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Burkina: le ministre de la Communication recueille les préoccupations des médias en ligne

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Les participants à la rencontre entre les patrons des médias en ligne avec le ministre de la Communication, Ousséni Tamboura (Ph. Wakat Séra)

Le nouveau ministre burkinabè de la Communication et des Relations avec le Parlement, Ousséni Tamboura, a rencontré ce jeudi 21 janvier 2021, les patrons des médias en ligne pour recueillir leurs préoccupations. Des avantages conférés à la carte de presse qui ne sont pas respectés aux problèmes liés à la fiscalité en passant par les demandes de l’augmentation de la subvention publique et des accompagnements de la part des téléphonie mobile pour renforcer l’économie du secteur, les difficultés des professionnels des médias en ligne ont été égrenées au porte-parole du gouvernement, nommé le 10 janvier dernier.

Le nouveau ministre de la Communication qui remplace Rémis Fulgance Dandjinou, a rencontré ce jour dans la salle de réunion du ministère sis dans les bâtiments administratifs, des patrons de médias en ligne en vue de mieux connaître leur secteur et les difficultés qui entravent la bonne marche de leurs entreprises. «c’est une rencontre de prise de contact avec notre ministre de tutelle qui nous a fait l’honneur de nous recevoir pour faire connaissance avec notre secteur, celui des médias en ligne, connaître ses problèmes spécifiques et voir de quelle manière nous pouvons travailler en bonne intelligence pour améliorer les choses », a déclaré à sa sortie d’audience tenue à huis clos, Dr Cyriaque Paré, président de l’Association des éditeurs et des professionnels de la presse en ligne du Burkina.

Il a d’ailleurs profité de l’occasion pour féliciter la nomination de M. Tamboura à qui, lui et ses camarades, ont exposé les problèmes des médias en ligne dont les principaux sont liés à la fiscalité. « Vous savez, l’entreprise de presse n’a pas de fiscalité spécifique alors qu’elle reste quand même une entreprise qui rend un service public. Il y a le problème de l’accès à la manne publicitaire émise par l’Administration publique, il y a la question des avantages de la carte de presse parce qu’ailleurs de façon normale, il y a un certain nombre d’avantages qui sont liés à la carte de presse qui permettent donc aux professionnels d’avoir un certain nombre d’avantages auprès des structures comme le transport, les hôtels, le cinéma et autres. Au Burkina ce n’est pas encore effectif », a affirmé M. Paré.

Le ministre de la Communication, Ousséni Tamboura

« Il y a aussi la question de l’augmentation de la subvention de l’Etat qui peut être reconsidérée. Nous avons aussi demandé que le ministre nous appuie dans un plaidoyer éventuel auprès des promoteurs de téléphonies dont nous sommes des apporteurs de clients par exemple », a-t-il poursuivi, expliquant que  beaucoup de citoyens consomment l’information en ligne qui est accessible gratuitement et qui permet aux opérateurs d’engranger des bénéfices parce que les lecteurs achètent des crédits de téléphone pour pouvoir se connecter sur le net et lire les informations.

Mais les organes de presse en ligne qui produisent ces informations « n’ont pas d’avantages spécifiques liés à cette production. Donc c’est une question que nous avons posée et nous pensons que les opérateurs de téléphonie devraient pouvoir accompagner les médias en ligne dans leur développement économique », a ajouté Cyriaque Paré qui veut juger le ministre sur « le terrain et aux résultats ».

Mais déjà, les patrons des entreprises de presse en ligne disent « apprécier » la démarche de Ousseni Tamboura qui a voulu les écouter de vive voix pour connaître les réalités de leur secteur, les problèmes spécifiques et voir dans quelle mesure il peut les accompagner pour les résoudre. « En tout cas, le ministre a affirmé sa bonne volonté, sa disponibilité à restaurer un dialogue permanent avec nous pour voir comment nous pouvons conjuguer les efforts pour donc permettre de résoudre les problèmes que nous avons posés », a salué M. Paré.

« Et comme il (ministre) a reconnu, il y a des difficultés qui parfois peuvent se résoudre grâce à un dialogue entre les acteurs sans qu’on ait besoin de remonter très haut. Peut-être des approches de plaidoyer qu’il faut enclencher qui permettraient de résoudre un certain nombre de problèmes », a-t-il renchéri.

Dr Cyriaque Paré, président de l’Association des éditeurs et des professionnels de la presse en ligne du Burkina (milieu), avec à droite, Morin Yamongbé, DP de Wakat Séra

L’Association des éditeurs et des professionnels de la presse en ligne du Burkina est une structure née en 2013 et qui regroupe les médias en ligne mais aussi des professionnels du secteur pour permettre de professionnaliser le secteur des organes paraissant en ligne. L’organisation a contribué à mettre sur place la loi sur les médias en ligne qui « aujourd’hui offre un cadre d’exercice à l’entreprise de presse en ligne parce qu’avant ce n’était pas le cas », a rappelé son premier responsable, Dr Cyriaque Paré qui s’est réjoui parce que cela aussi a permis aux médias en ligne de « bénéficier » des subventions publiques et « d’avoir une certaine légitimité ».

« Aujourd’hui, les médias en ligne avec les changements de modes de consommation de l’information qu’on note, sont passés devant la presse écrite en termes d’audience et cela est important. Donc il y a nécessité d’organiser ce secteur pour que certains ne le confondent pas comme on le fait abusivement parfois aux réseaux sociaux », a plaidé M. Paré, insistant que « les médias en ligne sont des médias professionnels qui traitent l’actualité selon les normes professionnelles. Ils collectent et traitent les informations avant de les diffuser ».

Les médias en ligne sont des entreprises de presse qui « fonctionnent avec du personnel qui sont plusieurs dizaines parfois, et qui ont besoin d’exercer dans une certaine sérénité pour pouvoir consolider leurs entreprises », a-t-il soutenu. Comme autres acquis de l’association, « nous participons régulièrement aux activités organisées par le ministère pour le renforcement du secteur des médias de façon générale », a-t-il enchaîné en précisant que l’association compte une quarantaine de membres de nos jours.

Mais des estimations que M. Paré fait personnellement, il y a autour de « 200 médias en ligne » au Burkina qui ont « une vocation plus ou moins professionnelle ». Le porte-parole de la presse en ligne, vu les réalités de ce nouveau secteur de l’information que bon nombre de citoyens ignorent, s’est attardé sur le sujet pour mieux le clarifier.

« Il y en a qui ont accompli la démarche de se faire reconnaître officiellement en ayant un récépissé délivré par les tribunaux mais beaucoup se créent comme ça. C’est un peu ça aussi la nature des médias en ligne à savoir que vous pouvez vous levez le matin créer votre médias en ligne et le soir vous en êtes propriétaire. Mais si vous voulez en faire un média professionnel, il y a un certain nombre de démarches qu’il faut accomplir à savoir utiliser des professionnels de l’information et de la communication pour traiter l’actualité avec toutes ses règles. Ce qui fait qu’il ne faut pas confondre les médias en ligne et les réseaux sociaux », a-t-il martelé.

Par Bernard BOUGOUM