Le ministre burkinabè de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale (MFPTPS), Séni Mahamadou Ouédraogo, a ouvert ce mardi 22 octobre 2019, à Ouagadougou, une rencontre regroupant les responsables du patronat et ceux des syndicats, en vue de la relecture du Code du travail. Le gouvernement se réjouit de cette initiative entre les employeurs et les travailleurs, sur la révision du Code du travail, précisément la loi n°028-2008/AN du 13 mai 2008 comportant des « insuffisances et récriminations », a déclaré M. Ouédraogo.
Ils étaient nombreux, les patrons d’entreprises, responsables syndicaux, représentants du Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS), représentants des ministères notamment du Travail et du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, à participer à la cérémonie d’ouverture des travaux visant la relecture du Code du travail dénoncé par les employés qui le jugent « esclavagiste ». Le patronat et les syndicats se sont réunis aujourd’hui dans un « esprit de partenariat franc, courtois, direct sans médiateur », pour trouver les voies et moyens de parvenir à l’élaboration d’un outil consensuel de régulation des relations professionnelles dans le monde du travail au Burkina Faso, a signifié le deuxième responsable du patronat, Harouna Toguyéni.
« La volonté du gouvernement d’aller au bout du processus de la révision du Code du travail demeure affichée mais nul ne saurait ignorer le contexte sécuritaire préoccupant dans lequel s’ouvre cette rencontre », a affirmé le ministre Séni Ouédraogo. Il a poursuivi que le ministère en charge du Travail qu’il dirige attend avec « beaucoup d’intérêts » les conclusions des travaux dont le calendrier sera bientôt communiqué à l’opinion.
Le Code du travail doit pouvoir consacrer un « équilibre entre la productivité et la compétitivité des entreprises car au-delà des intérêts divergents qu’ils peuvent avoir, ce sont les deux faces (patronat-syndicats) d’une même médaille qui ne peuvent s’ignorer, en étant interdépendants », a reconnu à cette cérémonie d’ouverture, le vice-président du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB), chargé du dialogue social, Harouna Toguyéni qui a prononcé l’allocution du président du patronat, Apollinaire Compaoré.
Le Code du travail, instrument privilégié de gestion des relations professionnelles et de régulation du marché du travail, et l’ensemble de son dispositif d’application sont appelés à s’adapter constamment à la dynamique de l’évolution des réalités socio-économique, politique, technologique et sécuritaire que connait le monde du travail dans chaque pays. Au Burkina Faso, comme dans tous les pays du monde, des réajustements ont été apportés à la réglementation du travail dans un esprit de dialogue en réponse d’une part aux sollicitations des partenaires sociaux notamment sur la nécessité de garantir de meilleures conditions de travail et de productivité, d’autre part des exigences de l’environnement concurrentiel dans lequel évoluent les entreprises.
C’est pourquoi, face aux enjeux que représente la réglementation du travail pour l’environnement des affaires et le souci de maintenir un climat social apaisé au Burkina Faso, pays qui fait face déjà à d’énormes difficultés dont la fronde sociale quasi-permanente, le nouveau bureau du patronat installé en décembre 2018, « a jugé nécessaire de saisir le gouvernement puis les syndicats pour qu’on revienne aux fondamentaux du dialogue social », a indiqué son vice-président Harouna Toguyéni, précisant qu’il y a « près d’une quarantaine de points de désaccords » qui devront être discutés avec les partenaires sociaux.
Le président de l’Unité d’action syndicale, président du mois des syndicats, Bassolma Bazié, a d’abord remercié et adressé toute sa reconnaissance au nouveau bureau du patronat pour son « ouverture d’esprit ». Après avoir souligné l’importance du Code du travail dans un pays comme le Burkina Faso, M. Bazié a rappelé que le Code du travail avait été réformé à Tenkodogo en 2008 par le patronat et les syndicats. C’est à la grande surprise que les syndicats lors de son adoption à l’Assemblée nationale que les syndicats ont constaté que plusieurs pans du document consensuel qui a même été accepté par le gouvernement, ont connu beaucoup de modifications désavantageuses aux travailleurs, a-t-il regretté.
En plus des points qui devront être discutés les jours à venir, les syndicats souhaitent que d’autres points de leurs revendications qui ne sont pas pris en compte, soient ajoutés afin que ce travail soit complet et total. Cette initiative s’il arrive à terme, a conclu Bassolma Bazié, renforcera à n’en pas douter, la démocratie au Burkina.
« C’est parce qu’il y a un problème qu’on doit discuter », a accepté le président du CNPB, Apollinaire Compaoré, se disant « confiant » quant à l’aboutissement de cette reprise de dialogue entre les patrons et leurs employés qui veulent s’accorder sur un instrument légal devant les arbitrer. « Je pense qu’on va trouver la solution parce que c’est obligé qu’on trouve la solution », a rassuré le patron des patrons burkinabè.
Par Bernard BOUGOUM