Le secrétaire général de Burkinabè Unis pour la Transformation Sociale (BUTS), Abdoulaye Barry a soutenu, dans son discours au cours du lancement de leur association, ce samedi 30 juillet 2022, que « le médecin spécialiste » qui est actuellement à la tête du Burkina « s’est révélé pire que le généraliste qu’il a remplacé », parlant du lieutenant-colonel Paul Henri Damiba.
Appel à la mise en place de la convergence des Forces patriotiques pour la survie (CPS) de la Nation !
Dans notre Afrique authentique, les jeunes de mon âge, ne peuvent prendre la parole, surtout en public, qu’à la seule condition d’avoir reçu une autorisation préalable des ainés.
Je voudrais donc, en cette circonstance solennelle, demander humblement aux ainés l’autorisation de prendre la parole, devant ce public ici-présent, tant mobilisé pour honorer de sa présence si significative cet événement d’une singulière portée historique pour la mère patrie, qui connaît, vous en conviendrez, des défis existentiels d’une immensité sans précédent dans l’histoire de notre pays.
Madame la coordinatrice, de notre dynamique citoyenne, dans leur cheminement, les humains laissent des traces qui construisent leur réputation.
De la révolution d’août 1983 à nos jours en passant par les Nations Unies et deux gouvernements du Président Kaboré, vous avez laissé l’image d’une femme de conviction, une femme de rigueur, de méthode, d’engagement vrai, une grande travailleuse devant l’éternel, bref une réformiste au sens noble du terme, comme me disait un jour un ami aux Nations Unies alors que je n’avais pas encore eu la chance de vous approcher.
Croyez-moi il ne s’agira pas de flagornerie, comme cela est courant sous nos tropiques, loin s’en faut, arrière petit fils d’un Emir, en l’occurrence, Sékou Amadou, fondateur de la Diina ou l’empire du Macina, celui que vous avez en face de vous n’a pas l’habitude de chanter les louanges.
Mais incontestablement vous avez convaincu plus d’un à l’occasion de votre passage en responsabilité. C’est pour cela que tout naturellement vous êtes la première responsable de ce projet que nous avons ensemble, vous et nous imaginé, construit et que nous portons aujourd’hui sur les fonts baptismaux.
En cette période d’incertitude et de doute sur ce qui a fondé notre identité « l’intégrité » par vos qualités vous êtes à même de nous réconcilier avec ce qui faisait, il n’y a pas si longtemps notre fierté; le respect que nous inspirions auprès des autres peuples frères en Afrique et à travers le monde. Hélas aujourd’hui le Burkina Faso est devenu un objet de risée mondiale, les Burkinabè ne sont plus des modèles de fierté et de courage à travers le monde, ils suscitent même sous cape, la compassion si ce n’est la commisération de ceux qui nous adulaient hier encore.
Le pays de Thomas Sankara, s’effondre et fait pitié. Le peuple Burkinabè au rythme du Ditanyè, l’hymne de la victoire, attend inlassablement cette seule nuit qui déclenchera sa marche triomphale vers l’horizon du bonheur, cette seule nuit qui réconciliera notre peuple avec lui-même et les autres peuples du monde, à la conquête de la liberté et du progrès au cri de la patrie ou la mort nous vaincrons.
Mesdames, messieurs distingués invités
Mon émotion est grande, en ces instants où je vous parle, car ayant à l’esprit l’immense gravité du moment, où les intempéries qui ébranlent depuis 7 ans le Burkina Faso ont atteint un seuil critique, les poutres qui soutiennent la nation continuent de céder les unes après les autres, la lente descente aux enfers s’accélère, chaque jour un peu plus, les points d’appuis se raréfient, Bref l’existence du Burkina Faso en tant qu’État est fortement menacée.
Que les tintamarres de Ouagadougou ne nous le fassent pas oublier, un seul instant : A l’heure où je vous parle, plus de 2 millions d’âmes innocentes, sont sans abris, exposés, à l’errance sans destination précise, à la faim et à la soif.
Imaginons leur souffrance en cette saison des pluies, sans toit, sans nourriture, sans couverture, privés de tout et même d’espoir. Des milliers d’écoles ont fermé et continuent de fermer leurs portes, exposant des centaines de milliers d’enfants à tous les grands fléaux de notre époque : drogue, grand banditisme, terrorisme et j’en passe…. Comme disait Norbert Zongo de façon prémonitoire ; ce sont ces enfants sans avenir que nous refusons de voir en montant les vitres de vos voitures qui seront les terroristes de demain qui viendront avec des kalach nous sortir de nos bunkers douillets.
