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Burkina: le CISC dénonce «des enlèvements et exécutions extra-judiciaires»

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Des membres du CISC, le SG Daouda Diallo au milieu

Les membres du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) ont dénoncé, le vendredi 27 mai 2022 face à la presse à Ouagadougou, «des enlèvements» suivis «d’exécutions extra-judiciaires» commis, selon eux, par les Forces de défense et de sécurité (FDS), dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.

Le secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), Dr Daouda Diallo,  qui a félicité les Forces de défense et de sécurité pour «leur résistance héroïque à Bourzanga, le 21 mai 2022», face à l’attaque armée contre le détachement militaire de la localité, n’a pas manqué de dénoncer, par ailleurs, «la persistance des exécutions sommaires et extra-judiciaires, les enlèvements et disparitions» commis par ceux-ci. Il dit avoir documenté, de janvier 2022 à nos jours, «plus d’une centaine de cas d’enlèvement et de disparitions forcées».

Dr Dialllo et ses camarades expriment donc, face à la presse, leurs inquiétudes face à ces actes de violation des droits de l’Homme. Selon lui, les différents enlèvements que commettent les FDS, «se font dans des marchés, à domicile, sur des axes routiers et même sur des sites de distributions de vivres aux personnes déplacées internes». «Ces civiles enlevés et sans défense, donc ne représentant a priori aucun danger pour la vie de ceux qui les ont arrêtés, sont pourtant systématiquement exécutés et jetés dans la brousse à la merci des charognards», a-t-il fait savoir.

Une situation sécuritaire dégradante de jour en jour

Le CISC cite en exemple l’enlèvement de «huit personnes», le 18 mars 2022 à Fada (Est); la tuerie de «18 civiles» à Djibo (Sahel) le 21 avril 2022 par «des éléments présentés comme des VDP (Volontaire pour la défense de la Patrie) habillés en treillis militaire burkinabè, … avec la complicité du chef du détachement militaire de Djibo»; la tuerie, le 22 avril 2022 à Gorom-Gorom (Sahel), de «plus de 80 civils lors de l’opération militaire conduite par l’Armée burkinabè»; les «arrestations sur fond de délit de faciès suivies d’exécution de 14 civils», le 7 février 2022 dans la Kossi (Boucle du Mouhoun). Il évoque également la mort de «deux Burkinabè» «dans des locaux de la gendarmerie dans des conditions très suspectes», au cours du mois de mai 2022.

L’espoir suscité par les premiers discours des nouvelles autorités, en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme et la volonté de venir à bout du terrorisme, s’est estompé car, selon le premier responsable du CISC, «quatre mois après (leur) arrivée au pouvoir, la situation sécuritaire ne cesse de se dégrader au fil des jours et le quotidien des Burkinabè est plus que jamais catastrophique». «Les attaques se poursuivent et même s’intensifient», a dit le Dr Daouda Diallo.

«Les Comités locaux de dialogue pourrait permettre de réduire significativement la violence armée»

Pour ce qui est du dialogue avec ceux qui ont pris les armes contre leur pays, le CISC trouve le discours officiel sur le sujet «assez flou». «Tout en invitant les leaders communautaires à s’impliquer pleinement pour la réussite du dialogue, le gouvernement soutient qu’il ne négocie pas. Aussi, il soutient que l’initiative est venue des GAT (Groupe armés terroristes). Comment rassurer avec un tel discours ambigu ?», s’interroge Dr Diallo.

Il estime que «si le processus est bien conduit avec la transparence et la volonté politique requise, la mise en place des Comités locaux de dialogue pourrait permettre de réduire significativement la violence armée au Burkina Faso et ainsi offrir des opportunités de retour dans la République pour des jeunes abusivement enrôlés».

Selon le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés, pour sortir le Burkina Faso de sa situation peu enviable, il faut «faire la lumière sur les dossiers de crimes de masse comme Yirgou, Banh-Kanin, Tawalbougou, Barga et le Yagha»; arrêter «immédiatement» les exactions multiformes; «la vérité et la justice pour toutes les victimes du terrorisme et de la lutte contre le terrorisme; l’effectivité sans faux-fuyant de la lutte contre les discours haineux et la stigmatisation des communautés; le recensement des intérêts économiques et commerciaux accumulés par certains éléments des FDS et VDP à l’occasion de cette crise et la vérification de leur modes d’acquisition».

Par Daouda ZONGO