barbarie des terroristes». C’est pourquoi son porte-parole, Serges Bambara dit Smockey, a salué les opérations militaires initiées dans ce sens pour freiner l’avancée de l’hydre terroriste. Toutefois, il a rappelé que toutes ces actions doivent être menées dans le «respect des droits humains», car ce n’est qu’ainsi que la lutte sera gagnée.
Par ailleurs, de l’avis du Balai citoyen, les fronts sociaux ouverts en 2016 ont un dénominateur commun. «Il s’agit de grèves pour l’application de textes déjà adoptés ou pour la mise en œuvre de protocoles d’accord adoptés de commun accord entre le gouvernement et les syndicats». Pour le Balai citoyen, ces débrayages tous azimuts révèlent tout simplement un problème de gouvernance globale qui caractérise le pouvoir de Roch Kaboré et de la majorité présidentielle menée par le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)». Pour faire baisser le mercure social, le gouvernement avait créé le Haut conseil pour le dialogue social (HCDS) et convoqué des assises nationales sur le système de rémunération des agents publics. A ce jour, le HCDS et les assises ont tous été des «flops qui n’ont eu d’autres effets que de grever davantage le budget de l’Etat», s’est plaint Smockey qui est parvenu à la conclusion que la gestion de la crise au ministère de l’Economie, à la Justice, à l’Education, à la Santé et dans tous les autres corps de métiers est «scandaleuse».
Pour ce qui est de la polémique née de l’annonce de la construction d’un centre moderne de santé dans la capitale économique du Burkina, le Balai citoyen dit s’opposer énergiquement au projet de déclassement partiel de la forêt de Kua dans la commune de Bobo-Dioulasso. «Porter atteinte de cette façon à l’environnement constitue un crime et un parjure de notre Constitution qui sacralise l’environnement dans un préambule», a conclu le rappeur burkinabè, Smockey.
Par Bernard BOUGOUM