A cet instant précis, je pense à ce soldat en faction, qui côtoie la mort chaque jour pour protéger nos vies, je pense à sa femme qui ne cesse, de visualiser le film de son propre veuvage parce que son mari peut ne pas revenir à l’image de ces braves soldats morts sur le champ de l’honneur pour défendre la patrie, je pense à ses enfants qui scrutent douloureusement dans le silence la probable perspective d’une vie d’orphelin, dans un pays où même ceux qui ont les deux parents peinent à s’en sortir. Tout simplement parce que depuis plus de 60 ans, ( à l’exception de la brève parenthèse Thomas Sankara) tout change pour que rien ne change ; des militaires très incompétents et des civils très irresponsables se succèdent par effraction au sommet de l’État et trahissent leur serment une fois confortablement installés dans la fonction suprême.
A ce soldat en faction qui côtoie quotidiennement la mort, à ce paysan déplacé interne dans son propre pays qui n’a plus de champs ni de troupeaux, je dis mon admiration et ma compassion. Je voudrai témoigner à l’ensemble des forces de défense et de sécurité notre indéfectible soutien et vous assurer que très Bientôt sonnera l’heure de la victoire. Ya sid ti ka nana ye la toigne teka me, segden tekame, na tekame, teksoongo, la boom ka na yiyé.
Oui la situation dramatique du Burkina Faso peut changer, elle doit changer et elle changera de gré ou de force, convaincu que ce pays regorge encore de grands patriotes qui ont le sens de l’honneur et de la dignité, qui préfèrent la mort à la honte, saya ka pissa ni maloyaye, plutôt la mort que la honte,
C’est à vous, fiers patriotes, dignes fils et filles de leurs parents, que je m’adresse, la patrie nous appelle, c’est à nous et à nous seuls de faire la gloire de cette nation qui a tant souffert et continue de souffrir durement par notre faute commune. La patrie nous appelle, a ye wouli faso ye, burkin bi yiki yiki tenga gninga, ça peut changer, ça doit changer et ça changera, toigne teka me, segden teka me, na teka me, tek soogo.
La souffrance a trop duré, l’incertitude a trop duré, l’instabilité institutionnelle a trop duré sur cette terre de nos ancêtres
Mesdames et Messieurs,
Depuis son accession à l’indépendance le 5 août 1960, le Burkina Faso, en 62 ans d’indépendance, a connu :
- 4 Républiques, qui ont vacillé entre succession d’Etats d’exception et espoirs d’une réelle démocratisation de la société,
- 10 chefs d’Etat dont un seul, Blaise Compaoré a cumulé 27 ans, seulement trois civils – Maurice Yaméogo, le premier Président, Michel Kafandao le président de la transition et Roch Kaboré, le premier président véritablement élu démocratiquement),
- un président assassiné (Thomas Sankara en 1987),
- deux soulèvements ou insurrections populaires (1966 et 2014),
- 7 coups d’Etats (1974, 1980, 1982, 1983 et 1987, 2015, 2022),
- une seule passation de charge entre un président sortant et un entrant (en 2015), etc.
Ce parcours, émaillé de tumultes témoigne de l’activisme débordant voir excessif des groupuscules politico-militaires pour la conquête, le contrôle et la gestion du pouvoir d’Etat, mais le plus souvent sans vision et sans projet politique réel.
Cependant, même dans les moments les plus désespérés, le Burkina Faso a toujours su s’affirmer comme un modèle singulier d’une volonté collective de vivre libre et digne. Malheureusement ce modèle est en train d’être remis en cause par une culture politique de la prédation et de la patrimonialisation de l’Etat et de ses institutions.
Depuis la fin de la révolution d’août 1983, le Burkina Faso s’est engagé dans un système de libéralisation sauvage au plan politique et économique qui a progressivement détruit les fondements de sa particularité de terre des hommes intègres.
Héritière de toutes les luttes du peuple pour l’honneur et la dignité de la patrie, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a ravivé l’espoir et la volonté collective d’offrir à toutes les filles et fils du Burkina Faso, les meilleures conditions de vivre ensemble et en paix.
Elle aurait dû offrir les mêmes chances et opportunités à toutes les filles et fils du pays de réaliser leurs rêves individuels et collectifs dans une saine compétition.
Malheureusement, la transition politique qui a suivi a été un rendez-vous manqué avec la refondation de l’Etat et la reconstruction d’un nouveau pacte républicain fondés sur les valeurs, les principes et règles qui font tenir ensemble les communautés vivant sur cette terre et qui ont transcendé tant de soubresauts et résisté même à la dislocation du pays voulue par le colonisateur français en 1932.
Cette transition de 2014, mal ficelée avec trop d’obstacles sur son chemin a fait place à un pouvoir élu qui n’a hélas su et pu, répondre aux aspirations profondes du peuple insurgé.
L’avènement de ce pouvoir démocratiquement élu, a été, un autre rendez-vous manqué avec la refondation de l’Etat et la consolidation du contrat social.
Excepté, l’alternance à la tête de l’Etat, c’est pratiquement le même système de gouvernance politique, institutionnelle et économique d’avant l’insurrection qui s’est restauré avant la RESTAURATION.
Ceux qui ont eu la chance du suffrage des Burkinabè ont renoncé à assumer la fonction avec dignité et honneur, courage et détermination, engagement et sacerdoce.
La conséquence c’est une désillusion presque générale et l’accentuation de la désaffection des populations vis-à-vis de la politique et des processus électoraux.
Cette gouvernance, voir ingouvernance, a aggravé le terrorisme et la crise sécuritaire qui frappe le Burkina Faso depuis 2016 avec ces cortèges de morts, de déplacés internes et des conséquences néfastes sur l’Économie.
A l’origine sécuritaire, la crise est devenue mutidimentionnelle. Profitant sans doute de la mal gouvernance et de la faible capacité de réaction des gouvernants et de l’armée, le terrorisme s’est propagé comme un cancer en métastase dans le tissu social et a propagé progressivement son emprise sur presque toutes les régions du pays. Bobo-Ouaga, Ouaga Fada, Ouaga Dori, Ouaga-Ouahigouya.
Face à ce contexte de succession de drames et en l’absence de réponse appropriée, ajoutée à une vaste campagne d’intoxication et de manipulation savamment ourdie par des groupuscules politico-militaires, le processus démocratique a été, une fois de plus, interrompu par des militaires qui ont abandonné le théâtre des opérations de lutte contre le terrorisme pour braquer, en plein jour, le pouvoir politique, dans l’indifférence de la majorité de la population et sous les acclamations d’une partie des citoyens.
Un an seulement après avoir remporté haut les mains les élections présidentielle et législatives, Roch Kabore est renversé par une poignée de militaires dont on ignore encore les hauts faits d’armes dans l’histoire du Burkina Faso. Le pays se retrouve encore une fois dans une nouvelle transition, portée cette fois-ci, par une junte militaire qui tente de légitimer son pouvoir putschiste d’oripeaux constitutionnels.
Nonobstant l’élaboration et l’adoption d’une charte et d’un agenda de la transition, signés à la sauvette à 2 h du matin, une charte profondément revue et taillé à la mesure du MPSR et à la gloire de son chef, le pays s’enlise dangereusement dans la déchéance. La junte au pouvoir s’illustre par son incompétence, le tâtonnement, le manque de vision, le tout assorti d’un sordide plan de réhabilitation, savamment organisé de l’ancien régime de Blaise Compaoré.
L’administration publique se militarise, le territoire national se rétrécit pendant que croit de façon exponentielle le nombre d’attaques, de morts, de déplacés internes, d’écoles et de centres de santé fermés, de veuves et d’orphelins et j’en passe…c’est l’impasse sur tous les plans.
Face à cette guerre innommable que les groupes armés, imposent à notre peuple, sans revendication précise, le nouveau régime se montre incapable d’inverser la tendance de la menace terroriste. Bien au contraire, depuis le 24 janvier 2022, le pays descend chaque jour un peu plus dans les profondeurs des abîmes. Le coup d’Etat a eu un effet accélérateur de la dégradation du front sécuritaire aggravant la situation humanitaire, sociale, politique, économique…
Les médecins du 24 janviers, arrivés en sauveurs, ont répété le même diagnostic et ont reconduit le même traitement en abusant sur la posologie ce qui a eu pour effet une surdose au point d’engager le pronostic vital du grabataire Burkina Faso.
Le médecin spécialiste s’est révélé pire que le généraliste qu’il a remplacé. Urgences des urgences, il nous faut trouver un remède au remède du 24 janvier pour espérer trouver un vrai remède au mal. C’est un passage obligé.
Notre pays, le Burkina Faso est à un tournant gravissime de son histoire. Il est même menacé de toutes parts de s’effondrer. Il est entrain de partir en lambeaux sous la gouvernance aventureuse et désastreuse de la junte au pouvoir.
Rappelant l’attachement viscéral de notre peuple à l’intangibilité de l’intégrité du territoire nationale, l’intangibilité de l’unité nationale, l’inaltérabilité de notre souveraineté nationale, notre mouvement Burkinabè Unis pour la Transformation Sociale juge impératif de mobiliser dans une dynamique inclusive et porteuse de la diversité des composantes sociales, politiques, religieuses, et coutumières pour la survie de la nation.
En ces moments de grande incertitude, nous, lançons un appel pressant à tous les Burkinabè de toutes conditions sociales et toutes obédiences politiques, organisés ou non, à l’intérieur du pays comme de la diaspora, à la mise en place sans délai d’une Convergence des forces patriotiques pour la survie de la nation.
Cette convergence des forces patriotiques rassemblera dans l’urgence :
- les organisations de la société civile engagées et indépendantes ;
- les partis politiques ; ;
- Les syndicats ;
- Les faitières de la diaspora ;
- Tous les patriotes organisés ou non ;
La Convergence des forces patriotiques se fixe pour mission de mobiliser l’ensemble des acteurs à toutes les échelles (nationale, régionale, communale) pour un recadrage de la transition.
Ce recadrage consistera en une mise à plat de la charte et de l’ensemble des organes de la transition.
Il devrait permettre une relecture de la charte pour une meilleure redéfinition d’un nouvel agenda, l’agenda du peuple burkinabè et non celui du MPSR et de ses parrains nationaux et internationaux et favoriser la mise en place de nouvelles institutions légitimes de la transition en lien avec les exigences du contexte sécuritaire.
Plus concrètement cette refonte de la transition impliquera impérativement :
Le départ, avec effet immédiat, de tous les militaires, tout grades confondus au front pour libérer sans délai le pays des pays de cette bande de criminels sans foi ni lois.
La refonte de la charte de la transition implique nécessairement
- La convocation d’assises nationales inclusives de l’ensemble des forces vives véritables de la nation pour redéfinir, valider et adopter une nouvelle charte (avec des organes plus inclusifs et consensuels) ainsi que les grandes orientations stratégiques et les priorités de la transition (la reconquête urgente et impérative du territoire national, le retour des déplacés dans leurs zones respectives et un plan de soutien à leur réinstallation ; la refondation de l’Etat pour stabiliser les institutions républicaines ; l’organisation d’un vrai processus de réconciliation nationale sous la houlette des légitimités nationales ; le retour à l’ordre constitutionnel ) ;
- La révocation du décret augmentant de façon boulimique les salaires du président du Faso, des ministres et le remboursement sans délais du trop perçu ;
La convergence des forces patriotiques exigera:
- une refondation de l’armée nationale autour des valeurs de l’orthodoxie et de l’éthique militaires, des règles et principes fondamentaux régissant une armée républicaine, disciplinée et forte de sa cohésion et de son organisation ;
- la création d’un cadre de mobilisation et de soutien populaire à l’effort de guerre impliquant la création d’un fonds avec des mécanismes de gestion transparente ;
- La feuille de route de la nouvelle transition doit donc reposer essentiellement sur la reconquête du territoire national et les réformes indispensables à un retour à un ordre constitutionnel dans les délais prévus par le sommet de la CEDEAO du 3 juillet dernier, c’est-à-dire au plus tard le 1er juillet 2024.
La convergence des forces patriotique appellera instamment tous les jeunes des partis politiques à se démarquer des causes des amis d’hier devenus des ennemis aujourd’hui et qui ont pris en otage le pays depuis plus de 30 ans.
A toute la vaillante jeunesse du pays aussi bien des villes que des campagnes, la convergence des forces patriotiques lancera un appel au rassemblement pour sauver la patrie en danger et la libérer aussi bien des terroristes que des groupuscules politico-militaires ;`
Pour accomplir ce devoir patriotique, nous appelons toutes les forces suscités à rejoindre, à s’approprier et à porter la convergence des forces patriotiques et ses idéaux pour la patrie.
Cet appel s’adresse aussi aux Burkinabè de la diaspora et à tous les amis du Burkina Faso. Notre pays doit retrouver sa paix d’antan. Cette paix n’est pas au-dessus de ses capacités et de son potentiel. Elle appelle surtout à un renouvellement de l’engagement patriotique face à tous ceux qui nourrissent de sombres desseins de servir des causes étrangères aux fortes aspirations du peuple Burkinabè.
Nous appelons toutes les forces patriotiques à se retrouver le plus rapidement possible pour la signature d’une plateforme commune.
Filles et fils de la patrie des hommes, héritiers de nos dignes ancêtres, le pays nous appelle et nous devons répondre avec fierté, honneur et dignité. Nous avons hérité d’un territoire que nos illustres devanciers ont défendu au prix de la sueur et du sang. Nous avons le devoir de le léguer intact aux générations futures. Cela commence par une transition à la hauteur des défis. Et c’est maintenant qu’il faut agir. Pour que demain ne soit pas trop tard !
C’est à nous de faire la gloire de cette nation,
burkindi Yiki yiki tenga yinga
c’est à nous de faire la gloire de cette nation
La patrie ou la mort nous vaincrons !